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Frappé par des policiers : nouvelle enquête réclamée sur la mort de Koray Kevin Celik

Un rapport d'enquête du coroner a révélé que les policiers ont joué « un rôle déterminant » dans la mort de cet homme de 28 ans, survenue en 2017.

Une photo de finissant de Koray Kevin Celik.

Koray Kevin Celik est mort à l'âge de 28 ans après une intervention policière.

Photo : Radio-Canada / CBC

Pour Lynda Khelil, porte-parole de la Ligue des droits et libertés, il n'y a aucun doute : sans l'intervention des policiers à la maison des parents de Koray Kevin Celik le 6 mars 2017, ce jeune homme serait toujours vivant. « On considère qu'il a été victime de brutalité policière », ajoute-t-elle.

Son organisation demande au gouvernement du Québec d'ordonner la tenue d'une enquête indépendante afin d'examiner la décision du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) de ne pas porter d'accusations contre les quatre policiers qui ont participé à la tentative d'arrestation.

Elle s'appuie sur un rapport d'enquête publique du coroner Me Luc Malouin publié vendredi et qui conclut, six ans plus tard, que les agents ont joué un rôle déterminant dans la mort de l'homme de 28 ans.

Nuit fatale

Le 6 mars 2017, au petit matin, les parents de Koray Kevin Celik composent le 911. Leur fils a les facultés fortement affaiblies et veut prendre une voiture pour aller chercher des somnifères. Il est confus et agressif lorsque sa mère tente de l'empêcher de partir.

À 2 h 25, les premiers agents du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) arrivent à la maison de l'île Bizard. À peine trois minutes plus tard, Koray Kevin Celik gît sur le plancher, menotté, quatre agents autour de lui. Il est en arrêt cardio-respiratoire. Sa mort sera constatée quelques heures plus tard à l'hôpital.

Il a bel et bien reçu des coups, avance Mme Khelil en citant le rapport qui remet en cause la version des agents, qui disaient ne pas l'avoir frappé lorsqu'il était au sol.

Les parents de la victime ont assisté à la scène et ont toujours maintenu que les policiers avaient usé de force excessive envers leur fils, une version des faits que le coroner juge désormais très crédible, et ce, même si les parents ont refusé de participer à l'enquête.

Cesur Celik et Tracy Wing assis à une table lors d'une conférence de presse.

Cesur Celik et Tracy Wing, les parents de Koray Kevin Celik, ont refusé de participer à l'enquête du coroner, qui a néanmoins conclu que leur version des événements était crédible.

Photo : La Presse canadienne / Paul Chiasson

Pourtant, c'est le récit des événements relaté par les policiers qui a été retenu par le Bureau des enquêtes indépendantes (BEI), chargé de faire la lumière sur cette intervention policière. Le témoignage des parents, lui, a été écarté. Le BEI a conclu en 2018 que les policiers n'avaient rien à se reprocher.

Le DPCP a choisi de ne pas porter d'accusations.

Devant les constats du coroner, on considère qu'il est nécessaire qu'il y ait une révision de la décision du DPCP par un comité indépendant, dit Mme Khelil. Elle demande au ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, d'intervenir en ce sens.

Il existe, selon elle, un précédent qui justifie cette demande. En 2014, le policier Patrick Ouellet roulait à 140 km/h dans un secteur résidentiel lorsqu'il a percuté une autre voiture et tué un enfant de cinq ans. Le DPCP avait d'abord choisi de ne pas porter d'accusations à son endroit, mais devant la grogne populaire, le gouvernement de Philippe Couillard avait mandaté un panel d'experts pour analyser cette décision.

Patrick Ouellet a finalement dû subir un procès. Il a été reconnu coupable de conduite dangereuse ayant causé la mort, puis condamné à huit mois de prison.

Une femme fixe l'objectif de la caméra.

Lynda Khelil, porte-parole de la Ligue des droits et libertés.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Le BEI ni indépendant, ni impartial, ni transparent

Avec cette affaire, c'est tout le processus de la police qui enquête sur la police que la Ligue des droits et libertés remet en cause.

On est devant le constat qu'on n'a aucune garantie d'impartialité en ce moment dans les décisions [du BEI], lance Lynda Khelil. Et il y a une grande proximité institutionnelle entre les corps de police et le DPCP. Ça prend de plus grandes exigences de transparence.

On fait un constat : le BEI porte mal son nom. Ce n'est pas un bureau d'enquêtes indépendantes. Il n'est pas indépendant du milieu policier. Il n'est pas impartial tel qu'il le prétend, et il n'est assurément pas transparent.

Une citation de Lynda Khelil, porte-parole de la Ligue des droits et libertés

En fait, on peut même dire que le BEI est un cancre en matière de transparence lorsqu'on le compare à des organismes similaires au Canada, ajoute-t-elle.

Il faut selon elle obliger le BEI à faire ce que d'autres organismes comme lui font au Canada, c'est-à-dire publier un rapport détaillé et anonymisé de chacune de ses enquêtes qui portent sur un décès ou sur des blessures graves après une intervention policière ou sur une détention par un corps de police, dans le contexte où le DPCP ne porte pas d'accusations criminelles.

Pour Lynda Khelil, il en va de la confiance du public dans le processus. Le but, c'est que la population et les familles des victimes puissent comprendre comment l'enquête a été menée, dit-elle.

Dans ce cas-ci, le BEI a été en mesure d'éclipser complètement la version des parents, soutient Mme Khelil. Si les parents n'avaient pas contacté les médias, la population n'en aurait jamais eu connaissance.

Appelé à commenter, le cabinet de François Bonnardel s'est contenté de confirmer avoir reçu le rapport.

Nous en sommes à en faire une analyse détaillée, ajoute-t-on. Nous ne réagirons pas avant que celle-ci soit terminée.

Au moment d'écrire ces lignes, Radio-Canada n'avait pas été en mesure de joindre le Directeur des poursuites criminelles et pénales.

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