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Déclin du caribou : cinq catégories de risques sont intolérables, disent des chercheurs

Un caribou des bois.

« C'est un enjeu complexe, protéger une espèce, protéger l'environnement », affirme la juriste et chercheuse, Julie Pelletier. (Photo d'archives)

Photo : Gracieuseté: Gouvernement de la Saskatchewan

La Chaire de recherche du Canada en économie écologique a publié mercredi une analyse des risques rattachés au déclin du caribou au Québec. Le rapport intitulé Perspectives globales sur les risques liés au déclin des populations de caribous du Québec évalue huit secteurs de risques susceptibles d'être touchés par des mesures insuffisantes de protection de l'espèce.

Les résultats de l'étude révèlent que cinq des huit catégories de risques présentent une probabilité très élevée de se concrétiser en occasionnant au passage des impacts majeurs sur la société. Les responsables du rapport estiment que la mise en œuvre immédiate de mesures d’atténuation des conséquences est nécessaire.

La juriste, chercheuse et co-autrice du rapport, Julie Pelletier, explique que le groupe voulait aller au-delà des menaces sur la biodiversité.

On voulait faire une liste de l'ensemble des risques auxquels le gouvernement et le secteur privé font face, si jamais l'espèce venait à disparaître, ou si son déclin continuait à se poursuivre, affirme-t-elle.

Huit catégories de risques associés au déclin du caribou

Biodiversité - risque non tolérable
Gouvernance et orientations stratégiques - risque non tolérable
Valeurs et éthique
Juridiques - risque non tolérable
Réputationnels - risque non tolérable
Économiques
Sociaux – communautés autochtones - risque non tolérable
Sociaux – travailleurs et grand public

Source : Perspectives globales sur les risques liés au déclin des populations de caribous du Québec, 2023

Les catégories critiques

Le risque sur la biodiversité a été largement médiatisé et documenté. Julie Pelletier souligne que le caribou est un très gros mammifère, ce qui en fait une espèce que l’on qualifie de parapluie. Si le caribou venait à disparaître, on peut facilement imaginer qu’il y aurait des répercussions sur les autres espèces qui cohabitent dans son habitat et probablement sur ces écosystèmes-là, fait-elle valoir.

En ce qui a trait aux risques sur la gouvernance et les orientations stratégiques, la disparition du caribou forestier mettrait en lumière que la structure de gouvernance ne permet pas d’assurer la protection de la biodiversité ni de maximiser la collaboration avec les Premières Nations, peut-on lire dans le rapport.

Il existe plusieurs lois qui protègent la biodiversité au Québec, mentionne l’étude. En ce qui concerne la protection du caribou forestier, c'est la loi fédérale sur les espèces en péril qui force le ministère de l’Environnement et du Changement climatique à intervenir lorsqu’une province ne met pas en place des mesures suffisantes pour protéger une espèce ou son habitat.

Il faut comprendre que le niveau fédéral n'a pas le choix d'intervenir. Et s'il décidait de ne pas intervenir, il y a des recours qui pourraient être pris par des groupes de citoyens ou par des groupes d'intérêt pour le forcer à agir, explique Julie Pelletier. C’est à ce moment que le risque juridique est jugé non tolérable, selon le rapport.

Le risque réputationnel, quant à lui, réside dans l’inquiétude croissante de la population québécoise quant à la situation, que ce soit la perte de biodiversité ou les changements climatiques. La chercheuse s’attend ainsi à des actions de la part des instances gouvernementales.

Mme Pelletier souligne qu’il est essentiel de se rappeler qu’en décembre dernier, le Québec a été l'hôte de la Convention internationale sur la biodiversité, qui a mené à un accord historique. Si des mesures suffisantes ne sont pas prises pour protéger le caribou, on pourrait fort bien imaginer qu’il y aurait des risques importants au niveau de la réputation pour les deux niveaux de gouvernement et le secteur privé, estime-t-elle

Le dernier risque qui est identifié comme critique ou non tolérable par le rapport est celui sur les risques sociaux en lien avec les communautés autochtones. Ces risques comprennent la perte d’une partie de la culture autochtone et les impacts sur le mode de vie ainsi que la perte de sources de nourriture, peut-on lire dans le rapport.

Julie Pelletier souhaite que ce genre d’outil basé sur l’analyse des risques soit plus fréquemment utilisé par les gouvernements et les entreprises privées pour prendre des décisions éclairées.

Elle affirme que cet outil devrait aussi servir à la consultation et aux communications.

La perte d’une espèce est une problématique complexe et la stratégie de protection et de rétablissement du caribou devra répondre à cette complexité. Les mesures d’atténuation doivent être suffisantes face aux nombreux risques que nous avons analysés, est d'avis Julie Pelletier, juriste et chercheuse à la Chaire de recherche du Canada en économie écologique.

D'après une entrevue de Véronique Saint-Onge

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