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Des Autochtones du Manitoba remettent en question leurs relations avec l’Église catholique

Les mains jointes, une personne tient un chapelet avec une croix bien visible au bout de la chaîne.

Environ 150 000 enfants autochtones auraient été forcés de fréquenter des pensionnats au Canada, où la négligence et les violences physiques et sexuelles étaient endémiques. Plus de 60 % de ces écoles étaient gérées par l'Église catholique.

Photo : Getty Images / Dan Kitwood

Radio-Canada

Des Premières Nations au Manitoba réexaminent la place de l’Église catholique au sein de leurs communautés, après que des accusations d’agression sexuelle ont été portées contre un prêtre cette semaine.

Mardi dernier, la Gendarmerie royale du Canada a annoncé l’arrestation d’Arul Savari, un prêtre catholique. Ce dernier est accusé d’agression sexuelle, de leurre d’enfants et de séquestration à l’encontre d’une fillette de 8 ans alors qu’il travaillait dans la Première Nation Little Grand Rapids.

Selon le chef de Little Grand Rapids, Oliver Owen, la communauté a rapidement réagi aux allégations, exprimant son désir de voir l’Église quitter la Première Nation.

Originaire de la Première Nation saulteaux Tootinaowaziibeeng, dans l’ouest du Manitoba, Geraldine Shingoose dit comprendre la raison qui pousse la communauté de Little Grand Rapids à vouloir mettre fin à sa relation avec l’Église catholique.

Cela a ravivé les violences que j’ai subies, explique cette survivante des pensionnats pour Autochtones. Cela a réveillé l’histoire de ce qu’a fait l'Église catholique aux nations autochtones, aux enfants autochtones dans les pensionnats.

Les événements à Little Grand Rapids surviennent peu de temps après que l’Église catholique a exprimé sa volonté d'avancer dans la réconciliation avec les peuples autochtones.

Toutefois, Geraldine Shingoose ne voit pas de place pour la réconciliation et la guérison.

Une femme devant un coucher de soleil sourit à la caméra.

Geraldine Shingoose, autrefois fervente catholique, a coupé ses liens avec l'Église en 2010.

Photo : Photo : Geraldine Shingoose

Maintenant, en 2023, il y a une chance pour nous d'assurer la sécurité de nos enfants, affrime Geraldine Shingoose. Nous n'avons pas besoin de l'Église catholique.

Nous voulons simplement prendre soin [des enfants] et refuser l’entrée dans la communauté à quiconque qui représenterait une menace. L'Église catholique en fait partie.

Une citation de Geraldine Shingoose, membre de la Première Nation saulteaux Tootinaowaziibeeng

[L’Église] doit être prudente, ajoute-t-elle. Qui dirige leurs messes? Vérifiez réellement leurs antécédents.

Une foi catholique toujours forte dans certaines communautés

Le chef de la Première Nation de Sagkeeng, E.J. Fontaine, a été un élève de jour au pensionnat catholique de Fort Alexander. De nombreux membres de sa famille ont également fréquenté des pensionnats.

Un homme en complet sourit à la caméra.

Le chef de la Première Nation de Sagkeeng, E.J. Fontaine, ne se considère pas comme catholique, mais fréquente l’Église à Noël en l’honneur de ses parents.

Photo : Photo : E.J. Fontaine

Selon lui, l'Église a des racines profondes dans la communauté, bien que la congrégation s’amenuise.

C'est important pour certaines personnes, affirme M. Fontaine. Quand j’étais jeune, l'Église catholique avait un rôle énorme dans la communauté.

En juin 2017, après son arrivée au Canada, Arul Savari a reçu du mentorat et de l’encadrement d’accueil avec des prêtres à Sagkeeng et à Poplar River, selon l'archidiocèse de Saint-Boniface.

E.J. Fontaine déclare qu'il n’était pas au courant du passage du prêtre à Sagkeeng.

Je n'ai pas entendu la communauté dire que nous devions nous débarrasser de l'Église catholique à cause de ce qui s'est passé, ajoute-t-il.

Je ne blâme pas la communauté [de Little Grand Rapids et son] chef de vouloir le départ de l'Église. Si cela se produisait ici, je suis sûr que les gens ressentiraient la même chose, mais je crois que la réflexion serait davantage axée sur le fait de se débarrasser du prêtre plutôt que de l'Église.

Une citation de E.J. Fontaine, chef de la Première Nation de Sagkeeng

En mars dernier, Arthur Massé, un prêtre à la retraite qui travaillait au pensionnat de Fort Alexander, a été acquitté d'attentat à la pudeur à la suite d'allégations d’agression sexuelle sur une ancienne élève.

Selon E.J. Fontaine, même si des membres de la communauté étaient en colère après le verdict, l'Église aurait toujours sa place à Sagkeeng. Il y a encore des gens qui suivent l'Église malgré tous les dégâts infligés à notre peuple.

Un pas en arrière dans une relation abîmée

La cheffe régionale de l'Assemblée des Premières Nations, Cindy Woodhouse, estime que l'Église catholique devrait avoir des politiques plus strictes pour empêcher que les prêtres ne se retrouvent seuls avec des enfants.

Une femme porte une coiffe traditionnelle autochtone et s'adresse au micro.

« Notre peuple est très spirituel. Cela dit, nous ne nous attendons pas à ce que de telles choses se produisent », explique la cheffe régionale de l'Assemblée des Premières Nations, Cindy Woodhouse, en référence aux allégations d'agression sexuelle contre un prêtre.

Photo : La Presse canadienne / Spencer Colby

Selon elle, le récent incident à la Première Nation Little Grand Rapids ravive des traumatismes et choque de nombreux membres des Premières Nations.

Le pape était venu s'excuser pour son rôle dans la spoliation de nos langues et dans les pensionnats et on pensait en quelque sorte aller dans la bonne direction. Quand des choses comme ça se produisent, cela fait reculer la relation encore une fois, affirme-t-elle.

Avec les informations de Josh Crabb

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