•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

La crise du logement pourrait s’aggraver à Gatineau, selon un nouveau rapport du FRAPRU

Un immeuble à logements en construction à Gatineau.

À Gatineau, la crise du logement est aggravée par la spéculation immobilière, selon le FRAPRU (archives).

Photo : Radio-Canada / Jonathan Dupaul

Gatineau demeure la région métropolitaine où les loyers sont les plus élevés au Québec, et ils continuent de croître en raison de la spéculation immobilière. C’est ce que révèle un rapport du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), paru jeudi.

Dans la dernière année, [à Gatineau] ça a été une augmentation de 8,8 % du loyer moyen constaté par la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL). L’année précédente c’était 16 %. La hausse des loyers continue de se faire très très rapidement à Gatineau, rapporte la porte-parole du FRAPRU, Véronique Laflamme.

Le FRAPRU s’inquiète du nombre croissant de locataires qui n’arrivent pas à se trouver de logement. En décembre à Gatineau, une soixantaine de ménages étaient toujours sans-logis. En septembre, ils étaient 85.

Le Collectif régional de lutte contre l'itinérance en Outaouais (CRIO) rapportait d’ailleurs en décembre que l’itinérance a explosé à Gatineau, depuis 2018.

Au final, la rareté et le coût des logements locatifs aggravent le problème de l’itinérance et font monter la pression sur les organismes venant en aide aux plus démunis, constate le Front d’action populaire en réaménagement urbain.

Les ressources d’hébergement ne suffisent plus à la tâche à Montréal, Québec ou Gatineau, mais aussi dans plusieurs autres villes à travers le Québec, peut-on lire dans le rapport du FRAPRU intitulé : Crise du logement et droits humains, rapport à la Défenseure fédérale du droit au logement.

Dans son document, le FRAPRU dresse le portrait de la crise du logement dans la région, mais aussi sur celles qui sévissent ailleurs au Québec, et qui briment les droits humains, selon l’organisme.

Ces crises du logement ont, non seulement un effet sur le droit au logement lui-même, mais sur d’autres droits comme le droit à la santé. On sait que, quand on a des problèmes de logement, notamment comme de l’insalubrité, ça a des conséquences sur notre santé physique, explique Mme Laflamme.

Selon elle, le prix élevé des logements peut également porter atteinte au droit à l’alimentation en limitant la capacité des locataires à payer leur épicerie.

Une pancarte «à louer» sur un balcon d'appartement.

Le FRAPRU s’inquiète du nombre croissant de locataires qui n’arrivent pas à se trouver de logement. En décembre à Gatineau, une soixantaine de ménages étaient toujours sans-logis (archives).

Photo : Radio-Canada / Camille Lacroix-Villeneuve

Sans mesures fortes de la part des gouvernements, le FRAPRU craint que la situation du logement ne se détériore davantage en 2023. Selon le regroupement, l’écart est de plus en plus grand entre ce que le marché offre et les besoins des ménages locataires mal logés.

On se prépare une bombe à retardement , avertit Véronique Laflamme.

La faute à la spéculation immobilière

À Gatineau, mais aussi ailleurs dans la province, la crise du logement est aggravée par la spéculation immobilière, selon FRAPRU.

Dans son rapport, l’organisme blâme directement le fonds d’investissement Inter Rent International Properties, qui a acquis 1750 appartements dans les cinq dernières années, principalement à Gatineau et à Montréal.

C’est inquiétant cette grande insécurité résidentielle que vivent de plus en plus de locataires, et pas seulement ceux à très faibles revenus. De plus en plus de ménages, qui ne pensaient jamais devoir quitter leur logement, craignent d’être les prochaines victimes.

Une citation de Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU

L’organisme dénonce également les tactiques employées par les propriétaires pour évincer leurs locataires.

Ces évictions illégales sont obtenues par toutes sortes de manœuvres, dont le harcèlement visant à forcer les locataires à quitter en échange de compensations financières souvent insignifiantes, peut-on lire dans le rapport.

Selon Mme Laflamme, il faut également tenir compte de la proximité avec l’Ontario puisqu’elle ajoute une pression supplémentaire sur le marché locatif de Gatineau.

On sait que Gatineau accueille de nombreux ménages qui décident de déménager de l’autre côté de la rivière en raison entre autres de "l’abordabilité" plus grande qu’à Ottawa, explique cette dernière.

D’ailleurs, pour la première fois en 2022, un plus grand nombre d’Ontariens ont déménagé au Québec que l’inverse.

Un besoin criant de logements sociaux

Pour résorber la crise du logement, le FRAPRU insiste sur l’importance de construire des logements abordables. Mme Laflamme interpelle directement les gouvernements sur cette question. Elle déplore que pour la première fois dans l’histoire du Québec, le pourcentage de logements sociaux ait diminué.

Il y a une rareté de logements locatifs, mais si tout ce qu’on construit ce sont des logements privés trop chers comme c’est le cas actuellement, il n’y a aucune alternative pour les ménages locataires qui n’ont pas les moyens de se payer ces logements, insiste la porte-parole du FRAPRU.

Le conseiller municipal et maire suppléant de Gatineau, Daniel Champagne, abonde dans le même sens. Il croit que le gouvernement provincial devrait donner des outils aux promoteurs pour qu’ils puissent construire davantage de logements sociaux.

Daniel Champagne, conseiller municipal et maire suppléant de Gatineau.

Le conseiller Daniel Champagne croit qu'il faut tenir compte des particularités régionales de l'Outaouais en matière de logement (archives).

Photo : Radio-Canada

À Gatineau, il y a plusieurs projets [immobiliers] qui ne lèvent pas, parce qu’ils ne sont tout simplement pas rentables, affirme M. Champagne.

Il décrit la situation en matière de logement de quasi dramatique.

L’année 2022 a été une année de constats. Les constats dans le rapport [du FRAPRU] sont sensiblement les mêmes que nous avons faits. On doit agir et c’est ce qu’on a l’intention de faire en 2023, ajoute-t-il.

Le conseiller municipal pour le district de Limbour et porte-parole en matière de logement pour Action Gatineau, Louis Sabourin, insiste également sur l’importance d'agir.

On doit arrêter d’attendre de nouveaux programmes, de nouvelles réglementations ou de nouvelles politiques de nos deux autres gouvernements. Il faut se demander ce que nous, en tant que Ville, on peut faire, dit M. Sabourin.

Louis Sabourin, conseiller municipal pour le district de Limbou à Gatineau.

Louis Sabourin, conseiller municipal pour le district de Limbour et porte-parole en matière de logement pour Action Gatineau.

Photo : Radio-Canada

Ce dernier mise d’ailleurs sur le droit de préemption, qui permet à la Ville de faire la première offre sur des terrains privés, pour amoindrir la crise du logement.

M. Sabourin a également proposé une stratégie d’inclusion au conseil municipal l’automne dernier. Si elle est adoptée, elle obligerait les promoteurs à prévoir des logements abordables dans leur projet.

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Chargement en cours

Infolettre ICI Ottawa-Gatineau

Une fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité régionale.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre d’ICI Ottawa-Gatineau.