Cuba a toujours soutenu l'Afrique dans sa lutte contre le colonialisme, en se taillant une place à part sur le continent africain grâce au combat armé, à la coopération médicale et à des échanges culturels. Le politologue Mamoudou Gazibo analyse cette relation.
Durant la guerre froide des années 1950 et 1960, le monde est divisé en deux blocs, soit l’Union soviétique et ses pays satellites, et les États-Unis avec le bloc occidental.
Cuba se libère de la dictature en 1959 et tient tête aux États-Unis. « On est à la veille de l’accession à l’indépendance de la plupart des pays africains sous colonisation française et britannique », explique Mamoudou Gazibo.
En 1965, Che Guevara débarque au Congo, un terrain favorable pour exporter le socialisme. « C’est aussi le premier pays, avec le Togo, où il y a un coup d’État, où [Patrice] Lumumba, qui représente l’aile progressiste africaine, est assassiné », rappelle Mamoudou Gazibo. Che Guevara vient discrètement avec très peu d’hommes pour encadrer le mouvement de Laurent-Désiré Kabila, qui est désorganisé. Déçu, il repart.
En Angola, l’intervention cubaine est plus importante. Le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) approche Cuba en 1959 pour obtenir de l’aide. Des soldats cubains, 35 000, débarquent en Angola, lequel devient indépendant en 1975, avec un gouvernement socialiste.
La Namibie, un territoire sous domination allemande avant la Première Guerre mondiale, est confiée à l’Afrique du Sud, où règne l’apartheid. « La Namibie doit son indépendance en grande partie à l’intervention cubaine », résume le politologue. Plus encore, « l’intervention cubaine va reconfigurer le Sud-Ouest africain », dit-il.
La fin de l’apartheid et la libération de Nelson Mandela sont aussi liées à cette collaboration entre Cuba et des pays africains, selon Mamoudou Gazibo, qui analyse l’héritage de cette amitié entre Cuba et des pays africains. « Pour beaucoup d’Africains qui ont connu cette époque, si vous leur demandez, Castro, c’est un héros », dit-il.