•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Enbridge pourra exploiter sa canalisation 5 controversée jusqu’en juin 2026 au plus tard

Un pipeline.

La Première Nation Chippewa de Bad River, près du lac Supérieur, est devant les tribunaux contre Enbridge depuis 2019. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / JONATHAN HAYWARD

La Presse canadienne

La controversée canalisation 5 pourra pour l'instant continuer à être exploitée sur un territoire du Wisconsin qui appartient à une communauté autochtone, mais cette situation « devra cesser » le 16 juin 2026, a statué un juge américain lundi.

Établie à Calgary, Enbridge avait demandé au juge du tribunal de district du Wisconsin William Conley de clarifier une ordonnance dévoilée plus tôt ce mois-ci, qui donnait trois ans à l'entreprise pour modifier cette portion de son pipeline.

Enbridge a l'intention de construire un détour de 66 kilomètres pour contourner le territoire souverain de la Première Nation Chippewa de Bad River, près du lac Supérieur, et ainsi de remplacer le tronçon de 19 kilomètres qui le traverse.

De récents documents juridiques suggèrent que la société avait bon espoir que le juge Conley amende sa décision pour empêcher la fermeture de la canalisation 5 avant que la nouvelle trajectoire du pipeline soit complétée.

Cependant, la réponse obtenue lundi est sans équivoque.

Enbridge demande une confirmation selon laquelle elle peut continuer à exploiter la canalisation 5 dans le cours normal de ses affaires pendant trois ans à compter de la date du jugement sur les [terrains] pour lesquels elle ne détient pas de droits de passage valides, a écrit le juge.

De façon générale, la compréhension d'Enbridge est juste, a-t-il continué, étant donné que les terrains en question faisaient partie de la poursuite et que la société respecte l'ordre de partager les profits avec la communauté autochtone.

Cependant, comme il est noté, l'exploitation de la canalisation 5 sur ces terrains devra cesser le 16 juin 2026.

Une citation de Extrait de la décision du juge américain William Conley

Enbridge affirme que le calendrier du réacheminement dépendra des décisions d'approbation du département des Ressources naturelles du Wisconsin et du Corps du génie de l'armée des États-Unis, attendues en 2025. Le réacheminement des tuyaux en tant que tel devrait pour sa part s'étirer sur environ un an.

Cependant, cette fenêtre de trois ans – qui s'est ouverte il y a dix jours, comme l'a confirmé le juge Conley – pourrait être trop étroite au goût de l'entreprise, si on se fie aux arguments présentés vendredi par ses avocats dans un document déposé à la cour.

Enbridge maintient respectueusement qu'elle a demandé à l'autorité légale de reporter toute injonction jusqu'à ce que le réacheminement soit opérationnel, évitant ainsi toute perte de service et dommages résultants au public, affirme le document.

La cour a l'autorité de ne pas émettre ou de suspendre une injonction afin qu'elle coïncide avec l'entrée en activité de la nouvelle canalisation pour assurer que l'intérêt public reste protégé de conséquences adverses substantielles.

La communauté de Bad River s'oppose à Enbridge devant les tribunaux depuis 2019, affirmant que l'entreprise n'a plus l'autorisation de mener des activités sur ses terres depuis 2013. Le juge Conley est d'accord, mais Enbridge insiste pour faire valoir qu'une entente de 1992 avec la communauté autochtone lui permet de poursuivre ses activités.

Toutefois, le juge a longtemps hésité à ordonner la fermeture immédiate de la canalisation, invoquant le risque de conséquences économiques désastreuses, des pénuries persistantes de carburant dans le Midwest, en Ontario et au Québec ainsi qu'une cicatrice durable sur les relations canado-américaines.

Alors même qu'il a conclu, plus tôt ce mois-ci, qu'une rupture de la canalisation 5 sur le territoire de Bad River répondrait sans aucun doute à la définition d'une nuisance publique en vertu de la loi fédérale, le juge Conley a donné trois ans à Enbridge pour ajuster le parcours de son pipeline, en plus de lui ordonner de partager avec la communauté autochtone les bénéfices de la canalisation 5, à commencer par un acompte de 5,1 millions de dollars américains.

Cette conclusion a fait des mécontents parmi chacune des deux parties.

Les avocats de Bad River affirment que la période de trois ans est trop longue, étant donné le risque d'une rupture catastrophique dans un bassin versant clé du lac Supérieur. Ils estiment que la sanction financière est trop faible pour que la souveraineté autochtone ne soit pas de nouveau violée à l'avenir.

Cependant, Enbridge a également indiqué qu'elle contestait la conclusion du juge Conley selon laquelle la société était en situation d'infraction et qu'elle avait l'intention de faire appel de la décision. Elle pourrait également demander une suspension de l'ordonnance en attendant cet appel.

Négociations entre le Canada et les États-Unis

Les pourparlers entre le Canada et les États-Unis se poursuivent depuis des mois en vertu du Traité sur les pipelines de transit, un accord de 1977 qui interdit effectivement à chaque partie de fermer unilatéralement le flux d'hydrocarbures.

Le différend est devenu plus urgent en avril, lorsque de fortes inondations printanières ont emporté de vastes portions de la rive où la canalisation 5 croise la Bad River, une rivière sinueuse de 120 kilomètres qui alimente le lac Supérieur et un réseau complexe de zones humides écologiquement fragiles.

Les groupes environnementaux qualifient le pipeline vieux de 70 ans de bombe à retardement avec un bilan de sécurité douteux, malgré les affirmations contraires d'Enbridge.

L'État voisin du Michigan, par la voix de la procureure générale Dana Nessel, s'est également opposé à la présence de la canalisation 5, craignant une fuite dans le détroit de Mackinac, la voie navigable écologiquement fragile où le pipeline traverse les Grands Lacs.

La canalisation 5 transporte quotidiennement 540 000 barils de pétrole et de gaz naturel liquide à travers le Wisconsin et le Michigan vers les raffineries de Sarnia, en Ontario.

Ses défenseurs, dont le gouvernement fédéral américain, affirment qu'une fermeture entraînerait des perturbations économiques majeures dans les Prairies et dans le Midwest américain, où elle fournit des matières premières aux raffineries du Michigan, de l'Ohio et de la Pennsylvanie.

Elle approvisionne également des installations de raffinage clés en Ontario et au Québec et est essentielle à la production de carburéacteur pour les principaux aéroports des deux côtés de la frontière canado-américaine, notamment le Detroit Metropolitan et l'aéroport international Pearson de Toronto.

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Chargement en cours

Infolettre ICI Alberta

Une fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité régionale.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre d’ICI Alberta.