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Des Anishnabeg droits dans leurs bottes face à la minière Agnico Eagle

La communauté de Long Point, située à 100 km au sud-ouest de Val-d’Or, a mis sur pied un plan directeur que les minières voulant opérer sur leur territoire doivent suivre.

Une chargeuse-navette circule avec de la roche dans sa pelle.

Agnico Eagle a récemment fait l'acquisition complète de la mine de Malartic.

Photo : Gracieuseté : Agnico-Eagle/Christian Leduc

Aucune nouvelle entente ne sera signée entre la communauté de Long Point et Agnico Eagle tant que la minière ne se pliera pas aux conditions de dialogue et de négociations des Anishnabeg.

Si les projets vont à l’encontre de ça, on ne va pas les soutenir. Que ce soit Agnico Eagle ou n’importe qui d’autre, indique Steeve Mathias, l’ancien chef de la communauté, nommé aujourd’hui négociateur.

Le plan directeur des Anishnabeg établit trois points phares à respecter pour poser les bonnes bases d’une collaboration entre eux et l’industrie minière : ils veulent mener les processus environnementaux en impliquant la base de la communauté et pas seulement le conseil de bande; ils doivent être certains que le projet proposé protège la Terre Mère; et enfin, le projet doit refléter les intérêts des sept prochaines générations.

Un homme se tient à son bureau, stylo en main, avec un écriteau accroché en arrière de lui, ainsi qu'une plume et un tambour.

Steeve Mathias est le négociateur pour la communauté de Long Point auprès de la minière Agnico Eagle.

Photo : Radio-Canada / Marie-Laure Josselin

Sauf que selon les Anishnabeg, la minière Agnico Eagle ne joue pas le jeu.

L'industrie minière en terre autochtone

Consulter le dossier complet

un tapis fait tomber des roches sur un tas dans une mine

Agnico Eagle est un acteur majeur de l’économie de la région de Val-d’Or. Récemment, elle a acquis l’entièreté de la mine Canadian Malartic et la mine Odyssey. Les deux installations se situent à quelques kilomètres à l’ouest de Val-d’Or. La minière a aussi mis la main sur le projet minier Wasamac.

De la machinerie se trouve dans un secteur déboisé de la forêt.

Wasamac sera normalement situé à l'intersection du rang du Cavalier et de la route 117, près de Rouyn-Noranda.

Photo : Gracieuseté de Yamana Gold

Steeve Mathias rappelle en entrevue que toutes ces mines se trouvent sur le territoire non cédé des Anishnabeg.

On voit qu’Agnico Eagle prend de plus en plus d’ampleur et ça affecte notre territoire. Ils font des présentations un peu partout dans le monde pour rassurer leurs investisseurs et leur disent que nos relations sont bonnes, mais ce n’est pas ça. Ils induisent en erreur leurs investisseurs, dit le négociateur.

L'affiche à l'entrée de la mine Canadian Malartic.

La mine Canadian Malartic est la plus grande mine à ciel ouvert du Canada.

Photo : Radio-Canada / Mélanie Picard

Nous ne cherchons pas la charité

Dans une lettre envoyée la semaine dernière au PDG d’Agnico Eagle, Ammar Al-Joundi, le chef de Long Point, Henry Rodgers, écrit : Je dois vous exprimer ma déception quant à l’approche de votre organisation face aux dirigeants de la Première Nation de Long Point sur les questions de développement économique.

Nous ne cherchons pas la charité, mais bien des moyens de participer collectivement à la vie économique pour générer des flux de trésorerie durables et à long terme qui peuvent générer de la richesse pour nos communautés et nos membres, dit-il encore.

Deux panneaux de rue en forme de canots avec deux noms de rues.

Le territoire des Anishnabeg s'étend au Québec et en Ontario.

Photo : Radio-Canada / Marie-Laure Josselin

L’ancien chef rappelle également que cela fait plus de 40 ans qu’Agnico Eagle extrait des minerais du territoire anishnabe, mais que ce n’est que depuis 2020 qu’elle a commencé à dédommager Long Point.

La plupart des accords que signent les communautés autochtones avec l’industrie minière ou forestière notamment sont des ententes sur les répercussions et les avantages (ERA).

Or, c’est un modèle que la communauté de Long Point ne souhaite plus suivre.

On veut aller au-delà. Les ERA ont une durée de vie et elles se limitent aux emplois, aux opportunités d’affaires et à la formation. Nous voulons participer économiquement au niveau des infrastructures pour que les Anishnabeg puissent éventuellement devenir propriétaires ou cogestionnaires, détaille M. Mathias.

Vue aérienne de la mine et des maisons qui la bordent.

Vue aérienne de la mine de Malartic.

Photo : Canadian Malartic

Le négociateur assure que la communauté ne s’oppose pas à un quelconque développement, mais il va falloir négocier de nouvelles ententes.

Steeve Mathias dénonce aussi un manque de transparence de l’entreprise. Nous avons besoin de savoir ce qu’ils comptent faire les 15-25 prochaines années, poursuit-il.

Aussi, conformément à son plan directeur, Long Point insiste sur le fait que toutes les communautés anishnabeg du secteur soient sur un pied d’égalité.

Pour le moment, Steeve Mathias accuse la minière de continuer à vouloir diviser pour mieux régner.

Il souhaite parler directement au PDG et seulement au PDG. On a beau envoyer des lettres, les gens avec qui on a eu des échanges ne veulent pas comprendre. La semaine passée, ce n’est pas le PDG qui m’a appelé. Je veux parler au PDG comme me l’a demandé le chef Rodgers, appuie M. Mathias.

Contactée par Espaces autochtones, la minière Agnico Eagle a indiqué avoir invité Long Point à une rencontre et qu'elle est favorable à une approche qui serait inclusive et bénéfique pour toutes les communautés anishnabeg touchées par nos activités minières.

Nous pensons que la communauté de Long Point et Agnico Eagle sont sur la même longueur d'onde en ce qui concerne la réconciliation socio-économique, a encore ajouté Natalie Frackleton, la directrice des communications externes chez Agnico Eagle.

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