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Le Centre d’amitié et des alliés dénoncent les propos du député Pierre Dufour à Val-d’Or

Le Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or et une série d’alliés qualifient d’« inacceptables et indignes » les propos tenus par le député d'Abitibi-Est, Pierre Dufour, lors du conseil municipal de Val-d’Or, le 15 mai dernier.

Elle pose devant un tableau d'oie en vol.

La directrice générale du Centre d'amitié autochtone de Val-d'Or, Édith Cloutier

Photo : Radio-Canada / Julie Marceau

Une déclaration rendue publique mardi est décrite comme un désaveu contre le député d’Abitibi-Est.

Elle est aussi signée par Femmes autochtones du Québec, le Regroupement des centres d’amitié autochtones du Québec, Amnistie internationale Canada, la professeure Carole Lévesque de l’INRS, Peggie Jérôme, de l’organisme Mino Obigiwasin, et les professeures Suzy Basile et Sébastien Brodeur-Girard, de l’École d’études autochtones de l’UQAT.

En tant qu’élu, M. Dufour a failli à son devoir, peut-on y lire. Son discours, au lieu de contribuer à solutionner une problématique sociétale majeure, vient nuire à la paix sociale, aux initiatives de réconciliation entre les peuples et aux efforts de collaboration entre les organismes et les institutions autochtones et non autochtones œuvrant sur le terrain.

Une soirée de défoulement

Le 15 mai, Pierre Dufour a pourfendu publiquement les représentants de la Ville de Val-d’Or lors d’une séance du conseil municipal où près de 80 citoyens avaient rempli la salle pour exprimer leur colère face à l'augmentation de la violence au centre-ville. Pierre Dufour a déploré la façon dont la mairesse Céline Brindamour gérait les problèmes d’itinérance et de délinquance au centre-ville.

M. Dufour a aussi dénigré le reportage de l’émission Enquête de Radio-Canada sur les femmes autochtones, en plus de critiquer la commission Viens, chargée d'examiner les relations entre les Autochtones et certains services publics.

Pierre Dufour, accoté sur un lutrin, s'adresse aux gens présents dans la salle.

Pierre Dufour lors de son intervention, le 15 mai, au cours de l'assemblée publique du conseil municipal de Val-d'Or.

Photo : Radio-Canada / Marc-André Landry

« C'est dommage et dommageable »

Les signataires estiment que les envolées oratoires du député discréditent les témoignages de victimes courageuses et viennent rouvrir les plaies à peine cicatrisées, tant chez les femmes autochtones que parmi la population en général. Ses propos encouragent une radicalisation du discours qui laisse le champ libre à l’expression du racisme et de la discrimination systémique.

Le Centre d’amitié autochtone et ses alliés déplorent aussi que ces propos portent atteinte à la démarche démocratique de la commission Viens, un exercice qui ouvre pourtant la porte à un nouveau dialogue et à des engagements responsables et positifs.

En entrevue à l’émission Des matins en or, mardi, la directrice générale du Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or, Édith Cloutier, s’est dite peu convaincue par les excuses formulées par Pierre Dufour sur sa page Facebook et en entrevue à Radio-Canada.

Dès le lendemain du conseil municipal, j’ai appelé Pierre Dufour, précise-t-elle. On a toujours eu une bonne collaboration et je voulais exprimer de vive voix mon indignation. Je voulais lui dire qu’il a failli à son rôle de représenter l’ensemble de ses citoyens, ce qui inclut les personnes en situation d’itinérance et les femmes autochtones.

Je n’ai pas senti de remords et ça n’a pas été suivi d’actions très concrètes. Il s’excuse d’avoir froissé des sensibilités, mais pour des excuses sincères, on parle beaucoup plus de l’impact que des propos peuvent avoir sur des personnes fragilisées. C’est dommage et c’est dommageable.

Une citation de Édith Cloutier

Concernant la question de l’itinérance et de la délinquance au centre-ville de Val-d’Or au cœur de ce dossier, Édith Cloutier reconnaît que la situation est problématique. Elle répète que le Centre d’amitié autochtone pose des actions importantes au quotidien.

On collabore avec tous ceux et celles qui ont le travail d'amener la paix sociale. Il n’y a pas qu’une solution, mais si les gens se sentent insécures, c’est qu’il y a une croissance de la réalité de l’itinérance. Face à l’inconnu, ça engendre la peur et l’inconfort. Notre travail est de diminuer le plus possible ce sentiment d’insécurité. Ce n’est pas simple de mettre en place une série de solutions, mais ça prend des ressources, de l’énergie, de l’argent et surtout du temps pour le faire adéquatement dans un contexte complexe, ajoute-t-elle.

Des conséquences possibles, selon Femmes autochtones

Présidente de Femmes autochtones du Québec, Marjolaine Étienne craint pour sa part que les propos de Pierre Dufour sur le reportage d’Enquête en 2015 aient un impact sur la volonté des femmes autochtones de dénoncer des abus.

Ça peut avoir des conséquences, ça peut les freiner, avance-t-elle. Les femmes ont pris leur courage à deux mains en 2015 pour dénoncer une situation. On est en 2023 et ça refait surface. C’est important de réagir à des propos inacceptables d’un député.

Une dame répond aux questions en conférence de presse, derrière un micro.

Marjolaine Étienne, présidente de Femmes autochtones du Québec. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Femmes autochtones réitère ses demandes au gouvernement pour une reconnaissance du racisme systémique et d’adopter le Principe de Joyce.

On entend que l’événement de Joliette était un cas isolé, on rebondit à Val-d’Or avec ce cas-ci, note Marjolaine Étienne. Ce ne sont pas des cas isolés. Tout se relie. Si on travaille sur la reconnaissance du racisme systémique, on peut au moins minimiser les tendances qu’on observe ces temps-ci, soit à Val-d’Or ou autre. Sinon, ça se transporte à différents niveaux.

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