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Un groupe réclame 5 % de musique autochtone dans les radios commerciales

Des artistes autochtones donnent un concert improvisé.

Plusieurs artistes étaient présents à Montréal pour appuyer la demande de quotas.

Photo : Radio-Canada / Maud Cucchi

Radio-Canada

Des leaders politiques des Premières Nations et des artistes autochtones exigent du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) ainsi que des institutions de la culture du Québec et du Canada l’instauration d’un quota minimal de 5 % de contenu musical autochtone sur les ondes des radios commerciales au pays.

C'est une demande tout à fait légitime, a fait valoir Florent Vollant en conférence de presse, mardi, à Montréal.

On demande d'être écoutés, d'être entendus.

Une citation de Florent Vollant, artiste

En 1990, son ancien groupe Kashtin avait remporté le Félix du microsillon de l'année et du premier disque. Pourtant, du jour au lendemain après la crise d’Oka, le duo innu a pratiquement disparu de la programmation radiophonique privée.

La Décennie internationale des langues autochtones

Consulter le dossier complet

Un tableau noir où est écrit Bienvenue en plusieurs langues autochtones.

On était classés par langues étrangères, se souvient M. Vollant.

Également présent, le chef de la communauté innue de Uashat mak Mani-utenam, Mike McKenzie, a tenu à rappeler que la musique autochtone ne constitue pas une menace pour les musiques francophones et anglophones.

On ne veut pas être calculés dans les pourcentages anglophones et francophones, a déclaré à son tour le musicien Mathieu Mckenzie, du Studio Makusham.

La démarche politique vise aussi à encourager la vocation de nombreux artistes de sa communauté. M. Mckenzie a reconnu les efforts de la radio publique de Radio-Canada de diffuser sa musique face aux radios commerciales, lesquelles, chiffres à l'appui, le boudent, dit-il.

La démarche ne rassemblait pas que l'industrie musicale autochtone. Très ému, l'auteur-compositeur-interprète Émile Bilodeau a témoigné de l'importance de financer les jeunes artistes pour leur permettre de suivre la voie de leurs aînés, et dénoncé une industrie encore trop homogène.

On fait ça pour notre musique et notre culture, mais aussi pour nos langues autochtones, a aussi commenté en fin de présentation l'écrivaine et artiste multidisciplinaire innue Natasha Kanapé Fontaine, tout en rappelant la concordance de cette requête avec la Décennie internationale des langues autochtones.

Si la catégorie musique autochtone ne répond pas à une définition précise – qui peut s'en revendiquer? –, Mathieu Mckenzie dit vouloir aussi défendre les artistes ayant perdu la langue de leurs ancêtres à cause de l'assimilation.

En filigrane, l'appel à un quota spécifique s'inscrit dans une démarche de reconnaissance et de réconciliation, arguent ses défenseurs.

En 2022, le CRTC reconnaissait lui-même qu'il avait un rôle clé à jouer pour contrer les inégalités de longue date dans le système de radiodiffusion.

Dépôt d'un mémoire

Pour appuyer sa demande, le groupe composé d’artistes et de politiciens autochtones reprend la principale recommandation d’une étude désignée comme un mémoire, réalisée au cours de l’été 2022. On y cite entre autres que 94,83 % des répondants au sondage sont d’avis qu’un pourcentage de contenu musical autochtone devrait être imposé aux radios commerciales au Québec et au Canada.

Les auteurs du mémoire ont mené une consultation en ligne en 2022 sur le contenu musical autochtone auprès de 312 personnes, dont plus du tiers est membre d'une communauté autochtone.

La quasi-totalité (99 %) des répondants considère que la musique est importante pour la sauvegarde des langues autochtones.

Bien que l’industrie musicale autochtone soit en plein essor au Canada, la présence de nos artistes dans les radios commerciales reste plus que marginale. Le mémoire que nous dévoilons aujourd’hui démontre à quel point les langues autochtones sont menacées et pourquoi leur sauvegarde est primordiale, a soutenu le chef de Uashat mak Mani-utenam, Mike McKenzie.

Également présent à la conférence de presse, le chef de l'Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador, Ghislain Picard, a assuré qu'il demandera à l’assemblée des chefs d’adopter une résolution pour appuyer la requête de quota qui aurait dû être faite depuis longtemps.

Silence radio

Il n’existe présentement aucune obligation pour les radiodiffuseurs de rendre compte spécifiquement des activités entreprises pour soutenir les peuples autochtones, précise le CRTC.

L'organisme de réglementation et de surveillance médiatique impose aux radios commerciales un quota de 65 % de musique francophone, dont plus de la moitié aux heures de grande écoute, et un quota de 35 % pour la musique canadienne. La musique autochtone étant actuellement comprise dans cette dernière catégorie, il est difficile de chiffrer précisément sa diffusion.

L'Association québécoise de l'industrie du disque (ADISQ) évalue toutefois que la part de musique autochtone représente moins de 1 % du contenu sélectionné, selon le mémoire, une proportion moindre que celle des artistes anglophones au Québec.

Dans sa Politique révisée sur la radio commerciale, publiée en décembre 2022, le CRTC reconnaissait que les radiodiffuseurs commerciaux devaient faire davantage pour soutenir financièrement le développement ou la promotion de contenus autochtones.

Toutefois, le Conseil estime qu’il manque de renseignements importants pour mettre en œuvre des mesures réalisables, quantifiables et significatives à cette fin, ajoutait-on alors.

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