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Les savoirs autochtones au service de l’IA

Illustration abstraite d'un cerveau.

L'intelligence artificielle développée en collaboration avec les Autochtones pourrait faire en sorte qu'elle soit moins entachée des biais occidentaux à l'encontre des populations minoritaires.

Photo : getty images/istockphoto / http://www.fotogestoeber.de

Une équipe de chercheurs autochtones et non auutochtones travaille à intégrer des connaissances autochtones dans les nouveaux outils d’intelligence artificielle. Une piste qui pourrait aider à sauver les langues autochtones qui sont en danger.

Le projet a obtenu une subvention de près de 23 millions de dollars et va englober plus de 30 chercheurs de plusieurs universités du Canada, des États-Unis et même de Nouvelle-Zélande. Il s’intitule Abundant intelligences: expanding artificial intelligence through indigenous knowledge systems (Intelligences fondées sur l’abondance : élargir la portée de l’intelligence artificielle au moyen des systèmes de savoirs autochtones).

Le projet cherchera notamment à tenir compte des valeurs et des priorités des communautés autochtones. Par exemple, il est possible de penser l’IA sous un angle moins individualiste et explorer des alternatives plus collectives; ou encore de mettre l’emphase sur des valeurs telles que la coopération au lieu de l’optimisation, détaillemt Karim Jerbi, membre associé à l'Institut québécois d’intelligence artificielle (MILA) et professeur de psychologie à l’Université de Montréal (UdM) et Guillaume Dumas, professeur au département de psychiatrie et d’addictologie de l'UdM.

Rappelons que l’idée de savoirs autochtones est très large et dépend de chaque nation.

Pour les Haudenosaunee [les Mohawks, NDLR], cela inclut généralement tous les aspects de notre vie sociale, politique, culturelle et spirituelle, détaille Jackson Tékeniyáhsen Ohkwá:ri (Two Bears), membre de la communauté mohawk de Tyendinaga, en Ontario.

Portrait de Jackson Tékeniyáhsen Ohkwá:ri.

Jackson Tékeniyáhsen Ohkwá:ri fait partie de l'équipe qui pilote ce projet.

Photo : Gracieuseté : Banff center

La Décennie internationale des langues autochtones

Consulter le dossier complet

Un tableau noir où est écrit Bienvenue en plusieurs langues autochtones.

Ce professeur associé et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en recherche et technologie des arts autochtones à l'Université de Lethbridge en Alberta est partie prenante du projet.

Il estime qu’il est essentiel que les Autochtones, qui ont été trop souvent mis à l’écart dans le milieu de la recherche en général, puissent participer à ce programme.

Ce projet est important parce qu'il associe les peuples autochtones à cette conversation sur la façon dont l'intelligence artificielle transformera notre avenir – socialement, culturellement, politiquement et (peut-être) même spirituellement, détaille-t-il.

Pour une IA moins biaisée

Par ailleurs, le fait d’intégrer les Autochtones dans cette recherche va également permettre de lutter contre certains préjugés. Il est bien connu aujourd’hui que l’IA, développée essentiellement par des hommes blancs, de culture occidentale, continue de véhiculer les préjugés conscients ou inconscients de ces mêmes développeurs.

Portrait de Karim Jerbi.

Karim Jerbi croit qu'intégrer les Autochtones peut être bénéfique au développement d'une intelligence artificielle plus inclusive.

Photo : Gracieuseté : Université de Montréal

L'intégration des systèmes de connaissances autochtones dans l'IA est importante, car elle nous permettra [d’élargir] ces cadres conceptuels pour inclure d'autres visions du monde, poursuit M. Tékeniyáhsen Ohkwá:ri. Une idée que soutient d’ailleurs Karim Jerbi.

Ce programme de recherche contribuera au développement d’une IA moins biaisée, et moins sujette aux préjugés que nous observons. Il est important de rappeler que les données utilisées pour entraîner et développer des algorithmes en IA ne sont malheureusement souvent pas représentatives de la diversité de nos sociétés.

Une citation de Karim Jerbi, membre associé à l'Institut québécois d’intelligence artificielle

Dans ce projet, les Autochtones ont une place importante d’après le groupe de chercheurs. En effet, M. Jerbi assure que les membres des communautés autochtones ont mené la conceptualisation du projet et la rédaction de la demande de subvention depuis le tout début. La majorité de l’équipe de recherche est en effet autochtone, de même que les professeurs Jason Lewis (Kanaka Maoli) et Hēmi Whaanga (Māori) qui codirigent ce programme.

Le but est aussi de permettre l’intégration d’Autochtones dans le milieu universitaire et donc de faciliter leur implication dans les différents programmes de développement.

Plus concrètement encore, M. Tékeniyáhsen Ohkwá:ri croit que le développement d’une IA qui tient compte des savoirs autochtones pourra être utilisé à des fins qui servent les communautés.

Il évoque notamment la contribution de l’IA à la revitalisation des langues autochtones. Parce que beaucoup de nos langues sont en danger, il est difficile de trouver des locuteurs qui les parlent couramment et qui peuvent transmettre leurs connaissances. L'IA peut peut-être contribuer à cette tâche, croit le chercheur.

Et qui dit langue autochtone dit aussi vision du monde différente. L'IA pourrait donc se servir de cela pour élargir ses systèmes de pensée et de représentation.

Bientôt des robots qui parlent l'innu-aimun, le cri ou l'inuktitut pourraient donc voir le jour.

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