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Une vidéo révèle l’arrestation controversée de défenseurs du territoire wet’suwet’en

CBC a mis la main sur la vidéo de la Gendarmerie royale du Canada tournée lorsque ses officiers sont venus arrêter les trois protecteurs du territoire wet’suwet’en qui ont été condamnés pour outrage criminel.

Une personne est arrêtée au port de Vancouver.

Les Autochtones et des ONG critiquent régulièrement les tactiques de la Gendarmerie royale du Canada. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Maggie MacPherson

La vidéo d’environ une minute a été obtenue par CBC dans le cadre du procès de trois protecteurs du territoire opposés à la construction du gazoduc Coastal GasLink, en Colombie-Britannique.

Dans la vidéo, on voit plusieurs policiers lourdement équipés s’approcher d’une minimaison. L’un d’eux entreprend de défoncer la porte avec ce qui semble être une hache. Un chien qui aboie est tenu en laisse par un agent. Quelques secondes plus tard, un officier saisit une tronçonneuse.

Espaces autochtones a compté au moins 15 officiers sur les lieux lors de l’arrestation.

Plus tard dans la vidéo, une femme sort de la maisonnette, la marque d’une main rouge peinte sur le visage, les bras derrière le dos. Une autre personne est sortie de force par quatre policiers qui la tiennent par les bras et les jambes.

La vidéo montrant l'arrestation des protecteurs du territoire a été diffusée lors de leur procès.

Ces arrestations sont survenues dans le cadre de l'opposition de certains Wet'suwet'en à la construction du gazoduc Coastal GasLink de TC Energy.

Alors que les conseils de bande wet’suwet’en ont signé des ententes avec TC Energy en 2018, les chefs héréditaires, eux, s’y sont fermement opposés.

Malgré une injonction de la cour exigeant le départ des opposants du territoire visé en 2019, Sleydo (aussi connue sous le nom de Molly Wickham), Shaylynn Sampson, une Gitxan qui a des liens familiaux avec les Wet’suwet’en, et Corey Jocko, un Kanien'kehá:ka d’Akwesasne, ont bravé l’interdit.

Molly Wickham, aussi appelée Sleydo.

Molly Wickham, aussi appelée Sleydo, est l'une des plus importantes figures de la lutte des Wet'suwet'en contre le pipeline de Coastal GasLink. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Mia Sheldon

Cette injonction empêchait les défenseurs du territoire de maintenir leur présence le long d’un chemin forestier et de bloquer l’accès au territoire à l’entreprise qui effectuait les travaux de construction du gazoduc.

Lors de leur arrestation le 19 novembre 2021, les trois protecteurs du territoire, comme les nomme le chef héréditaire Na’Moks, occupaient un emplacement clé du chantier.

Nous avons des preuves des abus [de la GRC] et de la manière dont ils nous traitent. La GRC a été créée pour régler "le problème indien"; rien n’a changé à part son nom [Police montée du Nord-Ouest lors de sa création en 1873], lance le chef Na’Moks en entrevue avec Espaces autochtones.

Il critique vivement la force employée par les officiers lors de cette arrestation et rappelle que les protecteurs du territoire ont toujours été pacifistes.

Le chef, souriant, dans son vêtement et sa coiffe traditionnels, devant l'enseigne de la BRC.

Le chef héréditaire de la nation wet'suwet'en, Na'Moks, s'était rendu en 2022 à Toronto pour discuter avec la Banque Royale du Canada au sujet de ses investissements dans les énergies fossiles. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / Nathan Denette

On parle de la Gendarmerie royale, et même de la Banque Royale du Canada qui finance le gazoduc. Je ne vois pas ce qu’il y a de "royal" là-dedans.

Une citation de Le chef Na’Moks

Selon lui, les officiers de la GRC traitent les Autochtones moins bien que des animaux.

Si le chef n’hésite pas à s’exprimer sur le sujet, c’est parce qu’il estime qu’il est important que la société civile entende la vérité sur ce que nous vivons.

[Le gouvernement et la GRC] écrivent leur propre narratif; ils veulent faire croire à la population que nous sommes violents, alors que nous sommes pacifistes, ajoute-t-il.

Un agent tient un fusil d'assaut.

Des équipes tactiques du Groupe d’intervention pour la sécurité de la collectivité et de l’industrie ont été déployées autant en 2019 qu'en 2020 sur le territoire traditionnel des Wet'suwet'en. (Photo d'archives)

Photo : Chantelle Bellrichard / CBC

À plusieurs reprises, les Wet’suwet’en ont dénoncé ce qu’ils estiment être du harcèlement de la part de la GRC. 7 jours sur 7, 24 heures sur 24 h, nous sommes sous surveillance, a confirmé le chef héréditaire.

Ce dernier pointe surtout le Groupe d’intervention pour la sécurité de la collectivité et de l’industrie (GISCI), qui n’existe qu’en Colombie-Britannique, et ce, depuis 2017.

Selon lui, les hommes venus arrêter les protecteurs du territoire font partie de ce groupe dont les membres viennent de partout au pays, comme des mercenaires.

Espaces autochtones a demandé confirmation à la GRC, qui nous a renvoyés vers sa page de demande d’accès à l’information. Ces demandes mettent plusieurs mois à être traitées.

L'officier responsable des médias a toutefois précisé que tous les agents de la GRC déployés sur le site de Coastal GasLink ne faisaient pas partie du Groupe d'intervention communauté-industrie.

Des manifestants marchant derrière une bannière dans la rue Wellington, à Ottawa, en hiver.

Des centaines de manifestants soutenant les Wet'suwet'en s'étaient réunis le 17 février 2020 à Ottawa. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Dominique Degré

Selon nos confrères de CBC, deux autres personnes se présentant comme des membres des médias ont été arrêtées lors de ce raid policier.

Il semble qu'il s'agissait de la photojournaliste Amber Bracken et du documentariste Michael Toledano. Les deux professionnels ont finalement été relâchés après avoir passé trois nuits en prison.

La publication numérique The Narwal et Mme Bracken ont plus tard décidé de poursuivre la GRC au sujet de cette arrestation.

Le combat continue

Le chef héréditaire Na’Moks assure que, même si TC Energy clame que la construction du gazoduc est terminée, ce n’est pas le cas du combat de son peuple.

Des policiers derrière une barricade au point de contrôle Gidimt'en.

Différents points de contrôle wet’suwet’en ont été démantelés au fil du temps. Les Wet'suwet'en estiment que TC Energy n'a rien à faire sur leur territoire. (Photo d'archives)

Photo : Chantelle Bellrichard / CBC

Nous avons toujours espoir que le pipeline ne sera pas utilisé. Nous n’avons jamais voulu plus que ce que nous avons, mais nous voulons protéger ce que nous avons, martèle-t-il.

Les protecteurs du territoires ont déposé des demandes pour abus de procédure auprès de la cour, alléguant que la GRC a fait un usage excessif de la force lors de leur arrestation et qu'ils ont été traités de manière injuste pendant leur détention.

Selon la requête, si le juge ne suspend pas les accusations, il serait approprié de réduire les peines en tenant compte de la façon dont ils ont été traités par la police.

La cause sera entendue du 17 au 21 juin, ensemble de dates que le chef héréditaire estime ironique puisque le 21 juin est la Journée nationale des peuples autochtones.

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