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Le taux de mortalité chez les policiers en baisse depuis les années 1960, selon une étude

Une couronne de fleurs avec les mots « Police de l'Ontario ».

Au cours des neuf derniers mois, 10 policiers sont morts dans l'exercice de leurs fonctions en Ontario. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

Radio-Canada

De nouvelles données recueillies par des chercheurs de l’Université d’Ottawa démontrent que le taux de mortalité chez les agents en fonction diminue depuis des décennies au Canada, contrairement à ce qu'affirment des associations de policiers.

Dans les jours suivant la mort du policier Grzegorz Pierzchala en décembre dernier, l’Association ontarienne des policiers dénonçait un nombre sans précédent d’agents ayant récemment perdu la vie dans l’exercice de leur fonction.

Une dizaine d’agents sont morts dans les neuf derniers mois, dont le sergent Eric Mueller, tué le 11 mai dernier.

Des policiers portent le cercueil d'Eric Mueller au milieu de l'assistance réunie au Centre Canadian Tire, à Ottawa.

Des policiers portent le cercueil d'Eric Mueller au milieu de l'assistance réunie au Centre Canadian Tire, à Ottawa, le 18 mai 2023. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick

De tels chiffres n’ont pas été observés depuis le début des années 1960, selon l’étude de l’Université d’Ottawa (Nouvelle fenêtre). Ses auteurs notent néanmoins que, depuis cette époque, le nombre de policiers a plus que doublé au Canada, réduisant ainsi substantiellement le taux de mortalité en service.

Ça ne veut pas dire que nous ne devons pas prendre ces décès au sérieux, mais [la police] ne peut pas dire ce qu'elle veut, estime Justin Piché, professeur agrégé à l'Université d'Ottawa et superviseur du Projet d’éducation en criminalisation et châtiment (Criminalization and Punishment Education Project).

Bien qu’elle ne conteste pas les chiffres de l’étude, l’Association canadienne des chefs de police soutient que ces données n’offrent pas une vue d’ensemble de la situation.

Entre six et sept décès par année

Les chercheurs ont analysé les décès de policiers en fonction de 1962 à aujourd’hui.

Leurs données montrent que 408 policiers canadiens sont décédés durant cette période. Les années 1962 et 1968 ont été les plus meurtrières avec 16 décès respectivement.

Depuis les années 1960, entre six et sept policiers meurent chaque année dans l’exercice de leurs fonctions.

Deux à trois de ces décès sont le fruit d’actes délibérés, notent les chercheurs.

Les neuf décès liés à des actes intentionnels depuis septembre 2022 sont ainsi nettement au-dessus de la moyenne. En fait, il faut remonter à 1962 pour observer un nombre aussi élevé d’attaques meurtrières ciblant des policiers.

Néanmoins, remarque M. Piché, le nombre de policiers au pays est passé de 26 000 au début des années 1960 à 68 000 aujourd’hui.

Le taux de mortalité était beaucoup plus élevé à l'époque [...] ce qui n'est pas reflété dans la rhétorique actuelle autour des décès de policiers, juge-t-il.

Un environnement de plus en plus instable

Danny Smyth, le président de l’Association canadienne des chefs de police, estime que les données de l’étude ne tiennent pas compte de l’environnement instable dans lequel les policiers doivent évoluer aujourd’hui.

Selon lui, la pandémie, les problèmes de dépendance et de santé mentale accompagnés d’un accès accru aux armes à feu ont complexifié le travail des policiers.

On dirait que les chercheurs essaient de minimiser ce qui est arrivé aux policiers dans les neuf derniers mois, déplore-t-il. Ça a été [une période] très éprouvante pour nos membres.

Danny Smyth, le chef du Service de police de Winnipeg, tenant un discours lors d'une conférence de presse.

Danny Smyth est le président de l’Association canadienne des chefs de police et le chef du Service de police de Winnipeg. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Ian Froese

Jennifer Schulenberg, professeure de sociologie à l'Université de Waterloo, abonde dans le même sens. Elle soutient que l’étude néglige l'augmentation générale des crimes violents liés aux armes à feu et ses effets sur la manière dont les agents répondent aux appels.

Selon Statistique Canada, le taux de crimes violents liés aux armes à feu en 2021 était 25 % plus élevé qu'il ne l'était 10 ans plus tôt.

Des dix policiers récemment morts, sept ont été la cible de fusillades.

Une voiture dans le fossé, une dispute domestique… On ne s’attend pas à ce niveau de violence lors de ce type d’intervention, considère-t-elle.

Le système de mise de liberté critiqué

Natalie Delia Deckard est professeure de criminologie à l’Université de Windsor. Elle remet en doute l’idée que les récents décès témoignent d’une situation sans précédent.

Il est relativement plus sécuritaire d'être policier aujourd’hui qu'il ne l'était historiquement, juge-t-elle. À ses yeux, le travail des policiers est plus sécuritaire que celui de bien d’autres travailleurs.

Ça ne peut que s’améliorer à mesure que les liens [entre les agents et les communautés] se développent, ajoute-t-elle.

En réaction à la mort de l’agent Pierzchala, de nombreuses associations de policiers ont demandé un resserrement des lois entourant les mises en liberté. L’un des deux accusés dans la mort du policier était en liberté sous caution au moment des événements.

M. Smyth, le chef de police, estime qu’une réforme du système de mise en liberté permettrait d'assurer la sécurité des policiers et celle des résidents.

Selon M. Piché, d’autres solutions s’imposent. Sommes-nous logés? Avons-nous des revenus suffisants? Avons-nous un accès adéquat aux soins de santé, aux soins de santé mentale et à l'éducation? Lorsque nous n'avons pas accès à ces choses, nous voyons invariablement des personnes en crise, fait-il valoir.

Loin d’écarter ces enjeux, M. Smyth estime qu’il est possible d’agir à plusieurs niveaux pour protéger les policiers.

Avec les informations de Bobby Hristova de CBC

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