•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Des chercheurs veulent faire reconnaître un remède traditionnel mi’kmaw par Santé Canada

Une forêt de bouleaux.

Maskwio'mi, l’huile faite à partir d’écorces de bouleau, en mi'kmaw, est utilisée pour traiter les rougeurs, l'eczéma et le psoriasis.

Photo : getty images/istockphoto / PinkBadger

Radio-Canada

Des chercheurs de l’Université Cape Breton, à Sydney, en Nouvelle-Écosse, se sont donné l’objectif ambitieux de faire reconnaître un remède traditionnel mi'kmaw par Santé Canada.

Maskwio'mi, qui veut dire huile faite à partir d’écorces de bouleau en mi'kmaw, est utilisé pour traiter des problèmes de peau tels que les éruptions cutanées, l'eczéma ou le psoriasis.

Les crèmes, lotions et pommades à base d’écorces de bouleau sont pour l’instant enregistrées comme cosmétiques par Santé Canada, pour nettoyer et améliorer le teint et la peau. Elles sont produites à Sydney et vendues sous la marque Maskwiomin.

Son fondateur et co-propriétaire, Tuma Young, veut que la médecine traditionnelle mi'kmaw soit reconnue comme telle.

Nos sociétés, notre histoire, notre culture, notre médecine sont d’une importance égale au reste. En fait, une partie significative de la pharmacopée occidentale est basée sur les savoirs autochtones, rappelle celui qui est gardien de savoirs mi'kmaw, juriste et professeur adjoint à l’Université Cape Breton.

Pendant des milliers d’années, les peuples autochtones ont valorisé l’écorce de bouleau comme traitement cutané, transmettant ce savoir de génération en génération dans la région de l’Atlantique.

Une citation de Tuma Young, gardien de savoirs mi'kmaw, juriste et professeur adjoint à l’Université Cape Breton

Partager le savoir pour le protéger

Pour lui, la transmission de ce savoir témoigne de l’endurance des Mi'kmaq. Or, il s’est presque perdu parce que les Autochtones sont devenus méfiants. Ils avaient peur de partager leurs connaissances avec le monde extérieur de crainte qu’elles soient volées ou exploitées à des fins financières, poursuit-il

Cela va à l’encontre des principes contenus dans les sept enseignements sacrés. Donc nous avons besoin de partager ce savoir, afin de pouvoir le protéger complètement. Il faut le faire connaître et le partager avec tout le monde.

Deux hommes souriants regardent le viseur de l'appareil photo.

Tuma Young et Matthias Bierenstiel, tous deux professeurs à l'Université Cape Breton, veulent faire reconnaître officiellement un remède pour la peau à base d'extraits d'écorces de bouleau, qu'ils commercialisent par ailleurs sous la marque Maskwiomin.

Photo : Gracieuseté de Matthias Bierenstiel

Tuma Young et son entreprise veulent donc faire reconnaître ce traitement de manière scientifique.

Le cofondateur de Maskwiomin, Matthias Bierenstiel, professeur de chimie à l’Université Cape Breton, travaille avec une équipe pour essayer de repérer les ingrédients actifs qui donnent ses propriétés médicinales à l’huile d’écorce de bouleau.

Un article scientifique publié le mois dernier dans le Canadian Journal of Chemistry (Nouvelle fenêtre) montre que l’extrait d’huile d’écorce de bouleau correspond aux directives de Santé Canada quand il est dilué dans une crème.

Traditionnellement, il était mélangé à de la graisse d’oie ou d’ours pour en faire un baume pour la peau.

Notre objectif est de le faire reconnaître comme un produit de santé naturel avec des propriétés spécifiques, explique M. Bierensteil.

Il n'y a aucune catégorie pour cela dans la base de données de Santé Canada et de la Food and Drug Administration des États-Unis. Nous devons donc adopter un point de vue scientifique minutieux pour prouver étape par étape qu'il s'agit d'un médicament.

Une citation de Matthias Bierenstiel, professeur de chimie à l’Université Cape Breton et cofondateur de Maskwiomin

Pour le chimiste, cette recherche est fascinante en raison de la complexité de maskwio'mi : il contient plus de 200 composants. D’autres recherches sont en cours pour étudier son efficacité comme agent antifongique et aussi pour combattre les infections et les inflammations.

Même si cela peut être frustrant, les deux hommes disent respecter Santé Canada, qui doit s’assurer que les produits sont sûrs pour le public.

Dans un courriel en réponse à CBC, un porte-parole de Santé Canada précise que les produits de santé naturels doivent contenir des ingrédients définis dans leur règlement et avoir également un usage thérapeutique.

Young et Bierensteil veulent que les profits générés par leur entreprise reviennent à la communauté. Ils souhaitent aussi promouvoir l’etuaptmumk, ou les deux yeux, une vision qui combine les connaissances occidentales et autochtones.

Même si notre vision du monde est basée sur des milliers d'années de recherche, nous devons encore passer par cette approche occidentale, constate M. Young.

Pour lui, il est important que ce remède soit classé comme médicament, car il donne une légitimité moderne aux connaissances et à la science autochtones.

D’après un article de Tehosterihens Deer, CBC Indigenous

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Chargement en cours

Infolettre Espaces autochtones

Chaque semaine, suivez l’essentiel de l’actualité autochtone au Canada.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Espaces autochtones.

Espaces autochtones

Un travail journalistique sérieux, constant et curieux est le meilleur moyen de dévoiler et expliquer des réalités que beaucoup ne soupçonnent peut-être pas. Et donc de comprendre. C'est ce que nous nous proposons de faire. Découvrir, informer, comprendre, expliquer.

— Soleïman Mellali, rédacteur en chef