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Mashteuiatsh met le paquet pour fournir une éducation signifiante à ses jeunes

Un portrait de Marie-Ève Vanier.

Marie-Ève Vanier est passionnée par son emploi en enseignement, un domaine dans lequel elle peut toujours continuer à apprendre.

Photo : Radio-Canada / Jérôme Gill-Couture

Dans sa jeunesse, Marie-Ève Vanier ne comprenait pas ce que représentait pour elle le fait d'être autochtone. Sa mère ayant perdu son statut en mariant un allochtone avant que la Loi sur les Indiens ne change, en 1985, elle a grandi à Montréal, loin de sa communauté : Mashteuiatsh, au Lac-Saint-Jean.

C'est durant ses études qu'elle s'est rapprochée de plus en plus de son identité. Maintenant enseignante en histoire à l'école Kassinu Mamu de Mashteuiatsh depuis plus de 15 ans, elle contribue à créer des conditions pour fournir un apprentissage significatif à ses élèves, aidée par les nombreux efforts déployés par la communauté pour adapter le programme aux réalités des Pekuakamiulnuatsh, les Innus du Lac-Saint-Jean.

En première secondaire, le programme se penche sur la démocratie athénienne. Nous, à la place, on apprend à nos élèves les méthodes de prise de décisions des Premières Nations, et ça intéresse beaucoup plus nos élèves, explique-t-elle dans sa salle de classe.

En deuxième secondaire, au lieu de parler des territoires des Nations conventionnées, les Cris, les Naskapis et les Inuit, ils parlent plutôt du Nitassinan (territoire traditionnel innu) et de ses particularités.

L'histoire, c'est beaucoup une question de points de vue. Je raconte celui du programme, qui est très européen, mais aussi celui des Premières Nations. J'aime bien utiliser l'humour et l'ironie et je n'ai pas peur d'employer les termes qui étaient utilisés jusqu'à plutôt récemment, explique-t-elle.

Quand je parle des premiers contacts, des échanges qui sont toujours racontés comme si les Autochtones étaient stupides et se faisaient avoir, je peux dire des choses du genre  : "Vous savez, nous les sauvages, on était à moitié tout nus dans le bois. Qu'est-ce qu'on pouvait faire?" Évidemment, ça fait rire, c'est tellement ridicule!

Une citation de Marie-Ève Vanier, enseignante

Journée nationale de la vérité et de la réconciliation

Consulter le dossier complet

A child stands by a wall of "Every Child Matters" artwork during the National Day for Truth and Reconciliation in Ottawa on Sept. 30, 2021. (Sean Kilpatrick/Canadian Press.)

20 % de marge de manœuvre

Depuis plus d'une décennie, Claudie Robertson travaille à la conception de programmes pour les élèves des écoles primaires et secondaires de la communauté.

Au départ, on souhaitait avoir nos propres programmes, mais on s'est vite rendu compte que ce serait extrêmement difficile, surtout pour que nos jeunes puissent avoir leur diplôme, explique-t-elle.

Après vérification, ils ont appris auprès du ministère de l'Éducation qu'ils avaient 20 % de marge de manœuvre pour adapter les enseignements des programmes.

Deux pages d'un programme d'enseignement sur une table.

Depuis plus de dix ans, les Ilnus de Mashteuiatsh produisent du matériel didactique signifiant pour transmettre les connaissances et la culture de cette Première Nation à ses jeunes.

Photo : Radio-Canada / Jérôme Gill-Couture

On a travaillé très fort les dix premières années afin de s'assurer que ce que nous proposions était bien fait. On a essayé des choses, effectué des modifications, mais maintenant, on est bien contents des résultats, surtout dans les matières d'univers social, raconte Claudie Robertson.

La conceptrice de programme souhaite adapter l'entièreté des cours proposés durant le parcours scolaire.

Nos propositions pour le cours de sciences et technologie semblent bien fonctionner pour l'instant : on compare l'efficacité des raquettes traditionnelles contre les raquettes modernes, les pièges anciens et contemporains, etc. On teste aussi des formules en arts et en musique. Nous allons voir ce que ça donne! explique-t-elle.

Semer des graines

Selon Marie-Ève Vanier, les choses ont évolué dans les programmes du ministère depuis qu'elle a commencé à enseigner. L'approche ne reste cependant pas adéquate pour les élèves autochtones ni même pour les allochtones à certains égards.

De plus en plus, des jeunes de la communauté qui vont étudier dans des écoles privées ou publiques de la région reviennent terminer leur parcours chez eux.

En plus de l'adaptation du programme, on fait une sortie en territoire l'automne et l'autre à l'hiver. Les jeunes se sentent vraiment chez eux et peuvent en apprendre plus sur la culture. Des gens de la communauté leur transmettent des savoirs sur la chasse, la trappe, l'artisanat. C'est signifiant, explique l'enseignante.

La façade de l'école secondaire Kassinu Mamu.

Façade de l'école secondaire Kassinu Mamu, qui signifie «tous ensembles» en nelueun.

Photo : Radio-Canada / Jérôme Gill-Couture

Évidemment, on travaille pour qu'ils aient leur diplôme d'études secondaires, mais si on peut semer des graines qui leur permettrent de s'épanouir en tant que Pekuakamiulnuatsh en même temps, ça fait la différence, indique-t-elle.

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