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Entente Québec-Pessamit : de la confusion et de la méfiance demeurent dans la communauté

Des maisons le long d'une rue enneigée.

Des membres de la communauté de Pessamit sentent toujours de la confusion en lien avec l'entente conclue avec Québec. (Photo d'archives).

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Une semaine après la signature de l'entente-cadre entre Pessamit et le gouvernement du Québec, de la méfiance et de la confusion demeurent palpables chez des membres de la communauté innue, observe le conseil de bande. Le vice-chef remarque qu'une partie de la population semble mal informée sur le contenu de cette entente et admet que le conseil n’a pas suffisamment informé la population dans ce dossier.

L'entente signée le 15 février dernier vient suspendre le recours Bets 1, qui oppose Pessamit et Hydro-Québec, ce qui inquiète quelques citoyens rencontrés. Depuis les années 1990, Pessamit poursuit Québec et Ottawa pour l’inondation de son territoire ancestral par les barrages hydroélectriques d’Hydro-Québec et réclame 500 millions de dollars en dommages et intérêts. En effet, les litiges devront être suspendus, et ce, pour la durée des négociations qui auront lieu durant les deux prochaines années.

L'immeuble du bureau politique du conseil des innus de Pessamit.

L'immeuble du bureau politique du conseil des Innus de Pessamit, sur la réserve de Pessamit.

Photo : Radio-Canada / Alban Normandin

Le versement d’une somme de 45 millions de dollars sur six ans par Québec, pour le développement social de Pessamit (comme la construction de logements), préoccupe aussi une partie de la communauté.

Certains Innus rencontrés par Radio-Canada ont perçu ce versement comme une abdication du conseil et l'abandon des procédures judiciaires contre le gouvernement du Québec et Ottawa.

Le vice-chef du Conseil de bande de Pessamit, Jérôme Bacon St-Onge, précise que cette somme se veut un geste symbolique de la part de Québec.

Des représentants du gouvernement et de la communauté innue de Pessamit signent un traité.

Québec et la communauté innue de Pessamit ont signé l'entente jeudi dernier. (Photo d'archives).

Photo : Capture d'écran

Le caractère préliminaire de l’entente a également semé la confusion au sein de la communauté, rapporte Jérôme Bacon St-Onge. Certains membres ont cru que l’entente était finale et avait été signée sans le consentement de la communauté.

Des gens, malheureusement, vont diffuser le message qu’il s’agit d’une entente finale qui va mettre fin aux recours qui ont été déposés devant les tribunaux. Je tiens à le préciser, les recours ne sont pas abandonnés; ils sont suspendus pour la durée des discussions et des négociations, soutient le vice-chef.

Le conseil de bande a eu besoin de corriger le tir en expliquant aux membres de la communauté, lors d’une rencontre publique qui a eu lieu jeudi dernier, que l’entente-cadre n’était pas une entente finale, mais plutôt les débuts de pourparlers, qui s'échelonneront sur deux ans.

Je pense qu’il y a eu beaucoup de désinformation et d'informations erronées qui ont circulé en lien avec la signature de l’entente-cadre avec le gouvernement et Hydro-Québec.

Une citation de Jérôme Bacon St-Onge, vice-chef, conseil de bande de Pessamit
Le vice-chef du Conseil des Innus de Pessamit, Jérôme Bacon St-Onge.

Le vice-chef du Conseil des Innus de Pessamit, Jérôme Bacon St-Onge

Photo : Radio-Canada / Alban Normandin

Le manque de communication entre le conseil et les membres de la communauté ont aussi amplifié le sentiment d'incompréhension de la population à l’endroit de l’entente, croit M. Bacon St-Onge. La confidentialité des négociations qui ont été tenues entre le conseil et Québec a exacerbé ce sentiment, ajoute-t-il.

La confusion a mobilisé des membres de la communauté

Jérôme Bacon St-Onge reconnaît que le conseil de bande a failli à sa tâche de bien informer la population de Pessamit des derniers développements au sujet des négociations avant la visite du premier ministre François Legault.

Un barrage a été mis en place à l'entrée de Pessamit.

Quelques heures avant l'arrivée du premier ministre, un barrage a été mis en place à l'entrée de Pessamit. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Paul Fontaine

Toujours d'après le vice-chef, quelques jours avant la venue du premier ministre, des rumeurs ainsi que des informations erronées sur les raisons de la visite se sont propagées au sein de la communauté, notamment sur Facebook. Le matin de la visite officielle, des membres de Pessamit se sont mobilisés et ont érigé un barrage à l’entrée de la communauté, pour bloquer le passage au convoi du premier ministre. Vers 12 h 30, le barrage a finalement été démantelé.

Selon Réginald Rock, un aîné de la communauté de Pessamit, la manifestation aurait été causée par le manque d’informations fournies à la communauté sur l’objectif de la visite. [Les manifestants] voulaient avoir plus d’informations, explique-t-il. Le message au conseil, c’était qu’on veut que vous soyez transparent, et on veut savoir la vraie raison de la visite.

Réginald Rock assis sur un fauteuil à sa résidence de Pessamit.

Réginald Rock et 3 autres membres de la communauté innue de Pessamit ont intenté une poursuite contre le conseil de bande.

Photo : Radio-Canada / Alban Normandin

Réginald Rock est l’un des quatre Innus de la communauté qui poursuivent le conseil de bande pour avoir outrepassé son rôle en négociant avec le gouvernement sur des projets qui impliquent la gestion du territoire ancestral. Ils soutiennent que la communauté doit être consultée avant que des décisions soient prises concernant le territoire du Nitassinan, en accord avec le respect des droits ancestraux.

Un référendum nécessaire pour l’acceptabilité sociale de l’entente

Un référendum sera tenu dans les deux prochaines années, lorsqu’une entente finale sera conclue entre Pessamit et Québec. Les Innus de Pessamit pourront alors se prononcer.

Qualifié d’important pour le futur de l’entente par la cheffe Marielle Vachon, le référendum aura aussi comme objectif d'informer la population sur les détails de l’entente et de favoriser l’acceptabilité sociale de l’entente.

L’entente finale ne sera jamais signée sans l'approbation par référendum de la communauté innue de Pessamit, qui est impactée par l’utilisation qu’a faite Hydro-Québec et le gouvernement du Québec du territoire ancestral de Pessamit.

Une citation de Jérôme Bacon-St-Onge, vice-chef, conseil de bande de Pessamit

Les gens doivent comprendre en amont ce qui se passe, tranche le vice-chef de Pessamit.

Au sein de la communauté, certains membres commencent à se construire une opinion sur le prochain référendum.

Personnellement, je ne suis pas contre [l’entente], explique d’un ton hésitant Réginald Rock. Selon lui, la communauté doit se développer rapidement au plan économique et diversifier ses revenus de plusieurs façons. Maintenant, qui va être le principal profiteur? Le conseil de bande ou les autres, comme Hydro-Québec et les compagnies privées? se questionne-t-il.

Avec les informations de Charles-Étienne Drouin

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