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Ottawa confie le financement de logements hors réserve à une organisation autochtone

Les Inuit du Labrador sont aux prises avec de nombreux problèmes, dont la pénurie de logements.

Les Inuit du Labrador sont aux prises avec de nombreux problèmes, dont la pénurie de logements.

Photo : La Presse canadienne / Darren Calabrese

Afin d’accélérer le financement des projets d’habitation pour les Autochtones vivant hors réserve, le gouvernement fédéral a annoncé la semaine dernière le versement de 287 millions $ à Logement coopératif national autochtone inc. (NICHI). L’organisation chapeautant une cinquantaine d’organismes autochtones partout au pays espère commencer à distribuer les fonds dès le début de l’automne.

Le processus de distribution priorisera les projets en cours qui présentent un déficit de financement, ceux qui sont prêts à débuter et qui répondent à des besoins en logement qui sont urgents et non comblés, indique Jeff Loucks, PDG de NICHI, qui a commencé ses activités l'hiver dernier.

Les refuges pour itinérants autochtones, les maisons d’hébergement pour femmes violentées ou les résidences pour Inuit venant dans le Sud pour recevoir des traitements font notamment partie des projets ciblés.

Dans son dernier budget, le gouvernement Trudeau s’est engagé à verser 4 milliards $ pour soutenir le logement dans les communautés autochtones et 300 millions $ pour les Autochtones vivant en milieu urbain.

De quoi ravir la coalition menée notamment par M. Loucks, qui milite depuis une dizaine d'années afin que les Autochtones vivant en dehors de leur communauté ne soient pas les derniers servis.

Au Canada, le financement fédéral qui est octroyé aux communautés autochtones ne permet souvent pas de financer des projets en dehors des réserves, note M. Loucks. Il se félicite donc que des fonds soient désormais octroyés spécifiquement aux Autochtones vivant en dehors de leurs communautés respectives.

Des 287 millions $ octroyés par le gouvernement, 5,5 millions $ serviront aux opérations de Logement coopératif national autochtone inc. durant 2 ans. Le reste, soit 281,5 millions $, sera distribué à des organismes autochtones qui cumulent souvent des années d'expérience en matière d'habitation.

Cet Ojibwé de l’Ontario se réjouit aussi que ces sommes soient distribuées par une organisation autochtone.

Une approche "Pour et Par les Autochtones" peut accomplir beaucoup plus que le modèle actuel pour aider nos peuples à s'épanouir.

Une citation de Jeff Loucks, PDG de Logement coopératif national autochtone inc.
Un homme pose pour la photo.

Jeff Loucks, PDG de Logement coopératif national autochtone inc.

Photo : Gracieuseté

En effet, le modèle de financement public traditionnel a tendance à trop favoriser les grandes organisations capables de répondre le plus rapidement aux exigences administratives du gouvernement, selon lui.

Un appel de projets devrait être lancé d’ici la fin du mois d’août, quand le comité consultatif indépendant chargé d’analyser les projets sera mis en place. Les organisations financées devront obligatoirement être dirigées par des Autochtones.

M. Loucks rappelle qu’en vertu des articles 21 et 23 de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, le logement est un droit. Or, malgré des améliorations, au Canada, 1 Autochtone sur 6 vit dans un logement surpeuplé ou ayant besoin de réparations majeures.

Le Québec peu représenté au sein de NICHI

Au Québec, la Société immobilière du Regroupement des centres d'amitié autochtones du Québec (SIRCAAQ) fait partie des organisations qui pourraient recevoir une partie de l’enveloppe fédérale de 281,5 millions $.

On lui doit notamment la construction, à Sept-Îles et à Trois-Rivières, de milieux de vie communautaires pour des étudiants autochtones et leurs familles.

Une enfilade de trois bâtiments en construction dans un boisé.

Une vue aérienne de la résidence Waska Witcihitowin (qui signifie cercle d’entraide) à Trois-Rivières. On y trouve 42 unités d'habitation.

Photo : Gracieuseté

En plus d'une quarantaine de logements allant du studio au 6 ½, on y trouve à chaque fois un CPE, une cuisine collective et des salles de rencontres. Des services pour toute la famille, dont un réseau d'entraide et des services de soutien, sont aussi offerts sur place.

Tout est fait pour soutenir la poursuite des études et la réussite scolaire, souligne Myrian Marotte, directrice des communications du Regroupement des centres d’amitié autochtones du Québec.

Il est souvent plus difficile pour les étudiantes et étudiants autochtones de se trouver un logis en milieu urbain et les difficultés rencontrées les conduisent trop souvent à mettre sur pause, de façon temporaire ou définitive, leurs études avant l’obtention d’un diplôme.

Une citation de Extrait du rapport d'activités du SIRCAAQ

L’organisation basée à Wendake a des projets similaires dans ses cartons à Québec (sur le campus de l’Université Laval) et à Chibougamau qu'elle souhaite faire sortir de terre au cours des prochaines années.

Si l’annonce d’Ottawa est jugée bienvenue, tant les besoins en matière de logement sont grands chez les Autochtones, la SIRCAAQ préfère attendre de voir quels seront les critères d’octroi des fonds de NICHI avant de déposer une demande de financement.

En parallèle à la distribution des 281,5 M$, l’alliance Logement coopératif national autochtone inc. espère convaincre Ottawa de lui confier des fonds supplémentaires. En effet, pour les sept prochaines années, le gouvernement Trudeau a budgété 4 milliards $ pour les Autochtones vivant hors réserve.

L’organisation de Jeff Loucks pourrait donc devenir un joueur majeur qui viendrait concurrencer les conseils de bande dans le financement de projets.

Néanmoins M. Loucks, qui siège au Conseil de bande de la Première Nation d'Hiawatha, préfère y voir une façon de bâtir des ponts. Personnellement, je ne vis pas sur la réserve, mais je n’en suis pas moins un membre de ma communauté, conclut-il.

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