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QG du SPVG sur les terrains du Centre Robert-Guertin : des intervenants s’inquiètent

L'extérieur du Centre Robert-Guertin.

La Ville de Gatineau envisage de construire le futur quartier général du SPVG sur les terrains du Centre Robert-Guertin (archives).

Photo : Radio-Canada / Jacques Corriveau

Radio-Canada

La perspective que le futur quartier général (QG) du Service de police de la Ville de Gatineau (SPVG) soit construit sur les terrains du Centre Robert-Guertin continue de faire réagir dans la région.

Le Centre Robert-Guertin se situe à proximité du Gîte Ami, le seul refuge d’urgence de la région, de la Soupe populaire de Hull et d’un site d’injection supervisé.

Un regroupement de professeurs, d'étudiants, d'avocats et d'intervenants sociaux de la Clinique interdisciplinaire en droit social de l’Outaouais (CIDSO) a rédigé une lettre pour exprimer ses préoccupations liées au choix du lieu pour le projet.

C’est la proximité avec les ressources pour les personnes en situation d’itinérance qui inquiète principalement les signataires de la lettre.

La façade de l'immeuble du Gîte Amie en décembre.

Le Gîte Ami se situe sur la rue Morin, dans la Ville de Gatineau (archives).

Photo : Radio-Canada

C’est sûr que la présence policière dans un quartier accroît les risques pour les personnes en situation d'itinérance ou les personnes qui se retrouvent dans les espaces publics comme ça de recevoir, par exemple, des contraventions, à être davantage surveillées et donc éventuellement à se retrouver déplacées, explique une signataire de la lettre, Emmanuelle Bernheim, professeure titulaire à la faculté de droit de la section de droit civil à l’Université d'Ottawa et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en santé mentale et accès à la justice.

Ce qui se passe avec ce déplacement-là c’est que ces personnes se trouvent davantage judiciarisées, dans une situation où il est beaucoup plus difficile de se réinsérer socialement.

Une citation de Emmanuelle Bernheim, signataire de la lettre, professeure titulaire à la faculté de droit de la section de droit civil à l’Université d'Ottawa et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en santé mentale et accès à la justice

Elle parle de stigmatisation, d'appauvrissement. Il faut quand même être capable de défrayer les coûts des contraventions, soulève Mme Bernheim, en entrevue à l’émission Les matins d’ici.

Ce n’est pas sans conséquence que la police se retrouve à s’installer dans le quartier principal où se trouvent les services qui s’adressent à cette population [qui utilise] le refuge, poursuit celle qui milite pour que l’emplacement du futur QG du SPVG soit repensé. Ces services sont déjà présents, ils sont stratégiquement placés, ils sont là pour une certaine raison.

Manque de consultation

En consultant nos collègues des organismes communautaires, on s’est rendu compte que personne n’avait été consulté, personne n’était au courant, renchérit pour sa part une des autrices de la lettre, Anne Thibault, signataire elle aussi.

Celle qui est avocate-coordonnatrice de la CIDSO et candidate à la maîtrise en droit à l’Université d’Ottawa dénonce un manque de consultation et de documentation dans le dossier.

L'écusson du Service de police de la Ville de Gatineau (SPVG).

Le but de construire un nouveau QG pour le SPVG est de reloger les policiers du secteur de Hull (archives).

Photo : Radio-Canada / ICI Radio-Canada

En faisant un peu plus de vérification, on s’est rendu compte également qu’il ne semble pas, en ce moment, y avoir d’étude, de recherche, de réflexion, sur l’impact de construire un quartier général dans un milieu où il y a beaucoup de personne en situation d’itinérance qui ont besoin de l’accès à des besoins de base, à des ressources, poursuit-elle.

Mme Thibault est néanmoins optimiste quant aux efforts déployés pour influencer l'emplacement du futur QG.

Il y a un conseil municipal qui va se tenir mardi où les gens vont pouvoir se faire entendre, informe-t-elle notamment. Plusieurs organismes qui travaillent dans le milieu en itinérance vont vouloir se faire entendre à cette rencontre-là, s’attend-elle.

Risque de tensions avec les plus vulnérables

Les auteurs et signataires de la lettre ont tenu une séance d'information à la Soupe populaire de Hull, jeudi dernier.

Plusieurs des participants n’étaient pas au courant de la situation, témoigne Mme Thibault. Certaines personnes se sentaient comme si c’était un choix qui avait été fait exprès pour les déloger, rapporte-t-elle.

Ils ont évoqué un niveau de stress causé par le fait d'avoir un quartier général [de la police] à côté.

Une citation de Anne Thibault, autrice et signataire de la lettre, avocate-coordonnatrice de la CIDSO et candidate à la maîtrise en droit à l’Université d’Ottawa
La halte du Centre Robert-Guertin.

La halte chaleur du Centre Robert-Guertin dans le secteur Hull, à Gatineau

Photo : Radio-Canada / Felix Desroches

Une vingtaine de personnes ont d’ailleurs participé lundi soir à un rassemblement organisé par l’Association pour la défense des droits sociaux (ADDS) en Outaouais et l’Association des résidents de l'Île-de-Hull, juste devant l’aréna Robert-Guertin, pour s’opposer à la potentielle construction du QG du SPVG.

Pierre-Luc Beaulne, coordonateur de l’ADDS, craint que la présence du QG de la police suscite une tension avec les plus vulnérables, et qu’elle les éloigne de toute la gamme de services indispensables offerts à proximité.

Il y a des gens qui n’ont pas une bonne relation avec la police, dit-il, on entend parler de profilage, d’intimidation, de harcèlement.

Ce qui nous inquiète, (...) c’est qu’ils s’éloignent, ne viennent plus aux services, et qu’ils finissent par aller encore plus loin avec leur campement.

Une citation de Pierre-Luc Beaulne, coordonateur de l’ADDS

Frédérick Abel, représentant de l’Association des résidents de l'Île de Hull, souligne que jamais les citoyens n’ont réclamé dans leur quartier une entité pour desservir l’ensemble de la municipalité.

Le site Guertin est convoité pour des projets citoyens et des services de proximité, rappelle-t-il.

La moitié du site alloué au QG du SPVG, c’est inconciliable à notre avis si on veut faire une vie de quartier, avec des services de proximité.

Une citation de Frédérick Abel, représentant de l’Association des résidents de l'Île de Hull

Une pétition a également été lancée et comptait déjà près de 300 signatures en fin de journée lundi.

Le choix d'emplacement du nouveau QG doit être approuvé de manière définitive par le conseil municipal de Gatineau. Le conseil en débattra le 22 novembre.

Daniel Champagne, président du conseil municipal de Gatineau, affirme que les élus et les citoyens auront alors plus de détails sur les raisons qui motivent le choix du site Guertin pour y construire le QG du SPVG.

L’élu insiste aussi sur la nécessité de prendre une décision rapidement dans ce dossier, en raison de la lourdeur des démarches.

Il va y avoir des étapes, c’est un processus qui prend des mois, des années. Si on prolonge encore plus, on va se retrouver à minuit moins une.

Une citation de Daniel Champagne, président du conseil municipal de Gatineau

Le but de construire un nouveau QG pour le SPVG est de reloger les policiers du secteur de Hull, dont le poste sera exproprié avec la venue du futur Centre hospitalier affilié universitaire de l’Outaouais, ainsi que d’accueillir les policiers du secteur de Gatineau, dont l'édifice a été jugé désuet et trop étroit par la direction du service, lors d'une présentation en juillet dernier.

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