Un diagnostic qui a tout changé pour la cycliste Simone Boilard
La cycliste Simone Boilard
Photo : Sho-Air TWENTY20
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Récemment opérée pour décoincer une artère dans sa jambe droite, Simone Boilard accueille la longue convalescence qui l'attend avec délivrance. « Je commençais à penser que je ne l’avais juste plus en vélo et que ma carrière allait peut-être s’arrêter là. »
Les mots sont durs venant d’une cycliste d’à peine 20 ans. Surtout dans le cas de Simone Boilard qui semblait destinée à une ascension rapide dans son sport après une médaille de bronze à l’épreuve junior sur route aux mondiaux 2018.
Elle décrit plutôt un calvaire de deux ans durant lesquels ses performances ont piqué du nez sans qu’elle sache pourquoi. En septembre, elle reçoit un diagnostic d’endofibrose iliaque. Le même mal qui avait forcé le fondeur Alex Harvey à passer sous le bistouri, en 2015.
C’est d’ailleurs la même chirurgienne vasculaire qui a opéré Harvey qui a retiré un morceau de huit centimètres de l’artère iliaque de Boilard, mercredi dernier, pour le remplacer par une veine de sa cheville droite.
Une opération de plusieurs heures sous anesthésie générale, à l’hôpital Saint-François d’Assise, de laquelle la jeune athlète de Québec se remettait toujours lundi matin.
L’opération a super bien été selon les médecins. Ils ont vraiment constaté que mon artère était super malade, mais c’est positif.
Simone Boilard (à droite) sur le podium de l'épreuve féminine junior, aux Mondiaux 2018.
Photo : Courtoisie/Rob Jones
La longue quête d’un diagnostic
Positif parce que Simone Boilard en a le cœur net. Elle qui a d'abord cru que le problème se trouvait entre ses deux oreilles, elle sait maintenant hors de tout doute que c’est son corps qui la freinait.
L’histoire a commencé en 2019. Elle se plaignait de ne plus être capable de pousser la machine sur son vélo.
On a cru que j’étais fatiguée, donc j’ai pris une pause. Ça m'a vraiment déprimé parce que je ne comprenais pas ce que j’avais.
L’hypothèse de l’épuisement mental a toutefois dû être écartée, début 2020, en Arizona. Débordante d’enthousiasme d’être de retour sur son vélo avec un nouvel entraîneur réputé, Pierre Hutsebaut, la cycliste a tout de suite senti les mêmes sensations désagréables revenir.
Rendu en mars, c’est lui qui m’a dit que j’avais sûrement un problème mécanique. On avait tout essayé
, relate Boilard. L’intervention de son entraîneur a été comme un déclic pour la jeune athlète qui est vite revenue à la maison pour consulter des spécialistes.
La cycliste Simone Boilard a accordé une entrevue au journaliste Jean-Philippe Martin par visioconférence.
Photo : Radio-Canada
Une condition de plus en plus commune
Malheureusement pour Simone Boilard, son retour à Québec coïncidait avec le début de la pandémie de la COVID-19. Le temps de faire sa quarantaine de 14 jours, les médecins qu’elle espérait consulter avaient tous redirigé leurs tâches vers des besoins plus urgents.
Si elle a finalement reçu son diagnostic d’endofibrose iliaque qu'en septembre, la jeune athlète avait déjà commencé à s’informer sur la condition.
Simone Boilard lors d'un contre-la-montre, en 2018.
Photo : Radio-Canada/Courtoisie
Le Québécois Antoine Duchesne et la championne du monde de vélo de montagne française Pauline Ferrant-Prévot ont notamment reçu ce même diagnostic ces dernières années.
C’est un problème qui arrive de plus en plus fréquemment chez les cyclistes, mais qui n’est pas assez connu. Les symptômes sont durs à identifier
, décrit Simone Boilard.
Rêver à nouveau
Au moment d’entamer une convalescence de quatre à six mois, la jeune athlète assure donc que cette troisième saison de suite à faire du surplace dans sa carrière n'a rien à voir avec les deux dernières.
Je ne suis plus dans un no man’s land. Je suis dans un processus qui, je pense, va fonctionner
, illustre-t-elle.
Après avoir remis en question sa carrière à de nombreuses reprises, depuis deux ans, Simone Boilard voit à nouveau l’horizon. Dans un sport où les championnes du monde sont souvent dans la trentaine, elle a encore beaucoup de temps devant elle. Elle s’inspire de Ferrand-Prévot, redevenue championne du monde après son opération à l’artère iliaque.
J’ai encore de grands rêves en cyclisme. Je ne veux pas que ça s’arrête comme ça. J’ai montré dans mes années junior que je pouvais faire partie des meilleures au monde.
Avec les informations de Jean-Philippe Martin