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CBC/Radio-Canada dévoile sa stratégie nationale autochtone

Le diffuseur public crée un bureau autochtone pour la mise en œuvre de sa stratégie.

Des gens marchent dans l'ombre du logo de Radio-Canada.

CBC/Radio-Canada a présenté le 5 février sa nouvelle stratégie nationale autochtone.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Accroître l'accès des Autochtones à des emplois et à des postes de direction, intégrer davantage de fournisseurs issus des premiers peuples et renforcer les partenariats avec des organismes dirigés par des personnes autochtones : tels sont quelques-uns des 49 objectifs de la stratégie nationale autochtone 2024-2027 annoncée lundi par la société d'État. Par ailleurs, un bureau autochtone sera chargé de superviser sa mise en œuvre.

Le dévoilement, qui a eu lieu au Musée canadien pour les droits de la personne à Winnipeg, au Manitoba, s’est déroulé lors d'une cérémonie au ton solennel, mais positif. Animé par l'animatrice Melissa Mollen Dupuis (innue) et le journaliste Nic Maloney (wolastoqey), l'événement a laissé la parole aux aînés, aux militants, aux chefs, aux politiciens et aux artistes autochtones.

Pendant plus de deux heures, une dizaine de personnes se sont succédé sur la scène pour partager leurs histoires, leurs souvenirs, leurs traditions, et ce, principalement dans leur langue. Un panel de discussion entre journalistes autochtones était également au programme.

Des gens posent pour la photo.

Différents intervenants autochtones participant à l'évènement.

Photo : Gindalee Ouskun

Les médias canadiens ont une grosse responsabilité. Ils doivent parler aux autres de notre histoire, des traumatismes que nous avons vécus et de ce que ce pays nous a fait vivre. [...] Mais ils doivent aussi reconnaître que nous ne sommes pas juste des histoires de traumatismes. Il faut parler des histoires plus positives, des bons coups dans les communautés.

Une citation de Meagan Fidler, première réalisatrice à CBC Indigenous

Quant à la présidente-directrice générale de CBC/Radio-Canada, Catherine Tait, elle a prononcé un discours dans lequel elle a déclaré que le diffuseur public commandera une étude sur sa couverture passée pour analyser sa représentation des Inuit, des Métis et des Premières Nations.

Il y aura une révision des 80 dernières années de nos archives pour mieux comprendre notre représentation des Autochtones. Nous aurons des recommandations pour avoir des histoires qui soient plus inclusives à raconter à l'avenir. Nous allons également créer plus de place pour avoir plus de voix autochtones, a-t-elle précisé.

Une étape importante

Créée dans le but de « tisser des liens » avec les Premières Nations, les Métis et les Inuit, la stratégie constitue une « étape importante » afin de permettre une « meilleure inclusion et représentation » des Autochtones, mais également pour « faire progresser la vérité et la réconciliation », souligne le diffuseur public dans un document officiel.

Intitulée Tisser des liens, œuvrer ensemble, la stratégie devrait d'abord se refléter dans les contenus journalistiques. Parmi les objectifs fixés, CBC/Radio-Canada compte accroître l'accès des Autochtones à des emplois et à des postes de direction, créer du contenu sans préjudice, encourager l’utilisation des langues autochtones et harmoniser son contenu autochtone sur ses diverses plateformes.

Des personnes portent des écouteurs et sont dans un studio de radio.

Des élèves et la première réalisatrice de CBC Salome Avva animent une émission de radio en direct, en inuktitut, à Puvirnituq, un village d’environ 2000 habitants au Nunavik. (Photo d'archives)

Photo : CBC/Nicola Luksic

La société d'État s'engage également à intégrer davantage de fournisseurs autochtones dans son processus d'approvisionnement, afin de favoriser la réconciliation économique et de cultiver de bonnes relations avec les peuples autochtones.

Elle promet aussi de diversifier ses partenariats avec ces derniers, en plus de renforcer ceux déjà établis, comme avec l'organisme de financement le Bureau de l’écran autochtone et la chaîne de télévision APTN.

Bien sûr, le diffuseur public ne peut pas corriger les erreurs du passé, mais il se dote avec cette stratégie d’une marche à suivre pour enrichir l’apprentissage, la collaboration et la compréhension à l’avenir.

Une citation de Catherine Tait, présidente-directrice générale de CBC/Radio-Canada, dans un communiqué
Une femme parle dans un micro.

Catherine Tait, la présidente-directrice générale de CBC/Radio-Canada (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Le diffuseur public compte également prendre des mesures concrètes visant la réconciliation, notamment en révisant ses politiques et ses directives afin de se conformer à la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones (DNUPA). La Déclaration, que le Canada a ratifiée en 2010, appelle les États à prendre des mesures pour que les médias publics reflètent dûment la diversité culturelle autochtone.

La société d'État affirme en outre qu'elle continuera à suivre les recommandations de la Commission de vérité et réconciliation (CVR) en ce qui a trait aux médias. Un des 94 appels à l'action de la CVR recommandait d'ailleurs que CBC/Radio-Canada soutienne la réconciliation et reflète adéquatement les diverses cultures, langues et perspectives des peuples autochtones.

Des centaines de personnes consultées

La stratégie nationale autochtone est l’aboutissement de plusieurs années de rencontres avec des centaines de personnes ayant contribué à son élaboration.

À l'interne, CBC/Radio-Canada a recueilli les commentaires de 130 membres du personnel. À l'externe, la société d'État est allée à la rencontre des auditoires, des diffuseurs, des créateurs de contenus ainsi que des spécialistes de l'industrie.

Par exemple, le diffuseur public a convié le public à 21 séances de discussion partout au pays.

CBC doit venir dans les communautés pas seulement quand il y a des problèmes ou lorsqu’on organise un pow-wow; [elle] doit être présente et active dans les communautés tout au long de l’année. Il faut bâtir des ponts basés sur la confiance. Allez dans les communautés et demandez-leur ce qu’elles aimeraient voir couvrir.

Une citation de Une personne ayant participé à la séance de discussion à Kahnawake

Le Bureau autochtone, qui a été nouvellement créé dans le but de superviser et d'appliquer la stratégie nationale autochtone, sera dirigé par le conseiller aux affaires autochtones et membre de la nation Gitxsan Robert Doane.

Cette entité veillera également à entretenir des relations étroites avec les communautés et les associations autochtones, et suivra de près les processus législatifs et réglementaires liés aux affaires autochtones. Un conseil consultatif interne représentant les Autochtones accompagnera d'ailleurs le Bureau.

Le premier rapport du Bureau autochtone sur la mise en œuvre est prévu pour le mois de mars.

[La stratégie] n’est pas qu’un simple texte : elle fait résonner la promesse d’un engagement continu et mutuel entre le diffuseur public et les peuples autochtones.

Une citation de Robert Doane, premier directeur de la stratégie nationale autochtone, dans un communiqué

La société d'État souhaite avec cette stratégie « tracer la nouvelle voie à suivre » dans l'industrie médiatique.

Elle demeure toutefois consciente que la réussite de son application dépendra entre autres de l'adhésion des employés et de l'affectation des ressources pour la mise en place des 49 mesures. Le possible scepticisme des communautés demeurera un autre risque à considérer.

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