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Mobilisations et commémorations pour la Journée de la vérité et de la réconciliation

Justin Trudeau (à gauche) et la cheffe de la Première Nation crie du lac La Ronge, Tammy Cook-Searson (à droite), à La Ronge, en Saskatchewan, le 30 septembre 2023.

Justin Trudeau (à gauche) et la cheffe de la Première Nation crie du lac La Ronge, Tammy Cook-Searson (à droite), à La Ronge, en Saskatchewan, le 30 septembre 2023.

Photo : La Presse canadienne / Heywood Yu

La Presse canadienne

D’un bout à l’autre du pays, les Canadiens se sont rassemblés samedi pour reconnaître l’oppression systémique des peuples autochtones et pour célébrer la troisième Journée nationale de la vérité et de la réconciliation.

Ce jour férié fédéral sert à reconnaître les abus subis par les Inuit, les membres des Premières Nations et les Métis dans les centaines de pensionnats gérés par l’État et par l’Église.

Lors d’une cérémonie à Ottawa, le chef de la nation algonquine Kitigan Zibi Anishinaabeg, Dylan Whiteduck, a rappelé que les conséquences du système des pensionnats se font encore sentir aujourd’hui, notamment la perte des langues autochtones.

Aujourd’hui, les communautés des Premières Nations ont des objectifs, a-t-il lancé. Nous recherchons la prospérité. Nous voulons un avenir durable. Et nous voulons retrouver nos langues autochtones. Mais malheureusement, nous sommes en mode survie, et c’est inacceptable.

Nous vous demandons de nous aider à atteindre ces objectifs. Travaillons tous à la réconciliation économique et à remodeler ce grand pays. Pas pour aujourd’hui, mais pour les sept prochaines générations.

Une citation de Dylan Whiteduck, chef de la nation algonquine Kitigan Zibi Anishinaabeg

Journée nationale de la vérité et de la réconciliation

Consulter le dossier complet

A child stands by a wall of "Every Child Matters" artwork during the National Day for Truth and Reconciliation in Ottawa on Sept. 30, 2021. (Sean Kilpatrick/Canadian Press.)

De son côté, la gouverneure générale Mary Simon a souligné que même si le Canada a entamé son parcours sur la voie de la réconciliation au cours des dernières années, il lui reste encore beaucoup de travail à faire.

Il est très important de se rappeler que même si nous progressons sur des questions globales, cela n'a pas nécessairement d'impact sur le plan communautaire, a rappelé Mme Simon, qui est la première gouverneure générale issue des Premières Nations.

Mary Simon au micro.

La gouverneure générale Mary Simon lors de son allocution à Ottawa

Photo : La Presse canadienne / Spencer Colby

Des survivants des pensionnats et des dirigeants autochtones faisaient partie de la foule de centaines de personnes qui ont convergé vers la colline du Parlement pour prendre part à cet événement commémoratif.

Thérèse Thelesh Bégin, une survivante innue, a accepté de raconter son histoire sur scène. Après avoir révélé qu'elle n'avait jamais parlé de son expérience dans les pensionnats avec ses parents, elle a affirmé qu'elle veut transmettre un message différent à ses trois enfants et à ses neuf petits-enfants.

Je suis ici pour leur lancer un message d'espoir, a-t-elle soutenu. Je ne veux pas, surtout pas, leur laisser mes blessures et mon passé en héritage : je veux leur laisser quelque chose de bien, soit l'espoir d'un meilleur avenir.

Une banderole rouge avec les noms des enfants qui ne sont pas rentrés chez eux après avoir fréquenté les pensionnats pour Autochtones a été brandie dans la foule, incitant les gens à se lever en signe de respect alors qu’elle se dirigeait vers la scène.

Les participants ont aussi été invités à placer des chaussures sur la scène en guise de symbole pour se souvenir de ces enfants. Il n’a fallu que quelques minutes avant que le devant de la scène soit recouvert de mocassins et d’autres souliers.

Davantage de gestes réclamés

Joanna Bernard prend la parole sur un podium.

La nouvelle cheffe nationale intérimaire de l'Assemblée des Premières Nations, Joanna Bernard, lors de l'assemblée générale de l'organisation à Halifax en juillet 2023.

Photo : La Presse canadienne / Darren Calabrese

Ce jour férié fédéral a été créé en réponse à un des 94 appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation après qu’un appareil radar eut permis de découvrir des tombes anonymes près du site d’un ancien pensionnat dans la banlieue de Kamloops, en Colombie-Britannique.

Il s’agit d’une nouvelle version de la Journée du chandail orange, une initiative populaire lancée en 2013, qui était inspirée de l’histoire de Phyllis Webstad qui, à son arrivée dans un pensionnat, s’était fait retirer le chandail orange que sa grand-mère lui avait offert.

Ce ne sont cependant pas toutes les provinces qui ont fait de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation un jour férié. C'est le cas notamment du Québec, où le premier ministre François Legault a toujours refusé de reconnaître le concept de racisme systémique.

Le 30 septembre n'est pas un jour férié au Manitoba non plus. Le chef néo-démocrate de la province, Wab Kinew, a toutefois promis d'instituer un jour férié si son parti est porté au pouvoir mardi prochain. Le père de M. Kinew est un survivant des pensionnats pour Autochtones.

Des mesures concrètes

La cheffe nationale par intérim de l’Assemblée des Premières Nations, Joanna Bernard, a profité de cette journée pour exhorter le gouvernement à mettre en œuvre le reste des appels à l’action de la Commission.

La réconciliation est un processus continu d’établissement et de maintien de relations respectueuses. Une partie de ce processus consiste à prendre des mesures concrètes pour faire progresser la mise en œuvre des appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation, a souligné Mme Bernard dans un communiqué.

L’Assemblée a dénoncé le fait que seuls 13 appels à l’action ont été lancés jusqu’à présent, dont trois l’année dernière.

En plus de la cérémonie nationale à Ottawa, des activités étaient aussi prévues à Montréal, à Victoria, à Winnipeg et à Toronto, entre autres.

Le premier ministre Justin Trudeau, qui est en Saskatchewan pour souligner cette journée spéciale, a noté que le 30 septembre devrait être l’occasion d’écouter les survivants.

La réconciliation n’est pas la responsabilité des peuples autochtones, mais celle de chacun d’entre nous. Il nous incombe de donner une voix aux Premières Nations, aux Inuit et aux Métis, d’écouter leurs récits et d’en tirer des leçons, a-t-il mentionné dans une déclaration officielle. Si nous voulons bâtir un Canada plus juste, plus équitable et plus inclusif pour les générations à venir, nous devons faire face à la vérité de notre passé.

Vaste mobilisation à Montréal

Une foule brandit des bannières en marchant dans une rue le jour.

Des milliers de personnes ont participé à une marche à Montréal.

Photo : La Presse canadienne / Graham Hughes

Une marée orange a circulé dans les rues de Montréal samedi après-midi à l’occasion d’une marche pour la Journée internationale de la vérité et de la réconciliation.

Des centaines de personnes se sont réunies en début d’après-midi au pied du mont Royal pour ensuite marcher jusqu’à la place du Canada, au centre-ville de la métropole.

Les marcheurs, pour la plupart vêtus d’un chandail orange, se sont rassemblés non seulement pour faire valoir les luttes et les droits des personnes autochtones mais aussi pour honorer la mémoire des victimes des pensionnats pour Autochtones.

Le son des tambours pouvait être entendu lors de la marche et on pouvait lire Every child matters (chaque enfant compte) sur des pancartes brandies au-dessus de la foule.

J’espère que le grand public comprendra que nous sommes ici pour parler d’une période horrible de l’histoire du Canada […], de la façon dont le Canada a traité les personnes autochtones. C’est une période sombre que nous avons traversée, et si nous n’apprenons pas notre passé, nous allons le répéter, a affirmé Ann Deer, membre du conseil d’administration de Résilience Montréal, qui a organisé la marche avec le Foyer pour femmes autochtones de Montréal.

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