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Conseil des femmes élues de l’APNQL : réseauter pour mieux avancer

Près de 40 % des élus autochtones du Québec sont des femmes, d'où l'importance qu'elles se rencontrent pour pousser certains dossiers.

Guylaine Gill est de dos avec des femmes devant elle.

L'Ilnue Guylaine Gill présidait ce conseil des femmes élues de l'APNQL.

Photo : Radio-Canada / Marie-Laure Josselin

Conseillères, vice-cheffes, cheffes, grandes cheffes… Une quarantaine d’élues autochtones se sont réunies à Wendake pour discuter de santé, protection de l’enfance, leadership ou encore développement énergétique.

Depuis 2008, le conseil des femmes élues de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL) est un espace de discussions, d’échanges et de partage, ainsi qu'un moyen de pousser des sujets à la table des chefs.

Kahsennenhawe Sky-Deer écoute assise avec une autre femme à table.

La grande cheffe de Kahnawake, Kahsennenhawe Sky-Deer (à gauche), participe à sa troisième rencontre du conseil des femmes élues de l'APNQL.

Photo : Radio-Canada / Marie-Laure Josselin

La grande cheffe de Kahnawake, Kahsennenhawe Sky-Deer, est concentrée. Devant elle et les autres femmes élues venues de toute la province, une vice-cheffe raconte son parcours et l’importance d’avoir un leadership féminin.

Malgré son agenda bien rempli et sa présence à la table des chefs de l’APNQL, qui détermine les orientations de l’organisation, la grande cheffe mohawk essaie d’être une participante assidue à cette rencontre entre femmes.

Il est très important de montrer notre soutien à toutes les autres femmes dirigeantes de la province, des différentes nations qui se réunissent ici. C’est incroyable!, lance-t-elle.

D’autant plus que le matin, la cheffe de l'Assemblée des Premières Nations (APN), Cindy Woodhouse Nepinak, venue exprès, leur a indiqué que le Québec serait la province ayant le plus d'élues autochtones. Ce chiffre a marqué la grande cheffe Sky-Deer et de nombreuses autres participantes.

La représentativité des femmes est élevée, on s’approche de la parité, se réjouit la co-porte-parole du conseil des femmes élues de l’APNQL, la Mi’kmaw Nadia Robertson.

Presque la parité

Selon le site de l’APNQL, 12 des 43 chefs et 102 des 257 conseillers sont des femmes. En tout, près de 40 % des élus sont donc de sexe féminin.

Après une période sans rencontre en raison notamment de la pandémie, le conseil des femmes a un peu plus le vent dans les voiles depuis deux, trois ans, lance Nadia Robertson, approuvée par sa co-porte-parole, la grande cheffe du Conseil tribal de la nation algonquine Anishinabeg, Savanna McGregor. Cette dernière représente le conseil à l’Assemblée des Premières Nations.

Un panneau avec inscription Timiskaming Première nation sur une table avec un écouteur.

Plusieurs cheffes et grandes cheffes avaient fait le déplacement, dont celle de la première nation Timiskaming.

Photo : Radio-Canada / Marie-Laure Josselin

La mission est donc de refaire des rassemblements de femmes pour créer des liens, un réseau fort, précise Nadia Robertson.

C’est vraiment un espace qui nous permet de grandir. On repart avec les manches relevées et prêtes à relever d’autres défis.

Une citation de Nadia Robertson, élue mi’kmaw et co-porte-parole du conseil des femmes élues de l’APNQL

C’est exactement avec cet objectif que Marjolaine Étienne, ancienne élue de Mashteuiatsh et actuelle présidente de Femmes autochtones du Québec, a lancé le conseil des femmes élues de l’APNQL en 2008.

Avec comme leitmotiv les paroles de son père quand elle hésitait à se lancer en politique, à savoir il faut que les femmes reprennent leur place, Marjolaine Étienne a décidé de regrouper régulièrement les femmes élues.

Le fait de pouvoir créer des réseaux de femmes dans différents postes permet de penser, dire et agir. Cela permet de se rassembler, mais aussi de se donner des orientations claires pour les prochaines années.

Une citation de Marjolaine Étienne

Les élues voulaient aussi de la formation pour être encore plus performantes dans leur fonction, ajoute Marjolaine Étienne, encore plus heureuse de voir que c’est encore présent.

Inspirations

Les femmes ont en effet pu écouter la chercheuse Suzy Basile sur la stérilisation forcée des femmes autochtones, la directrice de l'Initiative de leadership autochtone, Valérie Courtois, ou encore une discussion menée entre la cheffe de l'APN Cindy Woodhouse Nepinak et la nouvelle lieutenante-gouverneure du Québec, première Autochtone à occuper ce poste, Manon Jeannotte.

Le plafond de verre est un mur, un étage qu’on se met et qu’on ne devrait pas. Ce sont des limites qu’on se pose à nous-mêmes, explique Manon Jeannotte. Elle assure ne l’avoir jamais senti et s’être toujours dépassée, mais elle tenait à envoyer ce message.

Elle a aussi parlé de leadership, invitant les femmes à s’ouvrir et à ne pas rester campées sur leur position. Dans la réconciliation, on peut se lever un matin avec une idée, mais quand on fait des rencontres dans la journée, notre pensée évolue. Pour faire avancer notre leadership, c’est important de faire évoluer notre pensée, résume-t-elle.

Manon Jeannotte pose pour la caméra au soleil.

La lieutenante-gouverneure du Québec, Manon Jeannotte, a été assermentée fin janvier.

Photo : Radio-Canada / Marie-Laure Josselin

La cheffe de l’APN a parlé surtout de ses priorités et de son point focal : les enfants. Cette discussion intéressante s'est déroulée quelques jours après la décision de la Cour suprême permettant aux communautés autochtones de continuer d’aller de l’avant dans la gestion et l’administration de la protection de l’enfance.

À l’avant, la grande cheffe crie Mandy Gull-Masty écoute. Elle a tenu à assister à ces deux jours de rencontres pour différentes raisons, dont le panel entre ces deux femmes leaders.

Animée par son désir de travailler avec les autres élues, Mandy Gull-Masty est venue aussi annoncer la tenue de la première conférence sur le leadership des femmes autochtones, organisée par le Grand conseil des Cris du Québec, qui se tiendra les 8 et 9 mars.

La grande cheffe crie Mandy Gull-Masty pose avec un foulard coloré sur les épaules.

La grande cheffe crie Mandy Gull-Masty est venue à Wendake pour, notamment, entendre la cheffe de l'Assemblée des Premières Nations sur ses relations avec Québec et l'avenir de celles-ci.

Photo : Radio-Canada / Marie-Laure Josselin

Je suis vraiment là pour apprendre des dossiers différents, savoir comment je peux créer des alliances pour travailler avec les autres nations, car c’est ma priorité, explique Mandy Gull-Masty.

C’est important que les nations autochtones se soutiennent. Il y a beaucoup de femmes ici et je suis inspirée. Il y a du potentiel, relate-t-elle, mentionnant au passage que chez les Cris du Québec, cinq des neuf communautés sont dirigées par des femmes.

Le pouls des communautés

La conseillère élue du Conseil des Atikamekw de Wemotaci, Alys Quoquochi, souhaite justement, pour ce deuxième mandat, travailler sur le réseautage, et ce, en apprenant à connaître les autres femmes, ce qu’elles vivent.

Même si on vient de communautés différentes, on vit les mêmes réalités, les mêmes enjeux, c’est le fun de pouvoir échanger en rencontre, mais hors rencontre aussi, renchérit la vice-cheffe de Mashteuiatsh, Guylaine Simard, juste avant le cocktail pendant lequel les élues vont se retrouver pour continuer les conversations.

Des femmes discutent.

Les discussions se font lors des séances, mais aussi autour des repas et des moments de pause.

Photo : Radio-Canada / Marie-Laure Josselin

D’ailleurs, la disposition de la salle permet des échanges plus directs, car les femmes sont assises en petits groupes autour de tables, et ce, peu importe qu’elles soient cheffe, conseillère ou vice-cheffe, une proximité qui crée des liens et une énergie différente, assurent Guylaine Simard et Alys Quoquochi.

Nadia Robertson le confirme : participer à ces rencontres permet aux femmes d’être au courant de ce qui se passe dans les communautés, mais aussi des dossiers qui sont sur la table des chefs. Cela permet aussi de faire remonter les dossiers à la table des chefs. Elle prend pour exemple un projet sur la bienveillance latérale, porté par des femmes élues. Il a été déposé au conseil des femmes élues avant d’être présenté aux chefs de l’APNQL et adopté par eux.

La grande cheffe de Kahnawake, Kahsennenhawe Sky-Deer, précise néanmoins que bien que les problèmes soient communs, certaines communautés sont plus en retard que d'autres en matière de développement. Donc, venir parler de ces différentes réalités est essentiel.

Mais en termes de gouvernance, de relations avec les gouvernements, c’est à peu près pareil. Alors, comment pouvons-nous apprendre les uns des autres? Nous aider à nous élever les unes les autres? C’est ce que nous devons faire, assure-t-elle.

Nous parlons toutes d’aller dans des espaces qui ont été principalement dirigés par des hommes, explique-t-elle. Il s’agit donc d’être là et de s’assurer que l’état d’esprit est différent. On dit toujours que les femmes dirigent à partir du cœur plus que de l’esprit. Il s’agit d’un espace de bienveillance. Il y a un sentiment différent et une ambiance différente dans le fait d’être réunies avec des femmes.

Marjolaine Étienne, venue lancer un grand sommet pour les 50 ans de Femmes autochtones du Québec, en est certaine : travailler toute seule dans son coin serait encore plus dur et nuirait à l’obtention de résultats concrets. Alors, il est plus avantageux de travailler avec les femmes des différentes nations pour avancer, conclut-elle.

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