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Les pensionnats pour Autochtones dans les mots des Oblats

Image noir et blanc de pères Oblats en soutanes en exterieur.

Des pères Oblats à l'occasion du 60e anniversaire de la fondation de la mission de Marieval.

Photo : Oblats de Marie-Immaculée de la Province du Manitoba

Les recherches de deux universitaires de Regina illustrent comment les Oblats percevaient leur rôle dans les pensionnats autochtones en Saskatchewan. Véronique Mireault et Jérôme Melançon ont analysé des enregistrements dans lesquels des Oblats des sœurs et des laïcs repensent à leur mission dans l’Ouest.

Il faut jeter un regard critique sur notre histoire pour identifier ce qui doit être réconcilié.

Une citation de Véronique Mireault, étudiante à la maîtrise et assistante de recherche

C'est la Première Nation de Cowessess qui a demandé de l'aide à La Cité universitaire de Regina pour accéder aux informations qui existent dans les archives des Oblats pour le pensionnat de Marieval.

Jérôme Melançon, professeur agrégé en études francophones et interculturelles, explique que même si l'enseignement était en anglais, la plus grande partie des activités du pensionnat étaient tenues en français.

Le langage est un obstacle considérable aux Premières Nations pour accéder à leur propre histoire.

Une citation de Jérôme Melançon, professeur agrégé en études francophones et interculturelles

Le destin tragique des victimes de pensionnats pour Autochtones

Consulter le dossier complet

Une femme autochtone se recueille près de souliers d'enfants déposés sur des marches en ciment.

La recherche s'appuie sur une série d'entretiens d’histoire orale réalisés en 1991 avec les membres du clergé et des laïcs. Longtemps scellées, elles ont été rendues publiques au cours des dernières années.

Ces documents font partie du fonds des Oblats de Marie-Immaculée de la Société historique de Saint-Boniface.

Photo du père Euchariste Benoit, avec des premiers communiants à Marieval.

Le pensionnat pour Autochtones de Marieval a exercé ses activités de 1899 à 1997, sur ce qui est devenu une partie de la réserve de la Première nation de Cowessess en 1981.

Photo : Société historique de Saint-boniface

Ciblant les pensionnats de Marieval (Cowessess), de Lebret (Qu'Appelle), de St. Philip’s (Fort Pelly) et de Lestock (Muscowequan), les chercheurs ont analysé 18 enregistrements, principalement ceux de prêtres, mais aussi de deux sœurs et d'un laïc.

Les participants y confient leurs souvenirs personnels, mais également leurs expériences du missionnariat oblat et de l'enseignement.

La majorité parle de la nécessité de civiliser les peuples autochtones, parce qu'ils les voient comme moins civilisés que les peuples eurocanadiens.

Une citation de Véronique Mireault, étudiante à la maîtrise et assistante de recherche


Selon Véronique Mireault,les participants souhaitaient souvent travailler dans les missions de l’Ouest.

Certains estiment qu'il y en allait de leur vocation, ils y voyaient un défi à relever, ou ils croyaient que c'était leur rôle d'évangéliser les Autochtones, affirme-t-elle.

Cependant, la chercheuse explique que les enregistrements ont permis de relever des cas où des prêtres ont été envoyés dans des missions après avoir eu des problèmes sérieux dans des paroisses blanches.

C'était une façon pour l’Église d’écarter les problèmes, indique Véronique Mireault

Une photo non datée du pensionnat pour Autochtones de Marieval, à Cowessess.

Une photo non datée du pensionnat pour Autochtones de Marieval, à Cowessess.

Photo : fournie par Collection générale de la Société historique de Saint-Boniface


Selon les observations de Véronique Mireault, les participants avaient des préjugés au sujet des populations qu'ils desservaient.

Les spiritualités autochtones sont particulièrement mal vues; elles sont un obstacle au progrès. Plusieurs des prêtres vont même parler des efforts qu’ils ont mis pour l’assimilation, indique-t-elle.

Véronique Mireault affirme cependant que certains avaient des visions plus positives de leur rôle.

Une sœur dit adorer son travail pastoral dans une mission; elle considère qu’elle peut être plus humaine et prendre le temps d’écouter les gens, mentionne l'universitaire.

Les entrevues révèlent aussi des exemples de gratitude du clergé envers les Premières Nations.

Un prêtre dit être très reconnaissant de la patience des Autochtones envers lui; il explique avoir appris la langue et parler en saulteaux autant que possible, affirme Véronique Mireault.

Un autre admet avoir fermé les yeux sur les pratiques spirituelles qui ont toujours lieu dans la communauté malgré la désapprobation de l’Église, ajoute-t-elle. Elle indique que ce dernier était sûr que les peuples autochtones sont plus proches de Dieu en raison de leur simplicité.

La chercheuse explique que les enregistrements révèlent que le clergé justifiait la nécessité de séparer les enfants de leur communauté jusqu'à celle-ci soit suffisamment civilisée.

D'autres admettent au moment de l’entrevue que les pensionnats étaient profondément problématiques et que l'environnement offert aux enfants n’était pas adéquat, note-t-elle toutefois.

La recherche a permis de relever que les œuvres de la congrégation bénéficient parfois des pensionnats. Par exemple, un administrateur a admis que les fonds étaient parfois détournés pour couvrir les frais scolaires d’enfants allochtones dont les familles ne pouvaient pas payer pour les droits de scolarité de leur collège classique.

Véronique Mireaut précise que l'administrateur avait réalisé que cette information était délicate, et il a demandé à ce que l'enregistrement soit scellé jusqu'à son décès.

La chercheuse constate que la sécurité et les conditions sanitaires déficientes sont souvent mentionnées dans les enregistrements. Un ancien directeur parle même d'une situation où la négligence de l'administration, qu’il qualifie de criminelle, a causé la mort de plusieurs enfants.

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