Catastrophes naturelles : ces communautés autochtones qui peinent à s’assurer
Blake Desjarlais, député néo-démocrate de l'Alberta, s'est rendu dans la communauté métisse d'East Prairie pour constater les dégâts.
Photo : Blake Desjarlais
Après un sinistre dû à une catastrophe naturelle vient le casse-tête des assurances. Pour certains Autochtones, l’impossibilité d’y souscrire les laisse encore plus démunis. La question de l'accès à une assurance abordable devient urgente à l’heure où les sinistres liés aux phénomènes de changements climatiques se multiplient, plaident certains.
On a envie de pleurer... il n'y a pas de mots pour exprimer ce que l'on ressent
, partage Ron Bellerose devant les ruines en cendres de sa maison d'East Prairie, dans le nord de l'Alberta. Une douzaine d’habitations comme la sienne ont été rayées de la carte par un feu de forêt. Depuis, le Métis vit dans un hôtel à High Prairie, à environ 35 km de sa communauté.
M. Bellerose ne détenait pas d'assurance pour ses biens, s’étant vu refuser une souscription pour diverses raisons : Ils ont dit que nous n'avions pas de service d'incendie digne de ce nom, que nous étions trop loin de la bouche d'incendie et que les pompiers de High Prairie eux aussi étaient trop éloignés. Le temps qu'ils arrivent, il n'y aurait plus rien à sauver
, partage M. Bellerose.
Le député néo-démocrate de l'Alberta Blake Desjarlais s'est récemment rendu sur place pour témoigner son soutien à la communauté. Cela fait longtemps que les Premières Nations et les Métis ne sont pas assurés
, dénonce-t-il. En 2003, lui-même a été évacué de la communauté métisse de Fishing Lake à cause d'un feu de forêt – une expérience qui l'a traumatisé, enfant.
Au cours des 20 dernières années, certaines communautés autochtones ont été évacuées jusqu’à cinq fois à cause des feux de forêt, indique un rapport fédéral récemment publié.
Les investissements publics devraient encourager la construction d’infrastructures résistantes aux changements climatiques et aux catastrophes naturelles, selon Blake Desjarlais. Le député soutient même l’idée d’un programme d'assurance financé par l'État pour les logements des communautés autochtones.
Nous devons leur offrir les ressources, les outils et le partenariat nécessaires pour mettre en place un programme d'assurance résilient, administré par l'État, qui leur permettra de ne pas être laissés pour compte
, affirme-t-il.
L'acte de propriété, un obstacle
Les difficultés qu’éprouvent les Autochtones à se faire assurer sont notamment liées au fait que les logements appartiennent à la communauté, ce qui complique les démarches lorsqu'il s'agit d'assurer des maisons individuelles. Le Bureau d'assurance du Canada explique que les candidats à une assurance doivent être en mesure de prouver qu'ils sont bel et bien propriétaires et qu'ils présentent une situation financière satisfaisante.
Raymond Supernault, président du Conseil général des établissements métis (Metis Settlement General Council), évoque un autre obstacle : les prix demandés par les assurances sont tout bonnement prohibitifs. La facture peut s'élever jusqu'à 500 $ par mois et par maison, ce qui n'est pas économiquement envisageable pour la communauté, dit-il.
L'essentiel est de rendre [l'accès aux assurances] abordable pour les communautés.
Des discussions sont en cours avec le gouvernement fédéral sur la meilleure façon de couvrir les Premières Nations, en particulier en ce qui concerne les pertes catastrophiques liées aux changements climatiques, partage Craig Stewart, vice-président chargé du changement climatique et des questions fédérales au Bureau d'assurance du Canada.
Les communautés autochtones sont un cas particulier. Elles auront besoin d'une attention particulière
, reconnaît-il.
Un rapport publié récemment sur les risques naturels au Canada prévient que de nombreuses communautés autochtones sont confrontées à des risques accrus de dangers liés aux changements climatiques
, et ce, en raison de divers facteurs, notamment la taille de la communauté, les conditions socioéconomiques, l’accès limité aux ressources de gestion des urgences et les lacunes en matière d’infrastructures
.
Randy Legault-Rankin, porte-parole de Services aux Autochtones Canada, indique de son côté que le ministère travaille avec les communautés des Premières Nations afin de leur fournir les outils nécessaires pour se préparer, prévenir, atténuer et répondre aux catastrophes naturelles telles que les incendies de forêt et les inondations.
Il ajoute que le programme d'aide à la gestion des urgences permet d'aider les Premières Nations à remettre leurs infrastructures et leurs maisons dans l'état où elles se trouvaient avant la catastrophe.
D'après les informations de Julia Wong, CBC