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Des Premières Nations du Canada interpellent l’ONU sur la sécurité des femmes

Quatre personnes dans une conférence de presse.

Des leaders autochtones du Canada ont indiqué leurs priorités aux médias à l'ONU.

Photo : Radio-Canada / Capture d'écran de la conférence de presse à l'Onu

Les délégués autochtones du Canada n’ont pas mâché leurs mots devant l’Instance permanente des Nations unies sur les premiers peuples à New York cette semaine, et ont demandé d’aller concrètement de l’avant sur les questions de la sécurité des femmes autochtones, de la protection des territoires et des droits fonciers.

Parce que nous ne sommes ni des déchets, ni des ordures, nous méritons d’être valorisées, a lancé la vice-cheffe de la Fédération des nations autochtones souveraines qui représente 74 Premières Nations de la Saskatchewan, Aly Bear, en conférence de presse.

Après avoir rappelé que des corps de femmes autochtones ont été découverts récemment dans des dépotoirs de Winnipeg, Aly Bear a expliqué qu’au Canada, la société continue de cibler les femmes et les filles autochtones.

Elle a alors appelé à la mise en oeuvre des 231 appels à la justice lancés dans le cadre de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (ENFFADA).

Traditionnellement, nos femmes étaient très respectées dans nos communautés, et c’est cette violence coloniale qui nous place au plus bas de la hiérarchie, a-t-elle ajouté.

Elle a aussi demandé aux gouvernements de prendre le problème au sérieux, car ces questions continuent d’être négligées. De plus, a-t-elle assuré, ce n’est pas juste une problématique autochtone, c’est celle de tout le monde!

Elle n'est pas la seule à avoir lancé cet appel. Des représentantes de l’Ontario Native Women's Association (ONWA) ont exhorté le rapporteur spécial des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, José Francisco Calí Tzay, qui s’est rendu au Canada le mois dernier (Nouvelle fenêtre), à recommander dans son rapport final que le Canada mette pleinement en oeuvre les appels à l’action de l’ENFFADA.

Les femmes et les filles autochtones sont en première ligne pour défendre la terre nourricière et nous devons assurer leur sécurité, a déclaré Alana Robert, membre du conseil des jeunes de l'organisation.

L'évaluation finale de la visite du rapporteur spécial et ses recommandations au gouvernement canadien seront présentées dans un rapport écrit au Conseil des droits de l'homme des Nations unies lors de sa 54e session, en septembre 2023.

Tous unis

Des dizaines de délégués des gouvernements et des organisations des Premières Nations, des Inuit et des Métis du Canada sont présents à l’Instance permanente des Nations unies sur les questions autochtones qui se tient jusqu’au 28 avril.

Cette 22e session est placée sous le thème Peuples autochtones, santé humaine, santé planétaire et territoriale et changement climatique : une approche fondée sur les droits.

La secrétaire à l’Intérieur des États-Unis, membre de la nation laguna pueblo, avait d’ailleurs rappelé, lors de l’ouverture de l’Instance, l’importance des femmes autochtones et, donc, de leur protection.

Deb Haaland a expliqué que les femmes et les filles autochtones sont exposées à un risque disproportionné de violence sexiste et pâtissent d’un manque d’accès aux services d’aide et de santé.

Elle a aussi fait le lien entre les femmes et la protection du territoire. Si nous n’autonomisons pas les femmes en tant qu’innovatrices et leaders, nos objectifs climatiques ne pourront pas être atteints, a-t-elle soutenu.

RoseAnne Archibald lors d'une conférence de presse.

La cheffe de l'APN, RoseAnne Archibald

Photo : Radio-Canada

De son côté, la cheffe nationale de l’Assemblée des Premières Nations du Canada, RoseAnne Archibald, a déclaré que les peuples autochtones étaient unis dans une vision commune, indivisible, à savoir des enfants heureux et en bonne santé, entourés […] de leurs familles, vivant dans des communautés sûres et dynamiques.

Et cette vision commence par s’assurer que les femmes et les filles autochtones soient aimées, protégées et traitées avec dignité et respect, a-t-elle précisé.

En tant que Premières Nations à ce forum permanent des Nations unies, nous prenons le micro pour amplifier nos priorités, décoloniser, décarboner et dénoncer le système qui nuit à la Terre mère, à notre langue maternelle et au matriarcat [et qui mine cette Terre mère], a-t-elle déclaré lors de la conférence de presse mercredi.

Territoire

L’ancienne cheffe de bande de Skat'sin te Secwepemc-Neskonlith, Judy Wilson, s’est aussi adressée au forum au nom de l’Assemblée des Premières Nations. Elle a affirmé que les lois provinciales et fédérales ont criminalisé les défenseurs des terres autochtones qui protestent contre l’empiétement des projets d'extraction sur leurs terres face à l'intensification de la concurrence mondiale en matière de ressources et à la crise climatique.

L'économie et la position de leader mondial que le Canada occupe aujourd'hui ne seraient pas possibles sans les richesses tirées des terres et des eaux des Premières Nations, s'est-elle exclamée.

Selon elle, malgré ses engagements, le Canada continue d’enfreindre les principes et les normes de la déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.

La protection du territoire et du caribou a été aussi l'un des enjeux soulevés par les Cris et les Innus du Québec, de concert avec les Samis de Finlande et de Norvège.

La protection du Nitassinan [territoire ancestral] va de pair avec la protection de notre relation millénaire avec atiku [le caribou], la protection de notre culture et le bien-être de nos communautés, a expliqué le chef innu de Uashat mak Mani-utenam, Mike McKenzie.

L’échange entre les Innus, les Cris et les Samis a été très enrichissant, a-t-il poursuivi.

Il est essentiel que les voix autochtones soient non seulement entendues pour apporter des solutions à la table pour le climat, mais qu’on leur donne une place légitime pour les enseigner. Partager notre expérience d’offrir une approche de conservation menée par les Autochtones est si important, et je crois que nous avons tellement plus à apprendre les uns des autres, a dit la grande cheffe du Grand Conseil des Cris Mandy Gull-Masty.

Ottawa a encore du travail à faire

Mardi, le ministre fédéral des Affaires du Nord, Dan Vandal, s’est adressé au forum de l'ONU au nom du Canada. En entrevue à CBC, il a déclaré que le message du gouvernement était très clair.

Les peuples autochtones, les nations autochtones du Canada et du monde entier doivent être engagés en première ligne dans la lutte contre le changement climatique, et nous devons nous débarrasser de la superstructure raciste que nos pays ont entretenue dans leurs relations avec les nations autochtones, a-t-il déclaré.

Il a souligné que le plan du gouvernement fédéral qui vise à mettre en œuvre la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA) au Canada constituait une avancée importante.

Il y a une semaine, le ministre de la Justice du Canada, David Lametti, a admis que la mise en œuvre du projet de loi C-15, devenu après son adoption la Loi concernant la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, est très complexe.

Dan Vandal a reconnu qu’il y avait encore beaucoup de travail à faire et que ça va prendre beaucoup de temps pour bien faire les choses.

Avec la collaboration de Ka’nhehsí:io Deer

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