La mère des jumelles Gill accusées de fraude à l’identité inuit plaide coupable
Les jumelles Amira et Nadya Gill. La photo provient d'un article publié par « New Canadian Media », sur leur entreprise Kanata Trade Co.
Photo : New Canadian Media
La mère des sœurs Amira and Nadya Gill, Karima Manji, a plaidé coupable, vendredi matin, à des accusations de fraude de plus de 5000 $ pour avoir usurpé l'identité inuit en leur nom.
Son avocat, John Scott Cowan, a affirmé que sa cliente, qui habite Toronto, endosse toutes les responsabilités dans l’affaire. Les accusations qui pesaient contre ses filles ont été abandonnées.
Dans l'exposé des faits, l’accusée admet avoir frauduleusement obtenu le statut d’Inuit pour ses filles en 2016 auprès de l’Association Qikiqtani Inuit (QIA) en allégeant, sur le formulaire, qu’elles avaient été adoptées d’une femme inuk d’Iqaluit, du nom de Kitty Noah.
Or, comme cela est énoncé dans l’exposé, Karima Manji a donné naissance aux sœurs Gill à Mississauga, en Ontario, en 1998.
Une fois la procédure d’inscription enregistrée par QIA et Nunavut Tunngavik inc. (NTI), Karima Manji a transmis les cartes de membre à ses filles, mais ces dernières n’étaient pas conscientes de la fraude.
Les statuts d’Inuit ont ensuite été utilisés pour obtenir des subventions et des bourses scolaires de l’Association Kakivak pour la somme de 160 000 $, entre septembre 2020 et mars 2023.
Un dernier montant de 64 000 $ avait été demandé au nom d’Amira Gill au printemps 2023, mais n’a jamais été versé. Les deux sœurs ont été, au cours de la même période, retirées de la liste des bénéficiaires, et une enquête a été ouverte à la demande de la famille de Kitty Noah.
Les accusations ont été portées en septembre dernier. La sentence sera prononcée au mois de juin.
Soulagement pour la famille de Kitty Noah
Noah Noah, le fils de l’Inuk dont le nom est apparu sur le formulaire d’inscription frauduleux, affirme avoir ressenti un profond soulagement à l’admission de culpabilité de Karima Manji, lors de l’audience, vendredi.
Kitty Noah est décédée en 2023, avant que les accusations ne soient officiellement portées contre les trois Ontariennes. Le dénouement en cours permet à la famille de passer à autre chose.
Noah Noah, à gauche, avec sa mère, Kitty Noah, lors d'une entrevue avec CBC. Noah dit avoir été « renversé » d’apprendre que le nom de sa mère a été utilisé sur la demande d'inscriptions au registre inuit pour des jumelles qui n'ont aucun lien avec eux.
Photo : Radio-Canada / Matisse Harvey
Nous avons [clos le chapitre] pour elles. [...] Plusieurs membres de la famille ont partagé le même sentiment, ils sont très émotifs.
Noah Noah aurait tout de même préféré que les accusations des sœurs Gill ne soient pas retirées. Il croit, par ailleurs, que NTI a une part de responsabilités dans l’affaire.
Il n’aurait pas dû être aussi facile pour elles de se retrouver sur la liste.
Ordonnance de restitution attendue
En entrevue, l’avocat de la défense, John Scott Cowan, affirme qu’il s’attend à ce que la Couronne demande au juge une ordonnance de restitution pour l’argent obtenu frauduleusement.
Le Centre de justice du Nunavut, à Iqaluit
Photo : Radio-Canada / Matisse Harvey
Selon la common law, Karima Manji pourrait écoper d’une détention à domicile comme d’une peine pouvant atteindre 14 ans de prison.
Il précise que sa cliente cherchait à obtenir le meilleur pour ses enfants. Elle prend toute la responsabilité et est fière de le faire pour s'assurer que ses filles ne sont pas impliquées à tort par sa faute.
L’avocat affirme ne pas savoir si les sœurs Gill croyaient être adoptées, mais il ne croit pas qu'elles aient été au courant que leurs cartes avaient été frauduleusement obtenues.
Avec les informations de Juanita Taylor