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Peu de données disponibles sur l’ethnicité des victimes de crimes au Canada

La collecte de ces données est pourtant recommandée par l’ENFFADA depuis plusieurs années.

Deux femmes autochtones se réconfortent lors d'une séance de témoignages de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.

Le rapport de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées recommande de collecter des données au sujet de victimes de crimes. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / John Woods

Il est encore trop difficile de connaître l’origine ethnique des victimes de crimes au Canada, déplorent des experts. La plupart des services de police au pays n’ont toujours pas de système pour collecter ce type de données, selon eux.

Nous ne savons toujours pas combien de femmes, de filles et de personnes bispirituelles autochtones sont disparues ou ont été assassinées en raison de leur ethnicité, indique la commissaire en chef de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (ENFFADA), Marion Buller.

Nous ne pouvons nous fier qu’à des estimations.

Ces données sont pourtant essentielles pour intervenir plus efficacement auprès des communautés les plus touchées par la criminalité, selon elle.

Marion Buller tient un micro lors d'une intervention.

La commissaire en chef de l'ENFFADA, Marion Buller. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

Comment déterminer le succès ou non des politiques en place, des dépenses, des budgets, si rien ne permet de les mesurer?

Une citation de Marrion Buller, commissaire en chef de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (ENFFADA)

C’est aussi ce que croit Kevin Walby, professeur associé au Département de justice pénale de l’Université de Winnipeg.

Au Canada, les services de police n’ont pas vraiment le mandat de collecter des données sur l’ethnicité, à l’exception de certains, comme celui de Toronto, explique-t-il.

Marion Buller croit aussi que ces données seraient utiles en droit criminel.

Cela peut constituer une circonstance aggravante au moment de déterminer la peine d’un criminel.

Un programme d’ici un an, selon Statistique Canada

Aucun service de police ne déclare ces données pour les victimes à l’heure actuelle, nous a informés par écrit Statistique Canada.

Seules des données autodéclarées de victimes et des informations au sujet des homicides sont disponibles, explique l’agence fédérale.

En 2020, Statistique Canada et l’Association canadienne des chefs de police (ACCP) se sont toutefois engagés à travailler ensemble à la collecte de données sur l’identité autochtone et racialisée de toutes les victimes et de tous les auteurs présumés [de crimes] dans le cadre d’un nouveau programme.

Or, la mise en place d’un tel système de collecte prend du temps, soutient l’agence, notamment en raison du besoin de formation des agents de police concernés.

Elle ajoute que la collecte commencera en 2024.

Un nouvel essai, après plusieurs échecs

À travers les années, il y a eu plusieurs tentatives de collecter des données ethniques, qui n’ont pas fonctionné pour plusieurs raisons, raconte la commissaire en chef de l’ENFFADA, Marion Buller.

Une voiture du Service de police de Winnipeg en stationnement dans la ville.

Marion Buller croit que les communautés racialisées et les Autochtones sont souvent réticents à partager leur identité ethnique, par crainte de représailles. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Jeff Stapleton

Parmi ces raisons, on comptait le manque de formation des policiers, ainsi que le manque de confiance des Autochtones et des communautés racialisées à l’égard de la police, selon elle.

L’histoire nous a montré que les données ethniques ont davantage été utilisées contre un groupe, plutôt qu’en faveur de celui-ci. Un exemple est la Loi sur les Indiens. Si vous êtes identifié comme un "Indien", vous vous retrouvez sous le contrôle d’une loi coloniale, déplore Marion Buller.

Elle ajoute que les personnes de couleur hésitent également à partager ce type d’information avec la police, car elles craignent qu’elles ne soient utilisées contre elles.

D’autres obstacles légaux se présentent à l’utilisation de telles données, comme la protection de la vie privée, soutient Marion Buller.

Malgré ces obstacles, elle ne croit pas que les choses avancent assez rapidement.

Agissons plus vite, demandent des victimes

La présidente du Cercle national des familles et des survivantes, Hilda Anderson-Pyrz juge important que des mécanismes soient mis en place dans une période déterminée.

Une femme regarde devant elle.

La présidente du Cercle national des familles et des survivants, Hilda Anderson-Pyrz. ( Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Jaison Empson

Si ces données sont collectées, nous sommes en mesure de dire aux gouvernements, il y a une urgence d’agir.

Pour Hilda Anderson-Pyrz, il s’agit d’une manière pour enfin chiffrer ce que subissent depuis longtemps les Autochtones.

Je ne crois pas qu’en tant qu’Autochtones, nous serons surpris [des données révélées], mais je crois que les Canadiens le seront. […] Avoir ces données aura un grand impact et poussera à l’action.

En attendant, toujours dur d’avoir accès à l’information

Le professeur associé, Kevin Walby, dit pour sa part avoir tenté d’obtenir certaines informations auprès du Service de police de Winnipeg, par le biais de demandes d’accès à l’information.

La majorité [lui a] toutefois été refusée, explique-t-il.

Selon lui, bien que les données au sujet des victimes soient probablement partielles, elles devraient déjà être communiquées, notamment aux groupes communautaires.

Il croit qu’une communication plus efficace de l’information auprès des groupes visés par la violence aurait pu prévenir de nombreux crimes, référant notamment aux meurtres du tueur en série présumé de Winnipeg.

Nous ne devrions pas à avoir à faire des demandes d’accès à l’information, à aller en cour pour obtenir des données de la police, croit le professeur de l’Université de Winnipeg.

La police de Winnipeg soutient de son côté transmettre à Statistique Canada les données ethniques concernant les victimes et les personnes accusées de meurtre.

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