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Langues autochtones : quand le modèle canadien inspire à l’étranger

Un enseignant écrit en langue kanien'kéha (mohawk) sur un tableau blanc.

Plusieurs communautés comme celle de Tyendinaga, en Ontario, ont développé leur propre méthode pour réapprendre leur propre langue. (Archives)

Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick

Alors que de nombreuses communautés autochtones au pays s'efforcent d’enseigner leur langue pour éviter qu'elle ne disparaisse, d’autres pays s’intéressent aux stratégies menées au Canada. La directrice du Musée canadien des langues est ainsi allée à Taïwan pour présenter les avancées faites au pays.

C’est dans un contexte où la péninsule taïwanaise tente de renforcer l’enseignement de ses propres langues autochtones, en signe aussi de résistance à l'hégémonie culturelle de Pékin, qu’Elaine Gold a été conviée à un forum sur la revitalisation des langues austronésiennes.

Ils voulaient apprendre de l’expérience du Canada avec les langues autochtones. Ils étaient particulièrement intéressés aux politiques gouvernementales qui font la promotion de la revitalisation des langues autochtones, explique la directrice du Musée canadien des langues.

Il faut dire que le forum était organisé par le gouvernement taïwanais et la Fondation de recherche et développement des langues, affilié à ce dernier.

La directrice du Musée canadien des langues, Elaine Gold, fait une présentation devant des Taiwanais.

La directrice du Musée canadien des langues, Elaine Gold, a été invitée à Taipei au début du mois de septembre pour présenter la situation des langues autochtones au Canada.

Photo : Elaine Gold

Je voulais aussi leur expliquer ce que les différentes communautés autochtones ont fait de leur côté. De ce que j’ai pu voir à Taïwan, c’est surtout une organisation qui vient d’en haut.

Une citation de Elaine Gold, directrice du Musée canadien des langues

La Décennie internationale des langues autochtones

Consulter le dossier complet

Un tableau noir où est écrit Bienvenue en plusieurs langues autochtones.

Ils font vraiment un bon travail, tant au niveau du ministère que dans leur groupe de recherche. Mais je voulais leur montrer toutes les choses qui sont faites depuis le terrain au Canada, remarque-t-elle.

Des initiatives locales, il en existe plusieurs au pays, par exemple sur le territoire mohawk de Tyendinaga, non loin de Kingston en Ontario.

Callie Hill y est la directrice du Centre Tsi Tyónnheht Onkwawén:na, un lieu consacré à l’apprentissage du kanien'kéha (mohawk) et de sa culture qui existe depuis plus de 20 ans. L’initiative est justement née d'un groupe de résidents inquiets de voir leur langue disparaître.

Le travail est fait depuis la base, par les gens des communautés. Et c’est là où on a le plus de succès, avec les petits groupes, souligne la directrice.

Le centre propose des cours de la maternelle à la 4e année et des programmes pour adultes.

Je pense que notre programme obtient de bons résultats, mais il y a plusieurs facteurs qui amènent à la revitalisation d'une langue. L’un d’eux est la motivation des gens qui embrassent cette responsabilité individuelle.

Moins de locuteurs natifs, mais davantage qui apprennent

Lorsqu'on observe les données du recensement, les données ne sont pas forcément rassurantes quant à la question de la survie des langues autochtones.

Selon les derniers chiffres de 2021 de Statistique Canada, le nombre d’Autochtones ayant appris une langue autochtone à la maison continue de baisser avec une diminution de 7,1 % par rapport à 2016.

Le nombre de personnes pouvant tenir une conversation est aussi en baisse de 4,3 % par rapport à 2016.

Mme Gold souligne toutefois qu’une autre facette est porteuse d’espoir.

Pour certaines langues, le nombre de personnes qui peuvent tenir une conversation est en augmentation. Il y a un certain nombre d'adultes qui retournent apprendre leur langue et même des enfants, qui n’ont pas forcément appris la langue à la maison, qui l’apprennent à l’école.

Un danger planétaire

La protection des langues autochtones est un enjeu international. Les Nations unies ont déclaré la décennie 2022–2032 comme la Décennie internationale des langues autochtones.

Selon ses projections, au moins 50 % des langues parlées dans le monde pourraient avoir disparu d’ici 2100, dont la grande majorité sont des langues autochtones.

Une constatation sur laquelle insiste aussi Mme Hill.

Le nombre qui est le plus important pour nous, je pense, c’est celui en hausse du nombre de locuteurs de seconde langue. C’est dû aux programmes d’immersion que nous avons dans la plupart de nos communautés mohawks à destination des adultes. Je pense que c’est la clé pour revitaliser les langues dans nos communautés, souligne-t-elle.

Teha'nikonhráte Brant donne un cours de mohawk.

Le Centre Tsi Tyónnheht Onkwawén:na propose des classes pour apprendre le kanien'kéha (mohawk) aux adultes.

Photo : Centre Tsi Tyónnheht Onkwawén:na

Toujours selon Statistique Canada, plus du quart (27,7 %) des locuteurs d’une langue autochtone en 2021 avaient appris cette langue comme langue seconde. Un chiffre en hausse par rapport à 2016 où le taux était de 24,8 %.

C’est d'ailleurs en Ontario que s’observe la hausse la plus forte d’acquisition d’une langue autochtone en tant que langue seconde.

Défendre les langues et renforcer l’apprentissage

Pour Mme Gold, son voyage était l’occasion de présenter des efforts locaux qui s’inscrivent finalement dans la loi.

Je voulais leur parler de la loi sur les langues officielles au Nunavut [...] qui est bien plus détaillée que celle du fédéral. Et la Nation crie, dans le nord du Québec, Eeyou Istchee, ils ont une loi sur les langues depuis 2019. Aussi, les Mohawks de Kahnawake ont créé leur loi sur la langue en 2000 et l'ont révisé en 2007, énumère-t-elle.

Elle ajoute par ailleurs que les efforts des communautés autochtones au Canada passent aussi par divers projets comme la création de dictionnaires.

Portrait de Callie Hill.

Callie Hill est la directrice du Centre Tsi Tyónnheht Onkwawén:na.

Photo : Callie Hill

Nous devons sortir de la façon de penser selon laquelle la revitalisation des langues est une question d’écoles. Ce n’est pas le cas, affirme de son côté Mme Hill.

Nous devons trouver des moyens d’amener la langue dans les maisons. Il faut que ce soit un outil de communication intergénérationnel.

Une citation de Carrie Hill, directrice du Centre Tsi Tyónnheht Onkwawén:na

Mme Gold remarque de son côté que là où les langues sont le plus en santé au Canada ce sont là où les communautés sont plus isolées et plus au nord, plus proche d’un mode de vie traditionnel.

Des exemples encourageants existent. Mme Hill en voit dorénavant dans sa communauté qui jadis s'inquiétait de la disparition de locuteurs mohawk.

Dans notre communauté, on a l’exemple d’une famille de langue seconde qui a élevé deux filles avec comme langue maternelle le mohawk. Ils avaient appris ensemble en tant que jeune couple, explique la directrice du Centre Tsi Tyónnheht Onkwawén:na.

C’est un parfait exemple d’investissement personnel. Ça demande beaucoup aux familles, mais c’est ce que ça prend pour revitaliser nos langues, conclut Mme Hill.

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