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La fusillade de Bourget met en lumière les problèmes de sécurité au sein de la police

Deux policiers de la PPO.

Le sergent Eric Mueller a perdu la vie le 11 mai, lors d'une fusillade pendant qu'il répondait avec des collègues à un appel, au milieu de la nuit. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / PATRICK DOYLE

Radio-Canada

Le meurtre d’un agent de la Police provinciale de l’Ontario (PPO) au début du mois, dans un petit village dans l’est ontarien, a amené les experts à s’interroger sur la manière de rendre le maintien de l’ordre plus sûr.

En 1962, 10 policiers canadiens ont été tués dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions, ce qui constitue un record. Pourtant, un nouveau record pourrait être établi en 2023.

Les anciens et actuels policiers, leurs familles et de nombreux membres du public se demandent ce qui peut et doit être fait pour assurer la sécurité des policiers.

Scott Blandford, un vétéran de 30 ans de la police de London (Ontario) qui dirige aujourd’hui le programme de police et de sécurité publique de l’université Wilfrid Laurier, explique qu’il existe une multitude de facteurs.

Selon M. Blandford, les policiers sont parfois obligés d’accomplir des tâches qui outrepassent leurs fonctions, particulièrement lorsqu’il s’agit d’interventions liées à la santé mentale.

Il est presque impossible d’amener un policier au niveau d’expertise d’un praticien de la santé mentale si l’on considère tous les autres types d’incidents pour lesquels il doit également se former.[…] Les exigences de la police ont augmenté de manière exponentielle et pourtant le filet de sécurité sociale n’a pas augmenté pour soutenir cela, a-t-il commenté.

Deux policiers se font une accolade.

La fraternité policière était visible, jeudi matin, à Bourget, alors que le sergent Eric Mueller venait d'être assassiné. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

Si les policiers sont souvent confrontés à des situations potentiellement violentes lorsqu’ils répondent à des appels, ils ne se rendent pas toujours compte du facteur santé mentale avant d’avoir fait face à la menace immédiate, comme une arme ou le bruit de coups de feu, a fait valoir M. Blandford.

M. Blandford a affirmé que plusieurs chefs de police lui ont confié qu’ils seraient heureux qu’on allège la corvée des policiers.

Le problème est que le filet de sécurité sociale n’a pas créé les ressources et l’infrastructure nécessaires pour traiter ces problèmes, et c’est donc à la police qu’il incombe de le faire. Si l’on voulait former un agent à ce niveau expertise, en plus de toutes les autres formations qu’il doit suivre, il ne serait jamais dans la rue, a-t-il ajouté.

Besoin de professionnels de la santé mentale

M. Blandford donne en exemple la police de Calgary qui aurait utilisé, avec succès, des équipes de professionnels de la santé mentale et de policiers pour répondre à certains appels. Cela a été une réussite jusqu’à présent, a surenchéri M. Blandford.

Jennifer Schulenburg, professeure associée au département de sociologie et d’études juridiques de l’université de Waterloo et chercheuse de première ligne dans le domaine de la police, a ajouté que les policiers sont souvent confrontés à des problèmes auxquels la société dans son ensemble n’est pas confrontée.

J’ai consacré plus de 3 000 heures à la publication d’articles sur la police, la santé mentale et la façon dont nous sommes confrontés à ces problèmes insolubles. […] Nous essayons de résoudre ces problèmes avec des pansements. Et lorsque les pansements tombent, la violence est une possibilité accrue, et nous ne pouvons pas arrêter de nous renvoyer la balle, et des officiers meurent, a commenté Mme Schulenburg.

Réforme de la mise en liberté sous caution

Justin Piché, professeur au département de criminologie de l’Université d’Ottawa, affirme qu’il n’existe pas de solution miracle à ce problème et qu’il n’est pas d’accord avec certaines des idées avancées par rapport au décès du sergent Eric Mueller.

Lorsque nous examinons les circonstances de ces décès d’agents de police à travers le Canada, il n’y a pas une seule chose que nous pourrions pointer du doigt qui pourrait relier tous ces décès et qui indiquerait quelque chose que nous pourrions rapidement aborder et changer, a-t-il déclaré.

Le visage de Justin Piché

Le criminologue Justin Piché, qui enseigne à l'Université d'Ottawa, affirme qu'il n'y a pas un seul facteur qui relie les meurtres de policiers au Canada au cours des derniers mois. (Photo d'archives)

Photo : Justin Piché

M. Piché a continué en disant que les dirigeants et les associations de policiers de tout le pays demandent une réforme de la mise en liberté sous caution. Dans le cas des neuf policiers tués à travers le pays depuis septembre, sans compter Eric Mueller, un seul des accusés était en liberté sous caution.

Les recherches que j’ai effectuées montrent que les gouvernements provinciaux et territoriaux construisent des milliards de dollars de nouvelles places de prison. Ces investissements n’ont donc pas encore été réduits de manière appréciable, a fait savoir M. Piché.

Chris Williams, co-auteur de Crisis in Canada’s Policing est du même avis que M. Piché.

L’idée est de plus en plus répandue que le système de justice pénale est extrêmement indulgent à l’égard des personnes libérées sous caution dans le cadre de certaines formes de surveillance. Lorsque l’on examine les données, on s’aperçoit que c’est totalement faux. C’est complètement erroné, a-t-il dit.

Perception de la police

Selon M. Blandford, la perception des policiers a changé au cours des dix dernières années, avec l’avènement des médias sociaux, et cela peut peser sur les policiers.

« Des études ont confirmé que l’utilisation accrue des médias sociaux a conduit les policiers à ne pas agir comme ils le devraient. [...]L’impact est énorme s’il augmente et ajoute une couche supplémentaire de stress pour les officiers lorsqu’ils se trouvent sur une scène quelconque », a commenté M. Blandford.

Mme Schulenburg estime que la façon dont les gens perçoivent la police doit changer, en particulier au vu du nombre d’agents tués au cours des derniers mois.

Ces agents sont morts en essayant d’aider les gens. Mon message est que nous devons nous en souvenir. Ils ont répondu à un appel pour aider les gens , a-t-elle conclu.

Avec les informations de Thomas Daigle, CBC et l'émission Ontario Today

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