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Racisme dans la santé : l’Ordre des infirmières veut passer aux actes

Une jupe bleue avec l'inscription Justice pour Joyce et le dessin de Joyce Echaquan

L’Ordre des infirmières et des infirmiers du Québec a créé un comité qui aura pour mandat de proposer des actions concrètes pour que les Autochtones soient traités aussi bien que les non-Autochtones.

Photo : Radio-Canada / Marie-Laure Josselin

Les belles paroles ne suffisent plus pour combattre le racisme systémique dans le système de santé au Québec. Du côté de l’Ordre des infirmières et des infirmiers (OIIQ), on a décidé de créer un comité qui aura pour mandat de proposer des actions concrètes pour que les Autochtones soient traités aussi bien que les non-Autochtones.

Ce comité, baptisé groupe de concertation sur l’amélioration des soins aux Premières Nations et Inuit, se compose de cinq membres, dont trois sont issus des communautés autochtones du Québec.

Parmi elles, Kim Picard-Binet, une infirmière clinicienne de Wendake, en banlieue de Québec. La Huronne-Wendat se souvient de la journée où le Québec a réalisé que le racisme teinte encore les relations entre les patients autochtones et le personnel médical : le jour où Joyce Echaquan est décédée à l’hôpital de Joliette sous une pluie d’insultes de la part de ses infirmières.

J’avais regardé cette vidéo le soir avant de me coucher. Je ne comprenais pas trop ce que je voyais. C’est le lendemain que j’ai réalisé. Ma première émotion était la colère. Puis on se demande si, en tant qu’infirmière autochtone, on aurait pu donner un autre tournant à cet événement, dit-elle au bout du fil.

Depuis, Mme Picard-Binet s’est impliquée au sein de l’ordre, notamment pour mener des ateliers de sensibilisation auprès d’élèves et d’étudiants. Quand l’appel à candidatures a été lancé pour chercher des volontaires afin de rejoindre ce nouveau groupe de concertation, elle a tenté sa chance.

Je voulais apporter ma vision, aller plus loin. Je l’ai aussi fait pour ma famille, pour m’assurer qu’il y ait une égalité dans la prise en charge des gens des Premières Nations, explique-t-elle.

En travaillant en sécurisation culturelle, ça m’a fait réaliser que les gens n’ont pas forcément de bases concernant les Premières Nations. Il y a une extrême méconnaissance, ajoute-t-elle.

Selon l’infirmière, Joyce a ébranlé le système de santé au point où les infirmières sont plus sensibilisées, mais il y a encore énormément de racisme.

Carol Dubé devant l'hôpital de Joliette en compagnie d'une photo de la mère de famille, un an après la mort de celle-ci.

Carol Dubé devant l'hôpital de Joliette en compagnie d'une photo de la mère de famille, un an après la mort de celle-ci.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Mme Picard-Binet a déjà réfléchi aux idées qu’elle compte mettre de l’avant lors de la première rencontre de ce groupe de concertation : implanter de nouvelles formations, poursuivre les ateliers de sensibilisation, implanter d’autres agents de liaison autochtones comme cela a été fait à l’hôpital de Joliette, alléger les processus de plainte et leur suivi, etc.

L’autre mandat du groupe sera d’évaluer les retombées des actions qui ont découlé de l’énoncé de position qu’a pris l’OIIQ il y a deux ans. Cet énoncé vise à améliorer les soins aux membres des Premières Nations et aux Inuit. Rappelons que l’OIIQ reconnaît l’existence du racisme systémique dans le milieu de la santé.

Selon le président de l’ordre, Luc Mathieu, la création de ce groupe de concertation est aussi un moyen de faire vivre les positions prises par l’ordre et les inscrire dans la durée.

Il faut, après les mots, passer aux actes.

C’est pas parce qu’on a reconnu le racisme systémique et qu’on a un énoncé de position qu'on peut dire : "check, c’est fait". C’est pour ça qu’on veut l’inscrire dans la durée.

Une citation de Luc Mathieu, président de l'OIIQ
Le président de l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, Luc Mathieu.

Le président de l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, Luc Mathieu.

Photo : Gracieuseté OIIQ

Il a toutefois conscience que les infirmières et infirmiers seuls ne pourront pas résoudre d’un coup de baguette magique tous les problèmes qui touchent les Autochtones dans le système de santé.

Il faudrait que tout le monde mette la main à la pâte. On n’a pas de levier pour obliger les autres ordres à faire quelque chose. Mais nous avons eu des discussions avec le Collège des médecins, par exemple, explique M. Mathieu.

On n’a pas de pouvoir direct sur l’organisation des soins, mais on a un pouvoir d’influence, ajoute-t-il en rappelant que la mort de Joyce Echaquan a donné un coup à la profession, mais aussi à toute la société québécoise.

Le président rappelle également qu’un enseignement adéquat, qui raconte l’histoire des Autochtones, reste indispensable pour que les réalités des communautés soient mieux connues. Si on veut se rapprocher des gens, il faut les connaître, croit-il.

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