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Les réceptions de Golgotha picnic

Golgotha picnic « christianophobe » ? La polémique au regard de la presse

Anna Arzoumanov et Marie-Odile Richard

Texte intégral

  • 1 Pour une étude de ces affaires qui opposent des catholiques et des artistes, voir notamment Isabell (...)

1De nombreuses accusations de blasphème contre des productions artistiques ont été au cœur de l’actualité dans la France des dernières décennies. Alors que ce délit n’existe plus en droit pénal français, il est un point de crispation récurrent de diverses communautés religieuses. L’exemple le plus célèbre est celui de la publication des caricatures de Mahomet par Charlie Hebdo qui a occasionné un très vif débat en France en 2006, dont l’issue tragique a été l’attentat ciblant la rédaction du journal satirique en 2015. Dans l’espace public se sont alors opposés les défenseurs d’une liberté d’expression inconditionnelle et les partisans d’une liberté d’expression dont l’une des limites serait le respect dû aux croyants et à leurs symboles. Si la question de l’islam a occasionné de nombreux débats, à un rythme accru depuis la vague d’attentats terroristes des années 2015-2016, c’est la représentation de sujets chrétiens qui a déclenché les plus intenses polémiques depuis les années 19601. Des associations dévotes, telles que la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, l’AGRIF ou Civitas ont, à différentes reprises, initié des polémiques publiques et engagé des procédures judiciaires contre des œuvres d’art qu’elles jugeaient blasphématoires.

  • 2 Cette citation et la précédente sont extraites du synopsis de la pièce disponible sur le site du th (...)
  • 3 Rodrigo García, Golgotha picnic, Besançon, Les Solitaires Intempestifs, 2011, p. 22.
  • 4 Idem.
  • 5 Que la Conférence des évêques de Paris décrit comme un délit qui consiste à « proférer contre Dieu, (...)
  • 6 Jeanne Favret-Saada, Les Sensibilités religieuses blessées, op. cit., p. 9.
  • 7 Alain Escada, « Golgota picnic, le spectacle blasphématoire contre lequel il nous faut nous mobilis (...)

2L’affaire Golgotha picnic s’inscrit dans l’exacte continuité de ces polémiques récurrentes concernant la représentation de sujets bibliques dans l’art. Si la pièce n’a pas pour motif principal un propos antichrétien, elle affiche un discours critique vis-à-vis du christianisme, que son titre même thématise. Le dossier de presse la décrit comme une « épopée drôle et décalée [qui] s’attaque aux peurs de deux mille ans de christianisme » et comme une « [m]achine de guerre lancée contre un monde d’hyperconsommation bovine [qui] met en scène une crucifixion tragique et trash2 ». Dans la pièce elle-même, Rodrigo García met en scène un Christ despotique et égocentrique, un « messie du SIDA3 » qui « brandit la menace de la peste et de maladies en tout genre4 ». En mettant ainsi à mal ces différentes images christiques, la pièce présente toutes les caractéristiques de ce que les dévots appellent un blasphème5. C’est de ce fait sans surprise qu’elle a attiré l’attention de plusieurs associations chrétiennes. À propos des polémiques religieuses de la seconde moitié du xxe siècle, l’ethnologue Jeanne Favret-Saada constatait que le modus operandi des groupuscules réactionnaires était toujours sensiblement le même : « la polémique publique, les assignations en justice et les manifestations6 ». L’affaire Golgotha picnic n’échappe pas à cette tendance : après l’annonce de sa programmation parisienne au Festival d’automne et au moment de sa représentation à Toulouse, le secrétaire général de Civitas, Alain Escada, a réagi sans attendre en signant une tribune sur le site de l’institut. Il y appelait à la mobilisation des chrétiens et dénonçait ce qu’il considérait comme un « spectacle blasphématoire » qui s’inscrivait dans une « inacceptable succession d’événements christianophobes sous couvert pseudo-artistique7 ». Ce communiqué marque le début d’une vive polémique que Civitas et l’AGRIF ont régulièrement alimentée, et dont la presse s’est fait l’écho en contribuant à la nourrir.

  • 8 Sur les stratégies de communication de la mouvance identitaire, voir Yannick Cahuzac et Stéphane Fr (...)
  • 9 Golgotha picnic a été présentée du 16 au 20 novembre au Théâtre Garonne à Toulouse et du 8 au 17 dé (...)
  • 10 Eureka est un moteur de recherche en ligne qui répertorie plus de 25 ans d’archives de sources d’ac (...)

3Comme pour toute polémique publique, la presse a joué un rôle de premier plan dans son développement. Les articles qui la relaient et l’alimentent sont très nombreux : nous avons donc limité notre corpus d’étude à la presse électronique, qui est au cœur des stratégies communicationnelles des mouvances identitaires et des associations catholiques traditionalistes8. Nous avons en outre limité notre corpus de recherche aux articles journalistiques parus au moment où la pièce tenait l’affiche9. Nous en avons répertorié soixante-six à partir d’une requête sur le moteur de recherche Eureka10 (mots-clés : « Golgota picnic », « Golgotha picnic » et « García »). Enfin, pour des raisons d’homogénéité, nous n’avons conservé dans ce corpus que les articles où l’opinion domine et dans lesquels s’exprime un point de vue personnel et argumenté sur l’affaire, ce qui correspond à un total de trente-sept articles de presse issus de périodiques francophones variés et dont les positions par rapport à Golgotha picnic sont représentées dans le tableau qui suit :

Tableau 1 : Répartition de la réception journalistique

  • 11 De ces vingt-sept articles, seul un est issu de la presse d’information catholique (La Croix), un d (...)
  • 12 De ces dix articles, trois sont issus de la presse d’information catholique (La Croix et La Vie), q (...)

Position vis-à-vis Golgotha picnic

Nombre d’articles (37)

% de la réception journalistique

Pour

2711

73%

Contre

1012

27%

  • 13 Ruth Amossy, Apologie de la polémique, Paris, PUF, 2014, p. 74.
  • 14 Patrick Charaudeau, Le Discours d’information médiatique  La construction du miroir social, Paris, (...)
  • 15 Nous en avons répertorié dix-sept parues entre le 7 juillet et le 8 décembre 2011, toutes accessibl (...)
  • 16 Nous en avons répertorié deux, initialement parus sur le site de la Conférence des évêques de Franc (...)
  • 17  https://www.christianophobie.fr/communique/14-deputes-francais-se-sont-associes-a-la-demarche-de-j (...)
  • 18 Observatoire de la liberté de création, « Golgota picnic : soutien à la liberté de création », Ligu (...)

4Le but recherché par cette enquête sera d’observer et d’analyser les arguments mobilisés par la presse, car « c’est là que [la polémique] se diffuse, voire s’élabore, dans l’espace public13 ». Si nous excluons, d’ailleurs, les articles dans lesquels le journaliste se contente de décrire la polémique (ceux qu’on peut appeler avec Patrick Charaudeau des articles qui « rapportent l’événement14 » sans le commenter ou le provoquer, par exemple la brève et le filet), nous ne minimisons pas pour autant leur rôle dans son développement. Ils permettent de faire circuler les discours et d’alimenter le débat. Ainsi le choix de citer ou non telle ou telle prise de position publique trahit parfois autant qu’un argument personnel le point de vue du journaliste. Parmi les prises de position les plus citées et ayant considérablement orienté la polémique, se trouvent les publications en ligne de Civitas autour de l’affaire Golgotha picnic15, des communiqués relayés par l’Agence France Presse (AFP) du porte-parole des évêques de France du moment, Mgr Bernard Podvin16, une tribune de parlementaires17 et un communiqué de presse18 de la Ligue des droits de l’Homme. De fait, nous serons appelées à citer ces diverses prises de position en vue de mieux saisir leur circulation dans les articles de presse.

5Nous pouvons isoler deux grands types d’arguments mobilisés dans le corpus, lesquels constitueront les deux angles principaux de cet article : ceux qui portent sur le caractère potentiellement blasphématoire, voire « christianophobe » de la pièce (I) et ceux qui répondent à ces accusations de « christianophobie » en invoquant des considérations spécifiques à l’art, comme la création, la liberté qu’elle suppose et les limites qu’il faut lui assigner ou encore la visée moralisatrice de la pièce de García (II).

Une pièce qui « blesse les sensibilités religieuses » ?

6Lancée par des groupes catholiques, la polémique s’est d’emblée centrée autour de la question religieuse. Le point nodal du débat consiste alors à savoir si le terme de « blasphème », utilisé par Alain Escada, est adapté pour décrire ce que la pièce fait à la religion chrétienne. C’est ce que relève Olivier Bobineau dans un article favorable à la pièce paru dans Le Monde, où il décrit la polémique comme un débat lexical :

  • 19 Olivier Bobineau, « Retour de l’ordre religieux ou signe de bonne santé de notre pluralisme laïque  (...)

Après Les Versets sataniques de Salman Rushdie, en 1989, les caricatures de Mahomet en 2005 ou encore, cette année, à l’occasion de représentations théâtrales (Sur le concept du visage du fils de Dieu et Golgotha picnic), la catégorie de “blasphème” revient sur le devant de la scène. D’un côté, ceux qui sont affectés dans leur croyance usent du terme “blasphème” pour marquer leur indignation et condamner l’expression artistique offensant le divin qui fonde leur vie ; de l’autre, pour ceux qui défendent la liberté d’expression, le terme “blasphème” résonne comme un mot repoussoir, caduc, qui signifie le retour d’un ordre religieux et moral menaçant le modèle laïc19

  • 20 Ruth Amossy, Apologie de la polémique, op. cit., p. 103.

7C’est bel et bien une scission du public en deux camps antagonistes telle que la décrit Bobineau qui se dessine dans la réception journalistique de Golgotha picnic. Si tous les articles ont recours à la catégorie du « blasphème » parce que c’est par elle qu’est lancée la polémique, son emploi est néanmoins générateur de débats et ses utilisateurs ressentent le besoin de le justifier. Dix articles de notre corpus soulèvent la question de la pertinence de cette catégorie et en examinent les propriétés définitoires, soit pour en confirmer la présence (dans quatre cas), soit pour l’infirmer (dans six cas). Il y a donc une « sélection stratégique des termes de nomination20 », caractéristique de la polémique, qui permet une nette polarisation du débat.

  • 21 Le retable d’Issenheim, consacré à saint Antoine, provient du couvent des Antonins à Issenheim où i (...)
  • 22 Jean-Noël Dumont, « L’image souillée de Dieu », dans Valeurs actuelles [En ligne], 2011, mis en lig (...)

8Pour le philosophe chrétien Jean-Noël Dumont, par exemple, cette justification passe par la définition du terme lui-même : « Où est le blasphème ? Non dans l’image d’un Christ souillé, mais dans la volonté de souiller son image. » Prenant appui sur l’histoire de l’art religieux, il affirme la place centrale de l’intention de l’auteur dans la possible détermination du caractère blasphématoire d’une œuvre. C’est pourquoi il établit une comparaison avec le peintre renaissant Matthias Grünewald. Avec son Christ du retable21, ce dernier aurait certes présenté le Christ dans une position « outragée », mais n’aurait pas « perpétué la tradition du sacrilège », car le peintre, contrairement à García, « ne se mettait pas du parti des bourreaux [mais] montr[ait] le Sauveur épuisant le monde22 ». Il s’agit donc de dissocier la représentation du Christ par García de celle, plus traditionnelle et rarement condamnée par l’Église, d’un Christ souffrant.

  • 23 Isabelle Saint-Martin, « Christ, Pietà, Cène, à l’affiche… », art. cit., p. 70.
  • 24 André Vingt-Trois, « Un spectacle caricatural par rapport au Christ », propos recueillis par Anne-C (...)

9Cette accusation de blasphème est loin de faire l’unanimité dans la communauté catholique elle-même, ce qui est finalement assez typique des polémiques religieuses françaises de ces dernières années. Isabelle Saint-Martin y a observé un « mouvement de balancier [qui] pousse progressivement la hiérarchie catholique française à se situer par rapport aux associations intégristes qui monopolisaient la parole publique sur ces sujets23. » Or, dans le cas de Golgotha Picnic, on peut repérer un même mouvement de réaction face aux actions de Civitas et de l’AGRIF. Certains évêques se prononcent dans la presse et à travers des communiqués sur la question du caractère potentiellement blasphématoire de la pièce. Dans un entretien accordé au Parisien, l’archevêque de Paris Mgr André Vingt-trois, affiche clairement son désaccord avec l’usage du terme pour qualifier le spectacle : « Le blasphème, c’est une agression contre Dieu, délibérée. Or je ne connais pas les intentions du créateur de ce spectacle, et donc il ne m’appartient pas de dire s’il s’agit d’un blasphème ou non. Quant à la dérision, cela fait des siècles qu’elle alimente l’art, tout cela n’est pas bien nouveau24. » En relativisant le tort causé aux chrétiens par la pièce, l’archevêque se démarque très nettement des discours qui appellent à des mobilisations violentes.

  • 25 Sur ce point, voir l’article de Nathalie Droin dans ce même numéro.
  • 26 Observatoire de la liberté de création, « Golgota picnic : soutien à la liberté de création », art. (...)
  • 27 Gérard Leclerc, « Christianophobie, quelle réponse ? », dans Valeurs actuelles [En ligne], 2011, mi (...)

10Quant aux commentateurs non catholiques, leur position est complètement opposée à celle de Civitas. L’argument le plus mobilisé pour dénier à la pièce son caractère blasphématoire se situe sur le terrain juridique : le délit de blasphème n’existe tout simplement plus en droit pénal français25. Très tôt mis en avant dans un communiqué de la Ligue des droits de l’Homme26, le 4 décembre 2011, il est repris dans de nombreux articles citant souvent explicitement l’organisation, qu’ils expriment un point de vue favorable ou défavorable aux représentations françaises de la pièce. C’est le cas de l’éditorialiste catholique Gérard Leclerc qui considère que par son inexistence juridique, la catégorie du blasphème apparaît périlleuse à utiliser, car le locuteur « cour[t] le risque de s’identifier à une attitude fondamentaliste, celle qui refuse la discussion et la controverse, alors qu’elles font partie intégrante de la tradition chrétienne27 ». Les chrétiens modérés sont ici présentés comme confrontés à une aporie et ironiquement condamnés à l’absence de réaction pour montrer leur capacité au dissensus.

  • 28 À ce propos, il est révélateur de constater qu’une note accompagne désormais la description de la p (...)
  • 29 Jeanne Favret-Saada, Les Sensibilités religieuses blessées, op. cit., p. 9.
  • 30 Henrik Lindell, « Golgota picnic : un spectacle nihiliste et inégal », sur lavie.fr [En ligne], 201 (...)
  • 31 Henri Tincq, « La bataille de Golgotha picnic », sur Slate.fr [En ligne], 2011, mis en ligne le 8 d (...)

11L’argument du blasphème étant de faible poids par rapport à celui de son inexistence dans le domaine juridique, les catholiques lui substituent celui des « sensibilités religieuses blessées28 », comme le souligne Jeanne Favret-Saada : « Entre dévots, l’on parle toujours de façon explicite de “blasphème”, mais dans l’espace public ne sont évoquées que des “sensibilités” ou des “convictions religieuses blessées”, et une “communauté chrétienne diffamée”29. » La double caractérisation d’une atteinte faite à la communauté catholique varie en effet dans le cas de Golgotha picnic selon les supports de publication et le positionnement idéologique du locuteur : dans Valeurs actuelles ou sur le site de Civitas, on mentionne explicitement la catégorie du blasphème. Dans la presse généraliste, en revanche, c’est la qualification d’atteinte aux chrétiens qui domine : Golgotha picnic « rabaisse[rait] systématiquement le Christ, la signification de sa mort sur la croix, le contenu de la foi et aussi les croyants30 » et « [i]l faudrait être aveugle pour ne pas mesurer le désarroi de croyants, blessés par un tel spectacle dans leurs convictions les plus profondes31. »

  • 32 Isabelle Saint-Martin, « Christ, Pietà, Cène, à l’affiche », art. cit., p. 76.
  • 33 Céline Béraud et Philippe Portier, Métamorphoses catholiques, Paris, Éditions de la Maison des scie (...)
  • 34 François Boespflug, « “Notre société aimerait s’être autofondée” », propos recueillis par Caroline (...)

12L’argument des sensibilités blessées fait écho à celui, plus large et identifiable dans cinq articles défavorables à la pièce, selon lequel il existerait en France un régime d’exception hostile à la religion chrétienne. Parce qu’elle serait moins réactive que les autres religions monothéistes, elle serait attaquée sans que cela ne heurte l’opinion publique. Sur cette question, dès le tournant des années 2000, Isabelle Saint-Martin remarquait que « la critique […] d’une religion qui se contente de tendre l’autre joue a[urait] progressivement gagné non seulement les milieux marginaux de l’AGRIF, mais également une frange catholique dans laquelle un sentiment identitaire s’est renforcé et qui s’étonnait du silence des évêques32 ». Une dizaine d’années plus tard, c’est également ce sentiment des catholiques d’être malmenés, « détestés, méprisés et victimes de “l’opprobre médiatique” » dans le débat public qui les aurait poussés à affirmer une certaine « réassurance identitaire ». « Le discours sur la “christianophobie” [se serait] ainsi à cette occasion réactivé33 » à une époque et dans des régions du monde où, selon Céline Béraud et Philippe Portier, le catholicisme a longtemps été majoritaire et où on observerait aujourd’hui sa minorisation. C’est exactement la ligne argumentative adoptée par certains catholiques qui commentent la pièce, comme dans un entretien que l’historien de l’art chrétien François Boepsflug a accordé à une journaliste du Temps : « C’est évidemment différent avec l’Islam, sauf à représenter leur prophète. Le christianisme a appris à faire le dos rond et à laisser caricaturer Jésus aussi bien que le Pape. […] Une pièce attaquant de la sorte les religions juive ou musulmane aurait provoqué davantage de réactions scandalisées34. »

13Par la voix de l’archevêque de Paris, notamment, la hiérarchie ecclésiastique a réagi à ce type de discours qu’elle présente comme excessif :

  • 35 André Vingt-Trois, « “Un spectacle caricatural par rapport au Christ” », art. cit.

Ceux qui parlent de christianophobie utilisent un vocabulaire inadapté. Sommes-nous un lobby qui essaye de se poser en victime ? Non ! Nous sommes une Église qui se croit assistée par la force de Dieu. Considérons plutôt les vraies victimes d’attaques antichrétiennes : au Moyen-Orient ou au Pakistan. Oui, là-bas les chrétiens paient de leur vie leur appartenance à l’Église. Mais en France, de grâce, ne mélangeons pas tout. Même si elle fait souffrir, la dérision n’est pas une persécution physique35

14Le terme de « christianophobie » est trop chargé, car associé aux catholiques intégristes, pour être repris par ce haut représentant de l’Église. Néanmoins, la souffrance des catholiques apparaît bien comme une des prémisses de son discours. S’il distingue la situation française de celle du Moyen-Orient et du Pakistan, il a discrètement recours à l’argument des « sensibilités blessées » en soulignant que la « dérision » « fait souffrir » en France. Il donne donc un certain écho à la thèse d’une tendance de la société française à blesser la communauté catholique.

  • 36 Ingrid Gasparini, « “Golgota picnic”, de Rodrigo García, Théâtre du Rond-Point », Les Trois Coups [ (...)

15Pour certains, qu’ils soient favorables (quatre cas) ou défavorables (trois cas) aux représentations de Golgotha picnic, ces manifestations « intégristes » ne constituent finalement qu’un prétexte pour acquérir une visibilité dans l’espace social. C’est le cas, entre autres, d’Ingrid Gasparini, pour qui « Golgota picnic ne doit pas devenir un énième prétexte pour que des toqués de Dieu puissent faire parler d’eux36 ». De même, plusieurs catholiques et prélats émettent ainsi des réserves quant aux modes d’action initiés par Civitas, craignant notamment l’absorption du religieux par le politique :

  • 37 Henri Tincq, « La bataille de Golgotha picnic », art. cit.

Des groupuscules intégristes comme Civitas ou l’Agrif, liés à l’extrême droite et désapprouvés, à cause de leur violence, par l’épiscopat français, ont mobilisé leurs troupes. […] On doit surtout s’élever contre l’instrumentalisation politique du légitime combat pour le respect des croyances. Ce combat est ici principalement annexé par un mouvement intégriste minoritaire qui n’en finit pas de régler ses comptes avec les libertés – celle de l’artiste en particulier – et la démocratie37

16C’est en effet en grande partie à cause de la violence des intégristes (menaces de mort envers Jean-Michel Ribes, entrées par effraction dans le théâtre du Rond-Point, etc.) que certains représentants de la hiérarchie ecclésiastique prennent progressivement leurs distances à l’égard de Civitas. C’est ainsi que l’on peut expliquer l’évolution du discours de Mgr Bernard Podvin, alors porte-parole des évêques de France. Il relaie dans un premier temps les appels de Civitas et invite les catholiques à manifester leur indignation face aux représentations de la pièce dans un communiqué initialement paru le 19 septembre 2011 sur le site de la Conférence des évêques de France :

  • 38 Cité par La Question, le 25 octobre 2011, en commentaire sous l’article de blogue (S. a.), « Non à (...)

Golgota picnic est un spectacle programmé à Paris et Toulouse. Il blesse et blessera. Quel courage de s’en prendre à une religion dont le fondateur se tait tandis qu’on l’outrage ! La liberté d’expression est à respecter comme sacrée ? Qu’elle respecte donc aussi ce qui est sacré ! […] De nombreux citoyens non chrétiens partagent notre colère. Si vous êtes de cet avis, ne demeurez pas impassibles. Interpellez vos élus. Dites-leur que l’inacceptable est indigne d’une démocratie38

17Pourtant, à peine un mois plus tard et en plein cœur de la polémique, Mgr Podvin transmet à l’AFP un nouveau communiqué dans lequel il revient sur la position de l’Église catholique :

  • 39 Bernard Podvin, « À propos des récents spectacles », sur eglise.catholique.fr [En ligne], 2011, mis (...)

L’Église catholique en France condamne les violences perpétrées lors de récents spectacles. Elle n’est pas organisatrice de la manifestation du 29 octobre prochain. Elle promeut le dialogue entre la culture et la foi. Elle réagit quand c’est nécessaire, avec détermination, et toujours par moyens pacifiques. En l’occurrence, la Conférence des évêques de France a communiqué spécifiquement sur Golgota picnic, après consultation de source sûre. Elle appelle à une liberté d’expression respectueuse du sacré. Elle appelle à un échange avec les élus, concernant cet enjeu. L’Église catholique en France n’est ni intégriste, ni obscurantiste. Les catholiques aspirent, comme citoyens, à être respectés dans ce qui est le cœur de leur foi39

  • 40 Alain Escada, « La vérité quant à la riposte des jeunes chrétiens face aux provocations blasphémato (...)

18Cette position des évêques de France s’inscrit pleinement dans l’histoire des polémiques religieuses françaises où l’épiscopat se voit contraint de réagir face aux manifestations violentes de communautés intégristes : ce second communiqué paraît le lendemain d’une publication d’Alain Escada sur le site de Civitas où le secrétaire général de l’institut approuve, d’une certaine façon, les actions commises par les opposants à la pièce40. C’est enfin en regard de la sélection des termes de la polémique que cette prise de position nous semble révélatrice : du respect envers le « sacré » et envers le « fondateur » de la religion chrétienne dans le premier communiqué, on passe au « respect » des « catholiques » dans le second.

19La même évolution du discours peut être observée dans la presse chrétienne. Les commentateurs y adoptent une position plus modérée qui consiste à condamner fermement la violence des démarches entreprises par Civitas. La Croix donne ainsi la parole à Mgr Moulins-Beaufort, alors évêque auxiliaire de Paris. Pour lui, la cause de l’institut catholique est fondée et est représentative du sentiment de nombreux catholiques, mais ne justifie aucunement la violence :

  • 41 Éric de Moulins-Beaufort, « Quelles leçons tirer de l’affluence à la veillée de prière organisée en (...)

De fait, beaucoup de catholiques avaient pressenti que ces manifestations agressives avaient des visées politiques plus que spirituelles. En même temps, ils attendaient de l’Église un geste proportionné au trouble que ces pièces ont causé dans les esprits. Il y avait aussi ce besoin de rappeler aux artistes leurs responsabilités : les symboles religieux ne sont pas vides, ils font vivre des personnes qu’on ne peut choquer impunément en les détournant à sa guise41

  • 42 Gérard Leclerc, « Christianophobie, quelle réponse ? », art. cit.

20Golgotha picnic porterait atteinte aux chrétiens en attaquant leurs symboles. Pour autant, l’évêque refuse l’instrumentalisation de la prière à des fins politiques et souligne sa vision de la religion chrétienne, faite d’amour et de paix, et non pas de violence. Son point de vue est partagé par d’autres commentateurs, chrétiens ou non, qui publient dans la presse de droite. Gérard Leclerc, notamment, conteste à son tour l’instrumentalisation de la prière, car « quand elle se met à la remorque de la manifestation de rue, elle est en péril de dénaturation42 ».

  • 43 Fabienne Pascaud, « La passion selon García », dans Télérama, 10 décembre 2011.
  • 44 Antoine Perraud, « “Golgota Picnic”, veillée d’armes théâtrale », dans Mediapart [En ligne], 2011, (...)
  • 45 Antoine Perraud, « “Golgota picnic”, veillée d’armes théâtrales », art. cit.
  • 46 Marie-José Sirach, « Le théâtre, lieu profane de la parole en liberté », dans L’Humanité [En ligne] (...)

21Avec la multiplication des actes violents, l’instrumentalisation politique de la prière demeure néanmoins un moindre mal aux yeux de la plupart des commentateurs non-religieux. Dès lors, c’est davantage en caractérisant les manifestants eux-mêmes plutôt que leurs actions que ceux-ci prennent part au débat. Plusieurs des articles favorables à la pièce (dix-huit cas) s’appuient davantage sur l’idéologie même de ses détracteurs, qualifiés d’« intégristes », qu’ils ne portent sur le fond de la pièce. La mise en accusation se déplace alors de l’œuvre à ses critiques et on relève un recours massif à l’argument ad hominem : les accusations de blasphème sont infondées, car elles proviendraient d’« une poignée d’intégristes chrétiens mal dans leur foi43 » qui s’agitent « comme des convulsionnaires en soutane44 », autrement dit qui n’ont aucune crédibilité dans le débat public. On retrouve ce discours à plusieurs reprises dans la presse de gauche où on affirme, notamment, que « n’ont pas manifesté “les catholiques”, mais une simple frange, ridicule, dangereuse et minoritaire45 » dont les membres seraient « nationalistes, xénophobes, collaborationnistes, homophobes, antisémites, anti-étrangers, anticommunistes46 ».

22D’autres commentateurs puisent dans l’histoire de la religion catholique et réinscrivent la polémique dans la lignée des heures les plus sombres de la censure. C’est le cas, par exemple, de Denis Sanglard dans Un fauteuil pour l’Orchestre :

  • 47 Denis Sanglard, « “Golgota picnic” de Rodrigo García au Théâtre du Rond-Point », Un fauteuil pour l (...)

N’en déplaise aux nouveaux Torquemada qui souhaiteraient avec ardeur des planches du plateau de théâtre faire du bois dont on fait des bûchers, la dernière création de Rodrigo García, Golgota picnic, n’est en rien blasphématoire. Et d’ailleurs, là n’est pas le propos qui fausserait de toute façon le débat. Débat qui n’a pas lieu d’être… et qui ne montre que la bêtise crasse, l’intolérance, de certains groupuscules minoritaires réactionnaires qui sans rien avoir vu, jugent et condamnent sans autres soucis que de leur propre propagande, pour ne pas dire publicité. Fuck Civitas, entre autres47 ! 

23Et enfin, certains s’emparent plutôt de la puissance d’effroi des attentats islamistes :

  • 48 Raphaël de Gubernatis, « “Golgota picnic” : intolérance et malentendus », dans Le Nouvel Observateu (...)

La France de 2011 peut-elle redevenir aussi obscurantiste et intolérante qu’elle le fut aux XVIe et XVIIe siècles en matière de religion ? Et nos catholiques dits « intégristes » ont-ils vocation à être aussi lamentables, dangereux et caricaturaux que ces fondamentalistes musulmans qui veulent épouvanter le monde avec leur folie sanglante48 ? 

24La mobilisation de ce genre de comparaison est lourde de sens dans une France où la menace terroriste est bien réelle et prise au sérieux tant par la population que par ses représentants politiques. Elle l’est d’ailleurs tout autant dans la presse algérienne, à un moment où le pays observe une montée de l’intégrisme musulman. Un journaliste d’El Watan souligne en effet l’ironie d’une situation où les catholiques réprouvent les actions des intégristes tout en soutenant leur point de vue, alors que c’était ceux-là mêmes qui condamnaient les actions des musulmans :

  • 49 Walid Mebarek, « L’intégrisme catholique avance ses pions », El Watan [En ligne], 2011, mis en lign (...)

Les catholiques intégristes menaceront-ils la liberté d’expression ? Ils le font face à des spectacles dont ils pensent qu’ils véhiculent une vision critique de leur religion. Les mêmes qui fustigeaient les islamistes ont recours à des moyens de coercition antidémocratiques. […] Ainsi l’église avait d’abord condamné les intégristes violents. Gêné par cette montée intégriste impossible à rejoindre, mais ressentant « le vif émoi parmi les chrétiens », le président de la Conférence des évêques, l’archevêque de Paris André Vingt-Trois a appelé jeudi soir à une soirée de prière avec le décorum habituel, chants, silence et bougies blanches. C’est ainsi que les « modérés » de l’Église catholique officielle donnent corps au message des intégristes. Voilà qui donne à réfléchir au pays des droits de l’homme49

  • 50 Sur la réversibilité de l’argument d’une liberté d’expression à deux vitesses, voir notamment Denis (...)

25C’est par le biais de l’analogie que l’auteur de ce discours présente le « pays des droits de l’homme » comme un pays où il existerait deux poids deux mesures en matière de religion et dans lequel les catholiques s’accorderaient plus de droits qu’ils n’en accordent aux musulmans. Cet argument d’une liberté d’expression à deux vitesses passe paradoxalement d’un camp à l’autre : pour les commentateurs défavorables à la pièce, ce sont les chrétiens qui voient leur parole limitée, là où pour le camp adverse, ce sont les chrétiens qui ont la plus grande liberté d’expression50.

  • 51 Céline Béraud et Philippe Portier, Métamorphoses catholiques, op. cit., p. 35.

26Dans l’ensemble, le débat est donc fortement polarisé, ce qui est le propre de toute polémique. Les commentateurs réagissent abondamment face aux réactions de la communauté catholique lorsqu’elle se sent agressée et évaluent les agissements de Civitas plus que la pièce elle-même. Ainsi, les catholiques dits « intégristes » amorcent les échanges et inscrivent les débats internes à leur communauté sur le devant de la scène. Les modérés investissent les médias pour faire entendre leur position médiane et discréditer les actions de Civitas, tout en faisant entendre l’argument des « sensibilités blessées » et en instillant l’idée d’un antichristianisme latent en France. Si certaines voix marginales au sein de l’Église catholique s’élèvent dans les médias, comme ce fut le cas lors de la Manif pour tous, la « “contrainte du consensus” l’a finalement emporté dans le débat public et a ainsi préservé l’unité de la parole officielle catholique51 ». On condamne certes la violence, mais en reprenant le postulat d’une situation devenue difficile pour les catholiques de France. Du côté opposé, les commentateurs favorables aux représentations de Golgotha picnic condamnent davantage les agissements des manifestants qu’ils ne défendent la pièce : ils adoptent un discours de réaction où il est finalement très peu question de théâtre.

27Cela étant, certains commentateurs osent s’aventurer sur le terrain de l’art. Chez les défenseurs de la pièce surtout, mais également chez certains de ses détracteurs, on relève certains commentaires portant plus largement sur la pièce elle-même, et non seulement sur les symboles religieux que son auteur met en scène. Deux types de discours sont identifiables : soit ils relèvent de considérations générales sur l’art et sur sa place dans la société française contemporaine, soit ils reposent sur l’identification d’une visée moralisatrice.

De l’exception artistique aux « Morales de l’art52 »

  • 52 Nous faisons ici référence à l’ouvrage de Carole Talon-Hugon, Morales de l’art, Paris, PUF, 2009.
  • 53 Sur la question des valeurs propres au monde de l’art et plus généralement sur la typologie des reg (...)

28Les commentaires portant sur l’esthétique et la moralité de la pièce sont variés. On peut observer deux grandes tendances. La première, minoritaire, consiste à s’en tenir aux valeurs de l’art53 et à ne commenter que la pièce sans relayer la polémique. La seconde consiste à articuler une évaluation de la valeur artistique de l’œuvre et un questionnement sur les droits et les devoirs des artistes dans une société démocratique. Le débat se situe alors sur le terrain de la liberté de création : quelle place faut-il faire à la provocation en art et à quelles fins l’autoriser ou la limiter ? Quelles visées l’artiste provocateur doit-il poursuivre ?

  • 54 Brigitte Salino, « Chez Rodrigo García, le sauveur, c’est le verbe », dans Le Monde [En ligne], 201 (...)
  • 55 Claude Chanaud, « Golgota picnic de Rodrigo Garcia », Encres Vagabondes [En ligne], 2011, mis en li (...)

29Chez les locuteurs favorables aux représentations de Golgotha picnic, il y a un recours assez fréquent (sept cas) à des qualifiants à l’axiologie positive en vue de décrire la pièce et son esthétique. On la dépeint, par exemple, comme une pièce « puissante54 », qui « avant d’être un bonheur de scène, [était] un projet suprêmement intelligent et humaniste55 ». Émanant pour la plupart de critiques de théâtre, ces commentaires joignent généralement à cette description positive de la pièce une condamnation de sa réception dans les milieux catholiques, qui est décrite comme un malentendu sur les valeurs du monde de l’art.

  • 56 Fabienne Pascaud, « La passion selon García », art. cit.
  • 57 Audrey Chazelle, « Golgota picnic, le nouveau manifeste de Rodrigo García », Inferno [En ligne], 20 (...)
  • 58 Idem.

30La pièce est lue au regard de l’intégralité de l’œuvre de García, ou plus largement réinscrite dans une histoire de l’art qui lui confère la légitimité de la tradition. Pour Fabienne Pascaud, journaliste et critique de théâtre, par exemple, « [i]l y a une fureur à la Lautréamont, une violence à la Thomas Bernhard dans cette écriture-invective, possédée d’une rage à la fois visionnaire et enfantine56 ». La pièce est comparée à « une toile de maître57 », « un numéro de haute voltige pour lequel ils [García et sa bande] jonglent avec les mots et les images, sur fond de poésie, d’humour et de fête58 ».

  • 59 Antoine Perraud, « “Golgota picnic”, veillée d’armes théâtrales », art. cit.
  • 60 Hadrien Volle, « Golgota Picnic, un doux pétard mouillé », dans Arkult [En ligne], 2011, mis en lig (...)
  • 61 Raphaël de Gubernatis, « “Golgota picnic” : intolérance et malentendus », art. cit.

31Tous les représentants du monde de l’art n’accueillent cependant pas de manière favorable Golgotha picnic. Plusieurs commentateurs expriment même une opinion négative : on dit de García que « [s]a modernité a déjà pris un p’tit coup de vieux [et que la] vidéo à tout va et le nu en veux-tu en voilà, désormais, passent pour des marqueurs de ringardise plutôt que de hardiesse59 », que « la mise en scène n’est pas transcendante ni ratée, banale en somme, si on enlève les hamburgers60 », etc. Là où tous les commentateurs favorables à la pièce s’entendent, c’est au niveau de la qualité du texte, qui justifierait, d’une certaine façon, une mise en scène extravagante, voire grotesque. Le journaliste spécialiste de danse Raphaël de Gubernatis met par exemple l’accent sur le message véhiculé par Golgotha picnic : « Et si le spectacle n’est pas en soi un chef d’œuvre, si deux scènes en particulier y paraissent bien lourdes, s’il paraît étrangement construit et même un peu foutraque, il n’en exprime pas moins, parfois avec humour, toujours avec conviction, la révolte absolue d’un auteur face à l’ignominie du monde61. » Un peu de la même façon, Ingrid Gasparini, comédienne et critique de théâtre, voit dans la mise en scène le point faible du spectacle, mais ne tarit pas d’éloges à l’égard de la profondeur du texte :

  • 62 Ingrid Gasparini, « “Golgota picnic”, de Rodrigo García, Théâtre du Rond-Point », art. cit.

Les mises en images d’habitude si dominantes chez Rodrigo Garcia, semblent ici s’incliner sous la force des mots. On ne prête qu’un œil distrait aux exploits impudiques qui réinterprètent les épisodes bibliques dans une version rebutante et cradingue […] L’imagerie est plutôt faible et attendue, et on aurait presque envie de fermer les yeux pour entendre le substrat textuel. Les mots comme des couteaux se taillent un chemin dans les déserts de nos sociétés modernes, les musiques secrètes des personnages broient le sacré dans l’ennui du quotidien, mêlant l’absolu au superficiel, l’amour à l’effroi, la fascination à la nausée62

  • 63 Antoine Perraud, « “Golgota picnic”, veillée d’armes théâtrales », art. cit.
  • 64 Philippe Chevilley, « Rodrigo García, un homme en colère », Les Échos [En ligne], 2011, mis en lign (...)

32Quels que soient les jugements sur la pièce exprimés dans ces commentaires, ils se situent sur le terrain des valeurs artistiques. Cette critique de l’esthétique va de pair avec un mouvement de généralisation typique des polémiques artistiques où l’art se voit imputer le rôle de provoquer le public et de déranger l’ordre établi : « Subirait-il [Jacky Ohayon, le directeur et cofondateur du théâtre Garonne] une colère d’extrémistes aux manières de consommateurs, furieux que le théâtre ne se contente pas de ronronner tel un simple divertissement63 ? » De la même manière, pour Philippe Chevilley, il y aurait dans la pièce « [d]e quoi s’ennuyer, s’agacer et être choqué parfois… mais aussi méditer, se remettre en question », car « le théâtre est là pour bousculer le monde. Sinon, ça sert à quoi64 ? ».

  • 65 Claude Chanaud, « Golgota picnic de Rodrigo Garcia », art. cit.
  • 66 Marie-José Sirach, « Le théâtre, lieu profane de la parole en liberté », art. cit.

33Cette fonction assignée à l’art explique ainsi l’insistance dans les commentaires sur la provocation du spectateur. García emploierait « les mots de la réflexion et les situations les plus provocantes possibles65 », il « ne s’embarrasse[rait] pas de formules de politesse. Il tape[rait], il cogne[rait] dur, il s’énerve[rait], il énerve[rait]66 ».

  • 67 Rodrigo Garcí, « “Golgota picnic” : une représentation annulée après des menaces de catholiques pol (...)
  • 68 « Allons-nous permettre que d’autres nous disent la poésie que nous devons faire et celle que nous (...)
  • 69 Observatoire de la liberté de création, « Golgota picnic : soutien à la liberté de création », art. (...)

34Au cœur de la polémique résident finalement deux objets de débats qui s’opposent et qui se complètent à la fois : il s’agit non seulement de déterminer si Golgotha picnic est de l’art ou de la simple provocation gratuite, mais également de déterminer si la liberté de l’art doit être limitée lorsqu’une œuvre est jugée provocante. C’est donc plus généralement la question des droits imprescriptibles de l’art qui est posée au public. Celle-ci va normalement de pair avec l’argument de l’impunité de l’art qui, pour la seule raison qu’il se situe hors de tout jugement moral, ne serait ni condamnable ni censurable. Les diffuseurs de la pièce, Jean-Michel Ribes et Les Solitaires intempestifs, ainsi que son auteur y ont recours. Rodrigo García affirme ainsi « qu’il s’agit d’une simple pièce de théâtre, rien de plus », qu’elle relève de la « fiction » et « de la poésie67 », et qu’à ce titre l’artiste ne peut pas s’en laisser dicter les limites68. L’Observatoire de la liberté de création revendique également le fait que « l’œuvre d’art n’est pas la réalité. Elle est dans la réalité, mais elle en est une représentation. C’est pourquoi l’artiste est libre de déranger, de provoquer, voire de faire scandale69. » Cette dimension irréelle de l’art en ferait ainsi un monde à part, auquel les lois du discours ordinaire ne s’appliquent pas, ce qui implique une liberté sans limites pour l’artiste.

  • 70 René Solis, « Picnic : les intégristes ne lâchent pas le morceau », dans Libération, 2011, mis en l (...)
  • 71 Marie-José Sirach, « Le théâtre, lieu profane de la parole en liberté », art. cit.
  • 72 Walid Mebarek, « L’intégrisme catholique avance ses pions », art. cit.
  • 73 Audrey Chazelle, « Golgota picnic, le nouveau manifeste de Rodrigo García », art. cit.

35Plusieurs commentateurs en faveur des représentations (neuf cas) ont également recours à cet argument de l’exception artistique, mais il apparaît rarement seul. René Solis, par exemple, écrit : « Ce serait bien entendu le droit le plus absolu de l’auteur et metteur en scène hispano-argentin de présenter un spectacle “christianophobe” ou blasphématoire. Mais ce n’est même pas le cas. Prétendre que Golgota Picnic “insulte le Christ” tient, au minimum, du malentendu70. » De la même façon, Marie-José Sirach évoque le théâtre comme un « lieu profane de la parole en liberté71 ». Cet argument s’incarne parfois (trois cas) en une condamnation générale et sans appel de la censure du théâtre. Walid Mebarek, par exemple, pose la question d’emblée : « Les catholiques intégristes menaceront-ils la liberté d’expression72 ? » Audrey Chazelle, quant à elle, réaffirme l’importance de défendre la liberté de la création artistique en vue de protéger non seulement la laïcité de l’État, mais également la santé de la société française : « Le théâtre et son rôle dans la Cité sont à nouveau visés. Qu’on lui appartienne, le soutienne ou le blâme, le théâtre est, et demeure le temple de la démocratie73. »

36Cet argument de l’exception artistique est toutefois ambigu et fragile, car il suppose à la fois un droit immanent pour l’artiste de transgresser la morale, et une interdiction pour le spectateur de juger l’art selon les règles de la morale. Cette ambivalence de l’argument explique qu’il est rarement mobilisé comme unique justification de la provocation et qu’il se trouve souvent accompagné de jugements qui mettent en œuvre des valeurs éthiques.

  • 74 Carole Talon-Hugon, Morales de l’art, op. cit., p. 177.
  • 75 Ibid, p. 178.

37Pour légitimer la provocation et la violence de la pièce, ses défenseurs mobilisent en effet l’argument de sa portée morale et universaliste. Elle n’aurait pas pour seule cible la communauté catholique, mais l’ensemble des communautés religieuses, voire l’ensemble des êtres humains. En se sentant visés, les chrétiens n’auraient pas compris l’ambition universelle de García. On reconnaît là un des lieux communs du discours de défense de l’art contemporain comme l’a montré Carole Talon-Hugon dans Morales de l’art. Il s’agit de donner une réponse relevant de la « sur-morale74 » en décrivant une « intention morale inaperçue75 ».

  • 76 Rodrigo García, « “Golgota picnic” : une représentation annulée après des menaces de catholiques po (...)

38Tout d’abord, la critique opérée par García est perçue comme allant au-delà des chrétiens, visant la « religion », et même la « doctrine » ou le « dogme » en général. Pour asseoir cette lecture, la presse donne la parole à García, soit par le biais d’un entretien long comme dans les Inrocks76, soit par le biais de citations plus courtes, comme dans cet article de Brigitte Salino paru dans Le Monde :

  • 77 Brigitte Salino, « Chez Rodrigo García, le sauveur, c’est le verbe », art. cit.

Alors Rodrigo García s’est replongé seul dans la Bible, dont il dit qu’elle représente aujourd’hui pour lui « l’imaginaire. La beauté du langage. L’utopie. L’extrême violence. Et, surtout, l’injustice. Toute doctrine est réprouvable, parce qu’elle s’acharne à vouloir nous sauver ». Voilà exactement ce dont traite Rodrigo García, en partant d’une question qui en entraîne beaucoup d’autres : a-t-on le droit d’élever des enfants dans la peur ? Sa réponse est « non », bien sûr, et il prend des chemins fort peu catholiques pour l’exprimer. Le texte ouvre sur un portrait du Christ, façon humoriste. Mais cela n’est qu’un début. L’intérêt de Golgota picnic tient à ce que García en retire : la matière d’une introspection, extrêmement mélancolique et profonde, sur les dogmes qui guident chacun, consciemment ou inconsciemment77

39L’auteure s’appuie directement sur la citation des propos de García à partir desquels elle opère une généralisation progressive. Elle évoque d’abord son rapport à la Bible par une suite de mots où l’on observe l’évolution d’un vocabulaire à l’axiologie positive (« l’imaginaire », « la beauté du langage », « l’utopie ») à un vocabulaire à l’axiologie négative (« l’extrême violence », « l’injustice »). La journaliste dégage enfin une autre signification à la pièce que celle relevée par ses détracteurs : une réflexion plus large sur l’influence des dogmes dans la société.

40Pour certains, la portée morale de la pièce va bien au-delà d’une remise en question des croyances et des doctrines. Pour Antoine Perraud, par exemple, la critique de la religion apparaît nécessaire et cruciale dans la démarche artistique d’un auteur imprégné de culture catholique dont le discours a une finalité politique :

  • 78 Antoine Perraud, « “Golgota picnic”, veillée d’armes théâtrales », art. cit.

Le texte dégorge de la religion à plein tube. Conditionné par deux filles forcenées de l’Église (l’Argentine et l’Espagne), Rodrigo García patauge avec force dans le bénitier. On a intérêt à être allé au cathé pour saisir sans faillir : tout est paraphrase des Écritures, perversion des codes, agitation de la foi après usage, rhétorique prophétique poussée jusqu’à l’absurde avec une réelle maestria stylistique. L’auteur passe de la rage (abomination de notre société de consommation) à l’ironie (fabuleux éloge de la sagacité des plus riches) ; de la poésie pure (la mer) à la tendresse éthérée (la mère)78

  • 79 Philippe Chevilley, « Rodrigo García, un homme en colère », art. cit.

41Ce commentaire identifie certes un discours critique envers la religion catholique, mais y voit également un moyen pour attaquer d’autres cibles (la société de consommation, la « sagacité » – ou l’absence de sagacité – des plus riches). Dans de nombreux articles, un tel mouvement de généralisation permet de définir une cible universelle : la pièce « fustige le monde entier, la bêtise des hommes ». García est « nihiliste, équivoque » et « en colère permanente79 », ce qui justifie la véhémence de son style.

42Chez les commentateurs défavorables à la pièce, Golgotha picnic est au contraire décrite comme dénuée de valeur artistique. C’est le cas de Jean Clair dans un article paru dans le Figaro :

  • 80 L’auteur cite Fabrice Hadjadj, « Vous avez dit “christianophobie” ? », dans Le Figaro [En ligne], 2 (...)
  • 81 Jean Clair, « “Christianophobie” et représentations du Christ », dans Le Figaro [En ligne], 2011, m (...)

Si je m’insurge contre la grossièreté de Golgota picnic, jusqu’à vouloir son interdiction, « ce que j’obtiendrai au final, avance Hadjadj80, sera l’interdiction du chef-d’œuvre de Dante, La Divine Comédie ». Vraiment ? Pour faire écho à un scandale récent, si je demande que le Piss Christ d’Andres Serrano soit décroché du musée qui l’abrite, sont-ce les Christ de Rubens ou de Mantegna que je décroche aussi ? Ce serait dire que l’œuvre dite d’« art » d’un homme nommé Serrano et autoproclamé « artiste » a même valeur que des œuvres (dont l’iconographie a été lentement établie au cours des siècles, par des confréries, des conciles, des sages, des philosophes, des saints et de simples dévots) d’une autorité, pour les sociétés de croyants qui la contemplent, égale à l’autorité des lois établies par nos sociétés laïques81

43L’historien dénie le statut d’œuvre d’art à Golgotha picnic et à Piss Christ en les comparant ironiquement à des toiles d’artistes dont l’autorité est incontestée : Dante, Rubens et Mantegna. Par cette analogie, il réfute les accusations de censure provenant du camp adverse : il ne s’agit pas d’interdire une œuvre d’art, mais bien d’empêcher la diffusion d’une offense dans une œuvre qui est artistiquement nulle. La pièce n’est tout simplement pas de l’art et, de fait, elle doit être jugée comme le serait n’importe quel discours dans l’espace public.

  • 82 Henrik Lindell, « Golgota picnic : un spectacle nihiliste et inégal », art. cit.
  • 83 Gérard Leclerc, « Christianophobie, quelle réponse ? », art. cit.

44La pièce est également décrite par ses détracteurs comme « [u]n spectacle provocateur, qui ne permet pas de s’élever au-dessus du cynisme anti-religieux de l’auteur [et comme] un signe parmi d’autres d’une culture nihiliste, destructive, qui a besoin de rire de l’autre pour exister82 ». Pour Gérard Leclerc, « [a]vec Rodrigo Garcia, la provocation est directe, même si elle se déploie dans des invectives confuses et cris d’écorché vif. Son Golgota Picnic n’a rien d’un discours en forme, il éructe, il insulte83 ». Dans ces exemples, la provocation n’a d’autre visée que celle de ridiculiser les chrétiens et leurs symboles. La valeur artistique se mesurerait à la capacité d’un artiste à prendre de la distance avec ses propres ressentiments. Parce que la pièce est nulle d’un point de vue esthétique, la provocation apparaît injustifiée et gratuite.

45De ce refus d’accorder une valeur artistique à la pièce, on passe chez certains commentateurs à un argument financier, comme c’est souvent le cas dans les polémiques concernant l’art contemporain, selon lequel la pièce ne devrait pas être financée par les fonds publics. Cet argument avait d’abord été mobilisé par Civitas dès le début de l’affaire :

  • 84 Alain Escada, « Golgota picnic, le spectacle blasphématoire contre lequel il nous faut nous mobilis (...)

Et c’est dans le cadre du prestigieux « Festival d’automne » que ce spectacle blasphématoire se voit programmé. Un Festival d’Automne présidé par l’acteur Pierre Richard. Un Festival d’automne qui compte de nombreux partenaires institutionnels. Un Festival d’automne qui s’appuie également sur de généreux mécènes tels que la Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent, la société anonyme Baron Philippe de Rochschild, EDF, le Crédit Coopératif, Arte, etc.84 

46Ce même argument est par la suite repris dans la tribune de députés de droite initiée par Jacques Remiller : « Comment pouvons-nous admettre que l’argent du contribuable subventionne grassement des œuvres contestables ? Accepterions-nous que l’Impôt finance des scènes non respectueuses de l’Islam ou du Judaïsme85 ? », de même que dans certains articles issus de la presse confessionnelle ou faisant entendre la voix d’experts chrétiens. Henrik Lindell souligne ainsi que « cette pièce subventionnée pourrait et devrait énerver certains par sa… profonde nullité artistique86 ». C’est le cas également du discours cité de l’historien de l’art François Boespflug : « [J]e trouve qu’il faut protester parce que ces œuvres se font avec des crédits de l’État87. » Si elle a été initiée à l’extrême droite française, la polémique de Golgotha picnic a été l’occasion de réactiver une vieille rengaine contre l’art subventionné, que l’on retrouve désormais aussi bien à droite qu’à gauche de l’échiquier politique88.

  • 89 Carole Talon-Hugon, L’Art sous contrôle. Nouvel agenda sociétal et censures militantes, Paris, PUF, (...)

47Dans cette polémique, la question de l’identification d’une valeur artistique apparaît donc bien articulée à celle de savoir si l’artiste a le droit de provoquer ses concitoyens. Si le lien entre ces deux questions perdure, c’est qu’il demeure une certaine croyance en une liberté supérieure des artistes. Cependant, l’argument de l’exception artistique apparaît très largement affaibli, car il s’agit de défendre une pièce perçue comme choquant les sensibilités d’une communauté. La provocation se trouve davantage justifiée par l’identification d’une visée morale ou, au contraire, dénoncée pour sa gratuité et sa vanité. En ce sens, cette polémique confirme l’hypothèse de Carole Talon-Hugon89 qui identifie dans les polémiques artistiques actuelles le signe d’une rupture avec l’époque de l’autonomie de l’art et de son corollaire, la liberté absolue de l’artiste. Même si elle est dotée d’une valeur artistique par ses défenseurs, l’œuvre d’art ne peut plus se définir comme simplement provocatrice. Lorsqu’elle heurte les sensibilités, elle se doit de dénoncer les travers de son époque, ce qui revient à dire qu’elle doit poursuivre des fins hétéronomes au champ artistique.

Conclusion

  • 90 Nathalie Heinich a décrit le rôle des polémiques culturelles dans la scission de l’espace public en (...)
  • 91 Alain Escada, « Appel à la manifestation nationale contre la christianophobie », Civitas [En ligne] (...)
  • 92 C’est l’interprétation qu’en fait Emmanuel Pierrat par exemple dans son livre Nouvelles morales, no (...)

48La presse donne donc une forte visibilité à la polémique religieuse autour de Golgotha picnic tout en l’alimentant quotidiennement. On observe une nette polarisation du débat sans que le dissensus ne soit jamais réglé. Les articles donnent à lire un affrontement entre des commentateurs plutôt conservateurs et gardiens des valeurs éthiques et religieuses et des commentateurs plutôt libéraux et gardiens des valeurs artistiques90. Sans surprise, les articles issus de la presse culturelle et de la presse plutôt orientée à gauche se situent sur le terrain de l’art pour légitimer la pièce ou la critiquer. Ils y ajoutent cependant des arguments mettant en œuvre des valeurs éthiques pour défendre la liberté de provoquer, ce qui révèle l’affaiblissement de l’argument de l’autonomie artistique au sein même du public traditionnellement acquis à la cause de la liberté de création artistique. À l’inverse, les articles issus de la presse orientée à droite sont ceux qui rejettent le plus fermement la pièce. Ils accordent une place importante à l’argument du blasphème tel qu’il est formulé par Civitas, lequel est étroitement corrélé à celui de la montée d’un sentiment « christianophobe » en France. L’argument est soit directement repris dans la presse la plus conservatrice, soit formulé dans sa version plus consensuelle, consistant à faire valoir les « sensibilités blessées » de la communauté catholique. Mais au-delà de cette polarisation des discours où chacun joue sa partition habituelle, on observe également une reprise de l’argument des « sensibilités blessées » dans la presse généraliste. Elle donne largement la parole aux représentants de la hiérarchie catholique française, lesquels prennent leurs distances vis-à-vis de Civitas et de l’AGRIF tout en manifestant leur inquiétude sur le sort réservé aux catholiques en France. En ce sens, la stratégie d’Escada de rendre visible l’argumentation de son association a porté ses fruits, lui qui demandait à ses membres d’« écrire et/ou téléphoner aux institutions accordant des subventions », d’« écrire aux Évêques de France afin de leur demander de condamner publiquement ces spectacles », mais également d’« écrire aux médias, parce qu’il [fallait] faire de cette mobilisation contre la christianophobie un débat de société91 ». De fait, les arguments de l’institut national-catholique sont omniprésents dans la presse durant toute la polémique, que ce soit pour être relayés, discutés ou invalidés. Il est ainsi bien plus question des chrétiens que d’art dans les articles publiés pendant la période où Golgotha picnic tient l’affiche, comme le montre la plus faible présence des arguments moraux et esthétiques. De ce constat, on peut tirer une première conclusion. Les débats autour de la pièce ont surtout permis de faire entendre la voix des catholiques en France et de leur redonner une place de premier plan dans l’espace médiatique. Certains défenseurs de la liberté de création y voient même une censure des associations intégristes sur les productions culturelles et artistiques qui irait jusqu’à faire oublier les œuvres elles-mêmes92.

49Cependant le déploiement de ce genre de polémiques peut aussi revêtir une tout autre signification, comme le suggère par exemple Olivier Bobineau au sujet de l’affaire Golgotha Picnic, pour qui cette polémique est la preuve de la bonne santé de la démocratie française :

  • 93 Olivier Bobineau, « Retour de l’ordre religieux ou signe de bonne santé de notre pluralisme laïque  (...)

Le blasphème invoqué en place publique est hors-la-loi en France, ne faisant plus l’objet de sanction ; ceux qui lui donnent encore un sens peuvent l’employer au nom de leur croyance en Dieu. Plus des croyants usent de la catégorie « blasphème », plus ils illustrent la pluralité et la divergence des options philosophiques ce qui est signe de la bonne santé de notre espace public démocratique. Ce n’est pas le retour de l’ordre moral, mais le prix à payer de la laïcité et qui fait toute sa valeur : être le dispositif garantissant le « polythéisme des valeurs » et son expression, selon Max Weber93

  • 94 À l’inverse, les représentations de Golgotha picnic ont été déprogrammées du Malta Festival de Pozn (...)
  • 95 TGI Paris, 17e ch., 10 décembre 2015.
  • 96 CA Paris, pôle 2, 7e ch., 22 juin 2016, no 16/00342.
  • 97 Cass. crim., 17 novembre 2017, pourvoi no 16-84.945.
  • 98 Ruth Amossy, Apologie de la polémique, op. cit., p. 215.

50La presse a certes donné une tribune et une visibilité aux opinions d’extrême droite, mais il n’en demeure pas moins que les représentations de la pièce ont bel et bien eu lieu94 et que ses diffuseurs ont été renvoyés des fins de la poursuite par le tribunal de grande instance de Paris95 le 10 décembre 2015, décision qui a par la suite été confirmée par la cour d’appel96 le 22 juin 2016 et par la Cour de cassation97 le 17 novembre 2017. Force est donc de constater qu’il existe bel et bien une très forte liberté démocratique en France qui permet non seulement aux artistes de créer des œuvres qui heurtent, mais également à ceux qui se sentent « heurtés » de s’en plaindre sur la place publique. En ce sens, on peut reprendre la formule de Ruth Amossy pour faire l’« apologie » d’une polémique, qui « offre un moyen de coexistence qui assure » peut-être in fine les conditions de possibilité d’« un vivre-ensemble98 ».

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Bibliographie

Corpus primaire

Bobineau (Olivier), « Retour de l’ordre religieux ou signe de bonne santé de notre pluralisme laïque ? », Le Monde [En ligne], 2011, mis en ligne le 9 décembre 2011, consulté le 12 février 2019. URL : https://www.lemonde.fr/idees/article/2011/12/08/retour-de-l-ordre-religieux-ou-signe-de-bonne-sante-de-notre-pluralisme-laique_1615091_3232.html.

Boespflug (François), « Quatre images commentées par François Boespflug », propos recueillis par Caroline Steven, Le Temps [En ligne], 2011, mis en ligne le 9 décembre 2011, consulté le 19 novembre 2019. URL : https://www.letemps.ch/culture/quatre-images-commentees-francois-boespflug.

Boespflug (François), « “Notre société aimerait s’être autofondée” », propos recueillis par Caroline Stevan, Le Temps [En ligne], 2011, mis en ligne le 9 décembre 2011, consulté le 12 février 2019. URL : https://www.letemps.ch/culture/societe-aimerait-setre-autofondee.

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Notes

1 Pour une étude de ces affaires qui opposent des catholiques et des artistes, voir notamment Isabelle Saint-Martin, « Christ, Pietà, Cène, à l’affiche : écart et transgression dans la publicité et le cinéma », dans Ethnologie française, vol. 36, no 1, 2006, pp. 65-81 ; Isabelle Saint-Martin, « Sensibilités catholiques et réactions militantes devant les blasphèmes en images », dans Bruno Dumons et Frédéric Guguelot (dir.), Catholicisme et identité 1980-2016, Paris, Karthala, 2017, pp. 227-259 ; Boulègue (Jean), Le Blasphème en procès, 1984-2009. L’église et la mosquée contre les libertés, Paris, Nova Éditions, 2010 ; Jeanne Favret-Saada, Les Sensibilités religieuses blessées. Christianismes, blasphèmes et cinéma 1965-1988, Paris, Fayard, « Histoire de la pensée », 2017 et Philippe Portier, « La question du “droit au blasphème” en France. Genèse et structure d’une controverse », dans Amandine Barb et Denis Lacorne, Les Politiques du blasphème, Paris, Karthala, 2018, pp. 39-62.

2 Cette citation et la précédente sont extraites du synopsis de la pièce disponible sur le site du théâtre du Rond-Point (https://www.theatredurondpoint.fr/spectacle/golgota-picnic/).

3 Rodrigo García, Golgotha picnic, Besançon, Les Solitaires Intempestifs, 2011, p. 22.

4 Idem.

5 Que la Conférence des évêques de Paris décrit comme un délit qui consiste à « proférer contre Dieu, intérieurement ou extérieurement, des paroles de haine, de reproche, de défi, à dire du mal de Dieu, à manquer de respect envers Lui dans ses propos […]. Son interdiction s’étend aux paroles contre l’Église, du Christ, les saints, les choses sacrées » (https://eglise.catholique.fr/glossaire/blaspheme/).

6 Jeanne Favret-Saada, Les Sensibilités religieuses blessées, op. cit., p. 9.

7 Alain Escada, « Golgota picnic, le spectacle blasphématoire contre lequel il nous faut nous mobiliser », Civitas [En ligne], 2011, mis en ligne le 17 juillet 2011, consulté le 19 juin 2018. URL : http://www.civitas-institut.com/2011/07/17/golgota-picnic-le-spectacle-blasphematoire-contre-lequel-il-nous-faut-nous-mobiliser/.

8 Sur les stratégies de communication de la mouvance identitaire, voir Yannick Cahuzac et Stéphane François, « Les stratégies de communication de la mouvance identitaire », dans Questions de communication [En ligne], no 23 : Figures du sacré, 2013, p. 276.

9 Golgotha picnic a été présentée du 16 au 20 novembre au Théâtre Garonne à Toulouse et du 8 au 17 décembre 2011 au Théâtre du Rond-Point à Paris dans le cadre du Festival d’automne.

10 Eureka est un moteur de recherche en ligne qui répertorie plus de 25 ans d’archives de sources d’actualités.

11 De ces vingt-sept articles, seul un est issu de la presse d’information catholique (La Croix), un de la presse conservatrice (Le Figaro). Les autres sont issus soit de la presse de centre gauche ou droit (neuf), soit de la presse de gauche (neuf), soit de la presse culturelle (sept). Notre classement de ces divers organes de presse s’appuie sur celui établi par le site Eurotopics, URL : https://www.eurotopics.net/fr.

12 De ces dix articles, trois sont issus de la presse d’information catholique (La Croix et La Vie), quatre de la presse conservatrice (Le Figaro et Slate.fr), voire très conservatrice (Valeurs actuelles), trois de la presse d’information à tendance centriste (Le Temps et Le Parisien).

13 Ruth Amossy, Apologie de la polémique, Paris, PUF, 2014, p. 74.

14 Patrick Charaudeau, Le Discours d’information médiatique  La construction du miroir social, Paris, Nathan, 1997, p. 140.

15 Nous en avons répertorié dix-sept parues entre le 7 juillet et le 8 décembre 2011, toutes accessibles sur le site du parti : http://www.civitas-institut.com/.

16 Nous en avons répertorié deux, initialement parus sur le site de la Conférence des évêques de France les 19 septembre et 25 octobre 2011 (URL : https://eglise.catholique.fr/actualites/360685-a-propos-des-recents-spectacles/).

17  https://www.christianophobie.fr/communique/14-deputes-francais-se-sont-associes-a-la-demarche-de-jacques-remiller-contre-la-christianophobie.

18 Observatoire de la liberté de création, « Golgota picnic : soutien à la liberté de création », Ligue des droits de l’Homme [En ligne], 2011, mis en ligne le 4 décembre 2011, consulté le 10 juin 2018. URL : https://www.ldh-france.org/la-ligue-des-droits-de-l-homme-la/.

19 Olivier Bobineau, « Retour de l’ordre religieux ou signe de bonne santé de notre pluralisme laïque ? », dans Le Monde [En ligne], 2011, mis en ligne le 9 décembre 2011, consulté le 12 février 2019. URL : https://www.lemonde.fr/idees/article/2011/12/08/retour-de-l-ordre-religieux-ou-signe-de-bonne-sante-de-notre-pluralisme-laique_1615091_3232.html.

20 Ruth Amossy, Apologie de la polémique, op. cit., p. 103.

21 Le retable d’Issenheim, consacré à saint Antoine, provient du couvent des Antonins à Issenheim où il ornait le maître-autel de l’église. Le triptyque présente en son centre un Christ dolent, les bras tendus à l’extrême, les lèvres bleuies et présentant les stigmates des flagellations qu’il a subies.

22 Jean-Noël Dumont, « L’image souillée de Dieu », dans Valeurs actuelles [En ligne], 2011, mis en ligne le 8 décembre 2011, consulté le 12 février 2019. URL : https://www.valeursactuelles.com/divers/limage-souillee-de-dieu-30463.

23 Isabelle Saint-Martin, « Christ, Pietà, Cène, à l’affiche… », art. cit., p. 70.

24 André Vingt-Trois, « Un spectacle caricatural par rapport au Christ », propos recueillis par Anne-Cécile Juillet, dans Le Parisien [En ligne], 2011, mis en ligne le 8 décembre 2011, consulté le 12 février 2019. URL : http://www.leparisien.fr/espace-premium/actu/un-spectacle-caricatural-par-rapport-au-christ-08-12-2011-1757736.php.

25 Sur ce point, voir l’article de Nathalie Droin dans ce même numéro.

26 Observatoire de la liberté de création, « Golgota picnic : soutien à la liberté de création », art. cit.

27 Gérard Leclerc, « Christianophobie, quelle réponse ? », dans Valeurs actuelles [En ligne], 2011, mis en ligne le 8 décembre 2011, consulté le 12 février 2019. URL : https://www.valeursactuelles.com/divers/christianophobie-quelle-reponse-30462.

28 À ce propos, il est révélateur de constater qu’une note accompagne désormais la description de la pièce sur le site du Théâtre du Rond-Point : « Nous attirons votre attention sur le fait que ce spectacle comporte des propos qui pourraient heurter certaines sensibilités. » (https://www.theatredurondpoint.fr/spectacle/golgota-picnic/).

29 Jeanne Favret-Saada, Les Sensibilités religieuses blessées, op. cit., p. 9.

30 Henrik Lindell, « Golgota picnic : un spectacle nihiliste et inégal », sur lavie.fr [En ligne], 2011, mis en ligne le 17 novembre 2011, consulté le 14 août 2018. URL : http://www.lavie.fr/culture/spectacles/golgota-picnic-un-spectacle-nihiliste-et-inegal-17-11-2011-21946_32.php.

31 Henri Tincq, « La bataille de Golgotha picnic », sur Slate.fr [En ligne], 2011, mis en ligne le 8 décembre 2011, consulté le 11 octobre 2017. URL : http://www.slate.fr/story/47251/golgota-picnic.

32 Isabelle Saint-Martin, « Christ, Pietà, Cène, à l’affiche », art. cit., p. 76.

33 Céline Béraud et Philippe Portier, Métamorphoses catholiques, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2015, p. 167.

34 François Boespflug, « “Notre société aimerait s’être autofondée” », propos recueillis par Caroline Stevan, dans Le Temps [En ligne], 2011, mis en ligne le 9 décembre 2011, consulté le 11 octobre 2019. URL : https://www.letemps.ch/culture/societe-aimerait-setre-autofondee.

35 André Vingt-Trois, « “Un spectacle caricatural par rapport au Christ” », art. cit.

36 Ingrid Gasparini, « “Golgota picnic”, de Rodrigo García, Théâtre du Rond-Point », Les Trois Coups [En ligne], 2011, mis en ligne le 14 décembre 2011, consulté le 7 octobre 2017. URL : https://lestroiscoups.fr/golgota-picnic-de-rodrigo-García-theatre-du-rond-point-a-paris/.

37 Henri Tincq, « La bataille de Golgotha picnic », art. cit.

38 Cité par La Question, le 25 octobre 2011, en commentaire sous l’article de blogue (S. a.), « Non à la christianophobie : défendons le Christ ! », La Question [En ligne], 2011, mis en ligne le 25 octobre 2011, consulté le 7 juin 2018. URL : https://lebloglaquestion.wordpress.com/2011/10/25/non-a-la-christianophobie-defendons-le-christ/. Le communiqué original de Mgr Podvin n’est malheureusement plus disponible en ligne sur le site de la Conférence des évêques de France.

39 Bernard Podvin, « À propos des récents spectacles », sur eglise.catholique.fr [En ligne], 2011, mis en ligne 25 octobre 2011, consulté le 7 juin 2018. URL : https://eglise.catholique.fr/actualites/360685-a-propos-des-recents-spectacles/.

40 Alain Escada, « La vérité quant à la riposte des jeunes chrétiens face aux provocations blasphématoires », Civitas [En ligne], 2011, mis en ligne le 24 octobre 2011, consulté le 9 novembre 2016. URL : http://www.civitas-institut.com/2011/10/24/la-verite-quant-a-la-riposte-des-jeunes-chretiens-face-aux-provocations-blasphematoires/.

41 Éric de Moulins-Beaufort, « Quelles leçons tirer de l’affluence à la veillée de prière organisée en réponse à “Golgota picnic” », propos recueillis par Céline Hoyeau, dans La Croix, 12 décembre 2011.

42 Gérard Leclerc, « Christianophobie, quelle réponse ? », art. cit.

43 Fabienne Pascaud, « La passion selon García », dans Télérama, 10 décembre 2011.

44 Antoine Perraud, « “Golgota Picnic”, veillée d’armes théâtrale », dans Mediapart [En ligne], 2011, mis en ligne le 8 décembre 2011, consulté le 6 octobre 2017. URL : https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/181111/golgota-picnic-veillee-darmes-theatrale?onglet=full.

45 Antoine Perraud, « “Golgota picnic”, veillée d’armes théâtrales », art. cit.

46 Marie-José Sirach, « Le théâtre, lieu profane de la parole en liberté », dans L’Humanité [En ligne], 2011, mis en ligne le 12 décembre 2011, consulté le 12 février 2019. URL : https://www.humanite.fr/culture/le-theatre-lieu-profane-de-la-parole-en-liberte-485723.

47 Denis Sanglard, « “Golgota picnic” de Rodrigo García au Théâtre du Rond-Point », Un fauteuil pour l’Orchestre [En ligne], 2011, mis en ligne le 12 décembre 2011, consulté le 7 octobre 2017. URL : http://unfauteuilpourlorchestre.com/critique-golgota-picnic-de-rodrigo-García-au-theatre-du-rond-point-festival-dautomne/.

48 Raphaël de Gubernatis, « “Golgota picnic” : intolérance et malentendus », dans Le Nouvel Observateur [En ligne], 2011, mis en ligne le 12 décembre 2011, consulté le 12 février 2019. URL : https://www.nouvelobs.com/culture/20111209.OBS6376/golgota-picnic-intolerance-et-malentendus.html.

49 Walid Mebarek, « L’intégrisme catholique avance ses pions », El Watan [En ligne], 2011, mis en ligne le 13 décembre 2011 sur le site Tradinews, consulté le 5 septembre 2018. URL : http://tradinews.blogspot.com/2011/12/walid-mebarek-el-watan-lintegrisme.html.

50 Sur la réversibilité de l’argument d’une liberté d’expression à deux vitesses, voir notamment Denis Ramond, La bave du crapaud. Petit traité de liberté d’expression, Paris, La Découverte, 2018.

51 Céline Béraud et Philippe Portier, Métamorphoses catholiques, op. cit., p. 35.

52 Nous faisons ici référence à l’ouvrage de Carole Talon-Hugon, Morales de l’art, Paris, PUF, 2009.

53 Sur la question des valeurs propres au monde de l’art et plus généralement sur la typologie des registres de valeurs en jeu dans le rejet de l’art contemporain, voir Nathalie Heinich, Des valeurs. Une approche sociologique, Paris, Gallimard, 2017.

54 Brigitte Salino, « Chez Rodrigo García, le sauveur, c’est le verbe », dans Le Monde [En ligne], 2011, mis en ligne le 9 décembre 2011, consulté le 12 février 2019. URL : https://www.lemonde.fr/culture/article/2011/12/08/chez-rodrigo-García-le-sauveur-c-est-le-verbe_1615099_3246.html.

55 Claude Chanaud, « Golgota picnic de Rodrigo Garcia », Encres Vagabondes [En ligne], 2011, mis en ligne le 10 décembre 2011, consulté le 29 septembre 2019. URL : http://www.encres-vagabondes.com/theatre/montreurs163.htm.

56 Fabienne Pascaud, « La passion selon García », art. cit.

57 Audrey Chazelle, « Golgota picnic, le nouveau manifeste de Rodrigo García », Inferno [En ligne], 2011, mis en ligne le 11 décembre 2011, consulté le 12 février 2019. URL : https://inferno-magazine.com/2011/12/11/golgota-picnic-le-nouveau-manifeste-de-rodrigo-garcia/.

58 Idem.

59 Antoine Perraud, « “Golgota picnic”, veillée d’armes théâtrales », art. cit.

60 Hadrien Volle, « Golgota Picnic, un doux pétard mouillé », dans Arkult [En ligne], 2011, mis en ligne le 9 décembre 2011, consulté le 29 septembre 2019. URL : http://www.arkult.fr/2011/12/golgota-picnic-un-doux-petard-mouille/.

61 Raphaël de Gubernatis, « “Golgota picnic” : intolérance et malentendus », art. cit.

62 Ingrid Gasparini, « “Golgota picnic”, de Rodrigo García, Théâtre du Rond-Point », art. cit.

63 Antoine Perraud, « “Golgota picnic”, veillée d’armes théâtrales », art. cit.

64 Philippe Chevilley, « Rodrigo García, un homme en colère », Les Échos [En ligne], 2011, mis en ligne le 12 décembre 2011, consulté le 12 février 2019. URL : https://www.lesechos.fr/12/12/2011/LesEchos/21077-063-ECH_rodrigo-García--un-homme-en-colere.htm.

65 Claude Chanaud, « Golgota picnic de Rodrigo Garcia », art. cit.

66 Marie-José Sirach, « Le théâtre, lieu profane de la parole en liberté », art. cit.

67 Rodrigo Garcí, « “Golgota picnic” : une représentation annulée après des menaces de catholiques polonais », propos recueillis par Fabienne Arvers, dans Les Inrocks [En ligne], 2014, mis en ligne le 20 juin 2014, consulté le 12 février 2019. URL : https://www.lesinrocks.com/2014/06/20/actualite/monde/golgota-picnic-annule-menaces-catholiques-polonais-11511302/.

68 « Allons-nous permettre que d’autres nous disent la poésie que nous devons faire et celle que nous ne pouvons pas faire ? » (Rodrigo García, « “Golgota picnic” : une représentation annulée après des menaces de catholiques polonais », art. cit.).

69 Observatoire de la liberté de création, « Golgota picnic : soutien à la liberté de création », art. cit.

70 René Solis, « Picnic : les intégristes ne lâchent pas le morceau », dans Libération, 2011, mis en ligne le 8 décembre 2011, consulté le 29 septembre 2019. URL : https://next.liberation.fr/theatre/2011/12/08/picnic-les-integristes-ne-lachent-pas-le-morceau_780326.

71 Marie-José Sirach, « Le théâtre, lieu profane de la parole en liberté », art. cit.

72 Walid Mebarek, « L’intégrisme catholique avance ses pions », art. cit.

73 Audrey Chazelle, « Golgota picnic, le nouveau manifeste de Rodrigo García », art. cit.

74 Carole Talon-Hugon, Morales de l’art, op. cit., p. 177.

75 Ibid, p. 178.

76 Rodrigo García, « “Golgota picnic” : une représentation annulée après des menaces de catholiques polonais », art. cit.

77 Brigitte Salino, « Chez Rodrigo García, le sauveur, c’est le verbe », art. cit.

78 Antoine Perraud, « “Golgota picnic”, veillée d’armes théâtrales », art. cit.

79 Philippe Chevilley, « Rodrigo García, un homme en colère », art. cit.

80 L’auteur cite Fabrice Hadjadj, « Vous avez dit “christianophobie” ? », dans Le Figaro [En ligne], 2011, mis en ligne le 26 novembre 2011, consulté le 12 février 2019. URL : http://www.lefigaro.fr/mon-figaro/2011/11/25/10001-20111125ARTFIG00653-vous-avez-dit-christianophobie.php.

81 Jean Clair, « “Christianophobie” et représentations du Christ », dans Le Figaro [En ligne], 2011, mis en ligne le 9 décembre 2011, consulté le 12 février 2019. URL : http://www.lefigaro.fr/mon-figaro/2011/12/08/10001-20111208ARTFIG00712-christianophobie-et-representations-du-christ.php.

82 Henrik Lindell, « Golgota picnic : un spectacle nihiliste et inégal », art. cit.

83 Gérard Leclerc, « Christianophobie, quelle réponse ? », art. cit.

84 Alain Escada, « Golgota picnic, le spectacle blasphématoire contre lequel il nous faut nous mobiliser », art. cit.

85 https://www.christianophobie.fr/communique/14-deputes-francais-se-sont-associes-a-la-demarche-de-jacques-remiller-contre-la-christianophobie.

86 Henrik Lindell, « Golgota picnic : un spectacle nihiliste et inégal », art. cit.

87 François Boespflug, « “Notre société aimerait s’être autofondée” », art. cit.

88 Sur ce point, voir dans la présente livraison l’article de Chloé Lavalette.

89 Carole Talon-Hugon, L’Art sous contrôle. Nouvel agenda sociétal et censures militantes, Paris, PUF, 2019.

90 Nathalie Heinich a décrit le rôle des polémiques culturelles dans la scission de l’espace public en deux ensembles de valeurs opposées (les conservateurs contre les libéraux). Voir Guerre culturelle et art contemporain. Une comparaison franco-américaine, Paris, Hermann, 2010.

91 Alain Escada, « Appel à la manifestation nationale contre la christianophobie », Civitas [En ligne], 2011, mis en ligne le 3 octobre 2011, consulté le 16 août 2018. URL : http://www.civitas-institut.com/2011/10/03/appel-a-la-manifestation-nationale-contre-la-christianophobie/.

92 C’est l’interprétation qu’en fait Emmanuel Pierrat par exemple dans son livre Nouvelles morales, nouvelles censures, Paris, Gallimard, 2018. C’est aussi le discours qu’alimente régulièrement l’Observatoire de la liberté de création.

93 Olivier Bobineau, « Retour de l’ordre religieux ou signe de bonne santé de notre pluralisme laïque ? », art. cit.

94 À l’inverse, les représentations de Golgotha picnic ont été déprogrammées du Malta Festival de Poznan en Pologne en 2014 à la suite d’une polémique semblable à celle survenue en France en 2011. Sur cette affaire, voir le très complet dossier Pawel Ploski et Dorota Semenowicz (dir.), Golgota picnic in Poland. An account of the events May-July 2014, Poznan, Malta Fundacja, 2014.

95 TGI Paris, 17e ch., 10 décembre 2015.

96 CA Paris, pôle 2, 7e ch., 22 juin 2016, no 16/00342.

97 Cass. crim., 17 novembre 2017, pourvoi no 16-84.945.

98 Ruth Amossy, Apologie de la polémique, op. cit., p. 215.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Anna Arzoumanov et Marie-Odile Richard, « Golgotha picnic « christianophobe » ? La polémique au regard de la presse  »COnTEXTES [En ligne], 26 | 2020, mis en ligne le 15 janvier 2020, consulté le 28 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/contextes/8670 ; DOI : https://doi.org/10.4000/contextes.8670

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Auteurs

Anna Arzoumanov

Université Paris Sorbonne

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Marie-Odile Richard

Université du Québec à Trois-Rivières

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