Manifestation pour le retour d’AccèsLogis dans l’Est-du-Québec
Sylvain Dubé, coordonnateur d'Action-Logement de l'Est, lors de la manifestation à Matane
Photo : Radio-Canada / Brigitte Dubé
Prenez note que cet article publié en 2022 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les organismes de défense des droits des locataires du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie se mobilisent pour réclamer des mesures afin de remédier à la crise du logement qui frappe très durement l’Est-du-Québec. Ils réclament notamment le retour du programme AccèsLogis.
Ils ont fait part de leurs revendications vendredi à Matane lors d’une manifestation tenue en présence de représentants du Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU).
L’organisme mène une tournée avec un char allégorique dont l'allure rappelle une cage à poules afin de symboliser l’état lamentable de plusieurs logements.
Alexandre Cadieux, coordonnateur au Comité logement Bas-Saint-Laurent
Photo : Radio-Canada / Brigitte Dubé
Selon Alexandre Cadieux, coordonnateur au Comité logement Bas-Saint-Laurent, même si on annonce ici et là des projets de construction de logements, ils seront trop chers, donc inaccessibles aux moins nantis.
C'est bien plate à dire, mais même si on sortait 1000 nouveaux logements l'année prochaine à Rimouski, si c'est des maisons avec des hypothèques à 300 000 $ ou si c'est des loyers à 1500 $ par mois, ça ne sert à rien
, a-t-il commenté. Des logements trop chers, ça ne fait pas partie de la solution.
Nous, on veut 400 nouveaux logements sociaux subventionnés dans les cinq prochaines années à Rimouski-Neigette. On va commencer par ça.
Des personnes de tous les âges ont participé à la manifestation.
Photo : Radio-Canada / Brigitte Dubé
Alexandre Cadieux n’a pas de bilan officiel, mais il affirme qu’une centaine de dossiers ont été ouverts sur le territoire du Bas-Saint-Laurent, à l'exclusion de La Matanie et de La Matapédia, uniquement depuis la fin de l’été.
C’est complètement fou! Du monde en crise, du monde en colère ou littéralement sur le bord de pleurer, on en voit toutes les semaines.
Le Comité logement Bas-Saint-Laurent compte deux employés pour répondre aux besoins de citoyens de six MRC.
L’organisme a contribué à la création d’un comité logement à Matane et travaille sur le lancement d'un autre comité de ce type à Rivière-du-Loup, et ce, en dépit du manque de financement.
Catherine Lussier, organisatrice communautaire au FRAPRU
Photo : Radio-Canada / Brigitte Dubé
Pour répondre aux besoins les plus urgents au Québec, le FRAPRU réclame 50 000 logements sociaux en cinq ans
, a fait savoir l’organisatrice communautaire Catherine Lussier. Le programme AccèsLogis, c'est un programme qui fonctionne et qui a permis de développer du logement social et des coopératives de logement.
AccèsLogis, ça faisait des années et des décennies que ça fonctionnait très bien au Québec.
Évidemment
, a-t-elle poursuivi, on est conscients que ce n'est pas suffisant pour répondre à tous les besoins.
Besoin de 500 logements abordables en Matanie
Le coordonnateur d'Action-Logement de l’Est, Sylvain Dubé, est seul pour répondre à des demandes en provenance de La Matanie, de la vallée de la Matapédia, de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine.
Selon lui, on ne devrait jamais payer plus de 30 % de ses revenus pour se loger.
Plus de la moitié des gens qu'on rencontre à l'heure actuelle ont dépassé 50 % de leur propre revenu pour seulement avoir un toit.
Il n'a pas pu préciser le nombre exact de logements qui seraient nécessaires pour répondre à la demande actuelle, mais d'après ses données, il y a deux ans, on estimait qu'il manquait de 300 à 350 logements abordables seulement sur le territoire de La Matanie. Avec le nombre d'interventions qu'on a à faire, je ne serais pas étonné qu'il en manque à peu près 500 aujourd'hui
, a-t-il souligné.
Selon Sylvain Dubé, la notion de logements abordables est galvaudée. Ce qui est abordable pour les uns ne l'est pas nécessairement pour les autres.
Photo : Radio-Canada / Brigitte Dubé
Selon les organisateurs de la manifestation de Matane, le FRAPRU a interpellé le gouvernement à maintes reprises pour l’inciter à investir des sommes dans le logement social.
Catherine Lussier s'est dite très déçue du fait que le gouvernement de François Legault n’a rien annoncé de neuf jeudi dans sa mise à jour économique.
Ce choix est inexplicable de la part d’un gouvernement qui vient de se priver de 3,5 milliards de dollars par l’envoi de chèques ponctuels de 400 $ à 600 $ dont des ménages qui gagnent 200 000 $ par année pourront bénéficier et qui s’apprête à se priver de 7,4 milliards en quatre ans en baisses d’impôts
, a-t-elle déploré.
L’organisme, qui s'est déjà arrêté à Saguenay avec son char allégorique, n’entend pas lâcher le morceau. La tournée se poursuivra dans tout le Québec pour se terminer dans la capitale le 16 février, où une manifestation est prévue devant l'Assemblée nationale.
La députée de Rimouski, ministre des Ressources naturelles et des Forêts et ministre responsable de la région du Bas-Saint-Laurent et de la région de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine a été interpellée sur le sujet. Par courriel, elle a tenu à rappeler les plus récentes actions de son gouvernement.
Depuis 4 ans, plus de 907 millions de dollars ont été consentis dans AccèsLogis pour accélérer la livraison de logements sociaux et abordables puisqu’un arrérage de 15 000 logements a été laissé par les gouvernements précédents qui faisaient des annonces sans se soucier de l’exécution
, a-t-elle mentionné. Aussi, 7200
logements de plus seront subventionnés par le biais du Programme de supplément au loyer dans le but d'aider les ménages qui en ont le plus besoin à payer leur loyer.
Elle a également rappelé que lors de la campagne électorale, son parti s’est engagé à investir 1,8 milliard de dollars pour la construction de 11 700 unités.