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Feux de forêt : des Autochtones exigent un moratoire sur les coupes

Une banderole au milieu d'un chemin forestier sur laquelle on peut lire : « Gardiens du territoire à l'affût ».

Des Autochtones gardiens des territoires ancestraux des Innus, des Atikamekw et des Mohawks exigent un moratoire sur les coupes forestières au Québec.

Photo : Gracieuseté du Collectif Mashk Assi

En raison du « désastre écologique causé par les feux de forêt », une coalition d'Autochtones traditionalistes innus, atikamekw et mohawks exige un moratoire sur les coupes forestières et les activités minières au nord du fleuve Saint-Laurent d’ici la fin de 2023.

Cette coalition est formée du collectif innu Mashk Assi qui défend le territoire non cédé du Nitassinan; du mouvement Ekoni Aci qui réunit des défenseurs du territoire atikamekw de Manawan et de Wemotaci; et des Kanien'kehà:ka Kahnistensera, mieux connues sous le nom de Mères mohawks.

Ces Autochtones ont officialisé leur demande de moratoire en faisant parvenir une lettre au procureur général du Québec, au procureur général du Canada et au ministère des Ressources naturelles et des Forêts.

Les forêts ne peuvent plus être le terrain de jeu de l’industrie. La situation actuelle constitue un cas de force majeure qui demande un temps d’arrêt pour réfléchir et mettre en œuvre des solutions exceptionnelles, écrit la coalition. On ne saurait prendre le risque de ramener la machinerie des coupes forestières dès que les feux seront maîtrisés, puisque les étincelles des moteurs et de l’équipement risqueraient d’en créer de nouveaux et de détruire le peu de forêts qu’il nous reste. Il faut laisser la forêt se régénérer, soutiennent les membres des trois collectifs autochtones.

Des militants avec des banderoles bloquent un chemin forestier.

Des militants innus et atikamekw bloquent des chemins forestiers pour s'opposer aux coupes sur leur territoire ancestral non cédé.

Photo : Gracieuseté du Collectif Mashk Assi

Les communautés autochtones face aux feux de forêt

Consulter le dossier complet

Feu de forêt avec fumée et flammes, près d'une rivière, le 15 mai 2023, à Hay River, aux Territoires du Nord-Ouest.

Ces militants des Premières Nations rappellent que les millions d'hectares brûlés touchent non seulement l'habitat de la faune qui est cruciale à leur culture, mais aussi la santé de plusieurs communautés autochtones.

Avec ce qui se passe concernant la qualité de l’air qui est irrespirable à plusieurs endroits, on pense que c’est vraiment important de mettre un frein actuellement, a précisé Michael Paul du collectif Mashk Assi.

En plus du moratoire, les Autochtones qui se présentent comme les détenteurs de titres ancestraux de leurs territoires respectifs demandent la tenue d’une enquête sur les causes des feux de forêt.

Le gouvernement, par sa mauvaise gestion de la forêt, a créé cette situation de danger extrême dont il est responsable. En priorisant la rentabilité, le gouvernement a créé des forêts de monoculture de conifères qui se transforment en véritables poudrières par temps sec et chaud, au péril de la santé publique.

Une citation de Extrait de la lettre du collectif Mashk Assi, du mouvement Ekoni Aci et des Mères mohawks

Cet aménagement forestier est axé sur le potentiel de coupe, sur le développement industriel et sur le profit immédiat. La place prioritaire de l’industrie forestière dans l’aménagement des forêts est trop grande et a créé une situation de danger inouï. Il faut agir immédiatement pour sortir de cette impasse, poursuivent les Autochtones traditionalistes.

Le feu de forêt de Chibougamau, vu des airs.

Le feu de forêt de Chibougamau (Photo d'archives)

Photo : Gracieuseté

La coalition réclame aussi qu'une étude indépendante d’impact environnemental soit menée en collaboration avec le Rapporteur spécial des Nations unies et qu’elle soit présidée par les gardiens autochtones du territoire. Nous sommes les dépositaires d’un savoir ancestral qui a permis à la forêt boréale de subsister jusqu’à aujourd’hui. Nous connaissons tous les recoins de notre territoire et les familles d’animaux avec qui nous le partageons. Comme reconnu par un rapport de l’ONU, les Autochtones sont de loin les meilleurs gardiens du territoire naturel et de l’environnement, et ce, partout sur la planète, soutient la coalition.

Le blocage maintenu dans la réserve faunique des Laurentides

Il y a trois semaines, avant que les feux de forêt n'éclatent et que des restrictions n'entrent en vigueur, des Autochtones du collectif Mashk Assi ont forcé la fermeture de plusieurs chantiers forestiers situés dans la réserve faunique des Laurentides. Ils dénoncent le saccage des forêts au sud du lac Kénogami.

Ce blocage est toujours en vigueur sur le Nitassinan. Un campement permanent a notamment été installé à la hauteur du kilomètre 216 de la route 175 pour surveiller les allées et venues en forêt.

Ces Innus, qui ne bénéficient pas de l’appui du conseil de bande de Mashteuiatsh, ont fait parvenir des avis d’expulsion aux compagnies forestières présentes sur leur territoire ancestral. 

Depuis le 29 mai, les militants autochtones patrouillent régulièrement dans le Nitassinan pour s’assurer qu’il n’y a pas de coupes forestières.

On est prêts à aller en cour si ce n’est pas respecté, a mentionné l’artiste engagé Michael Paul.

Un campement autochtone en forêt.

Des Innus ont installé un campement permanent le long du chemin forestier situé au kilomètre 216 de la réserve faunique des Laurentides.

Photo : Gracieuseté du Collectif Mashk Assi

Le Groupe Lignarex, qui qualifie ce dossier de délicat, fait partie des industriels qui ont obtempéré en retirant leur machinerie forestière de certains chantiers. Dès le départ, les dirigeants de Lignarex s’étaient dits prêts à négocier avec les Innus.

Le collectif a d’ailleurs autorisé la compagnie forestière à récupérer les arbres déjà abattus pour éviter de gaspiller du bois.

Avec les informations de Gabrielle Morissette

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