LE CReSP RÉPOND À VOS QUESTIONS

Volume 1, numéro 9
Mercredi, 10 juin 2020
Le Centre de recherche en santé publique (CReSP) est l’un des nouveaux centres financés par le Fonds de recherche du Québec – Santé.
Le CReSP est issu d’un partenariat entre le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal et l’Université de Montréal. Il compte 53 membres chercheurs réguliers et des experts utilisateurs de connaissances.
Afin de répondre aux questions de santé publique en lien avec la pandémie de la COVID-19, le CReSP met en place un bulletin d’information à destination des praticiens et des gestionnaires du système de santé publique qui n’ont pas le temps de se tourner vers la littérature pour répondre à leurs préoccupations de santé publique dans le contexte actuel.

Louise Potvin, PhD
Directrice scientifique du CReSP
L'équipe éditoriale du bulletin est composée d'Hélène Carabin, rédactrice en chef et spécialiste en épidémiologie, et de trois rédacteurs : Roxane Borgès Da Silva, spécialiste en organisation des services de santé, Maximilien Debia, spécialiste en hygiène du travail, et Kate Zinszer, spécialiste en épidémiologie.


Hélène Carabin, DVM, PhD
Rédactrice en chef
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QUESTION DE LA SEMAINE - 10/06/2020
QUESTION - Quelles sont les données scientifiques disponibles sur les impacts de la durée de contact, de la distance entre les contacts, et de l’environnement sur la probabilité de transmission du coronavirus entre les humains?

AUTEURS : Laura Pelland-St-Pierre, étudiante au doctorat en Santé publique, option Épidémiologie et Jairo Buitrago Cortes, étudiant au doctorat en Santé publique, option Toxicologie et analyse du risque
RÉDACTEUR : Maximilien Debia, PhD


Les indices réfèrent à des limites d'étude en bas de page.

Impact de la durée de contact sur la probabilité de transmission du coronavirus entre les humains

À RETENIR : Très peu d’études ont été réalisées sur la durée de contact et la probabilité de transmission. Toutefois, il semble qu’une plus grande durée d'exposition augmente la probabilité de transmission. 

  • Une seule étude de type rétrospectif sur la COVID-19 a évalué le temps de contact qu'ont eu des travailleurs de la santé ne portant ni masque ni autre équipement de protection avec un homme asymptomatique. Des 21 travailleurs ayant été en contact avec cet homme, 10 ont rapporté une durée cumulative de plus de 15 minutes, mais aucun travailleur n’a été testé positivement à la COVID-19 sept jours après ce contact (1d,e). 
  • Une étude a démontré que le virus pouvait rester infectieux dans l’air plusieurs heures (environ 3 heures) après avoir été généré (2a).
  • Des études réalisées lors de la crise du SRAS de 2002 rapportent qu’une durée de contact de 20 minutes avec une personne infectée montre un risque d'infection de 90% (3c). Une durée de contact de 30 minutes augmente le risque de contagion de 20.4 fois comparativement aux personnes ayant peu de contact rapproché (4c).

Impact de la distance entre les contacts sur la probabilité de transmission du coronavirus entre les humains

À RETENIR : Les études ne sont pas encore concluantes sur la distance parcourue par les gouttelettes, mais la littérature montre que les gouttelettes pourraient parcourir jusqu’à dix mètres. En ce qui concerne le risque de transmission du SRAS-CoV-2, les études suggèrent un risque de transmission qui irait au-delà de deux mètres et qui diminuerait avec une augmentation de la distance.

  • Par rapport à la COVID-19, encore très peu d’évidence est disponible, la plupart provenant pour le moment d'études de modélisation.
  • Les gouttelettes pourraient parcourir de 3 à 10 mètres dans un environnement intérieur et contrôlé. Une distance de 2 mètres entre les individus serait insuffisante pour éliminer le risque de transmission du SRAS-CoV-2, sauf si les individus portent un masque (5f, 6).
  • De plus, la distance parcourue par des gouttelettes peut être influencée par plusieurs facteurs, dont les éternuements, la toux, l’environnement (ex : température, humidité, ventilation, la vitesse du vent ou de l’air) et la vitesse d’expiration; le nuage de gouttelettes d’éternuement pouvant aller jusqu’à 8 mètres (2a, 7a, 8a, b, 9c, 10a, c, 11, 17a). Ce sont tous des éléments qui peuvent accélérer la vitesse de l’air, et donc augmenter la distance parcourue par les gouttelettes (17a).
  • La pratique d’activité physique peut également augmenter le risque de transmission pour les autres et pour soi-même (8a, b). Il a été suggéré suite à des analyses de modélisation de garder une distanciation de 5 mètres lors de la marche rapide et de 10 mètres lors de la course (12a, f, 13a, b).
  • Le risque de transmission du SRAS-CoV-2 irait au-delà de deux mètres mais il diminuerait de moitié pour chaque mètre de distance (14).
  • Bahl et coll. ont conduit une revue sur la distance horizontale parcourue par les gouttelettes respiratoires. Les auteurs ont identifié dix études, dont quatre qui utilisaient strictement de la modélisation. La distance horizontale parcourue par les gouttelettes allait de 1 à 8 mètres. Bien que les études utilisaient des méthodes différentes (modélisation ou expérimentale), 7 des 10 études ont observé une distance parcourue de plus de 2 mètres (15).

Impact de l'environnement sur la probabilité de transmission du coronavirus entre les humains

À RETENIR : Dans les milieux intérieurs, une mauvaise ventilation semble augmenter la probabilité de transmission. En outre, plusieurs études montrent que le temps chaud et sec réduirait le risque de transmission par gouttelettes.

  • Le risque de transmission de la COVID-19 serait augmenté par une mauvaise ventilation (16a, 17a). Une étude de modélisation semble indiquer que si les occupants d’un milieu fermé ne portent pas de masque, il est nécessaire de doubler la ventilation pour maintenir le risque de transmission à moins de 1% (16a).
  • Les conditions environnementales influenceraient le devenir des gouttelettes (>5 µm) et aérosols (<5 µm) dans l’air, ce qui affecterait la transmission du virus. Il a été observé qu’une température élevée diminue la transmission de la maladie (7a, 9c). En revanche, l’humidité relative ambiante élevée et le vent augmenteraient le risque de transmission (6, 7a, 10a, c). Le temps chaud et sec réduirait les infections causées par le contact avec les gouttelettes, mais le risque de transmission via les particules d'aérosol serait accru (17a). Le temps frais et humide faciliterait la propagation des grosses gouttelettes (17a).

CONCLUSION
Le risque de transmission du SRAS-CoV-2 entre humains semble augmenter avec la durée de contact et une distance de moins d’un à deux mètres. De plus, les gouttelettes pourraient parcourir plus de deux mètres, allant jusqu’à dix mètres. Elles peuvent être affectées par différentes conditions humaines (port d’un masque, activité physique) et environnementales (température, humidité, vitesse de l’air). Finalement, la ventilation mécanique diminue le risque de transmission dans un milieu intérieur.


Principales limites méthodologiques
a. Études non révisées par les pairs (incluant les preprints)
b. Publication sous forme de commentaire ou de lettre à l’éditeur
c. Possibilité de biais de confusion
d. Estimations basées sur des échantillons de petite taille
e. Possibilité de biais de sélection
f.  Rapport de cas

Références avec évaluation par les pairs

1. Canova V, Lederer Schlapfer H, Piso RJ, Droll A, Fenner L, Hoffmann T, et al. Transmission risk of SARS-CoV-2 to healthcare workers -observational results of a primary care hospital contact tracing. Swiss Med Wkly. 2020;150:w20257.

3. Lu H, Huo N, Xu X, Wang G, Li J, Wang G, et al. The epidemiologic characteristics of patients with severe acute respiratory syndrome (SARS). Beijing da Xue Xue Bao Yi Xue Ban / Journal of Peking University Health Sciences. 2003;35 Suppl:8-11.

4. Rea E, Laflèche J, Stalker S, Guarda BK, Shapiro H, Johnson I, et al. Duration and distance of exposure are important predictors of transmission among community contacts of Ontario SARS cases. Epidemiology and Infection. 2007;135(6):914-21.

5. Setti L, Passarini F, De Gennaro G, Barbieri P, Perrone MG, Borelli M, et al. Airborne Transmission Route of COVID-19: Why 2 Meters/6 Feet of Inter-Personal Distance Could Not Be Enough. Int j environ res public health (Online). 2020;17(8).

6. Feng Y, Marchal T, Sperry T, Yi H. Influence of wind and relative humidity on the social distancing effectiveness to prevent COVID-19 airborne transmission: A numerical study. J Aerosol Sci. 2020:105585-.

9. Yao M, Zhang L, Ma J, Zhou L. On airborne transmission and control of SARS-Cov-2. Sci Total Environ. 2020;731:139178-.

11. Bourouiba L. Turbulent Gas Clouds and Respiratory Pathogen Emissions: Potential Implications for Reducing Transmission of COVID-19. JAMA. 2020.

14. Chu, D., Akl, E., El-Harakeh, A., Bognanni, A., Lotf, T., Loeb, M., Cuello-Garcia, C. A. (2020). Physical Distancing, Face Masks, and Eye Protection to Prevent Person-Person COVID-19 Transmission: A Systematic Review and Meta-Analysis. The Lancet. doi:10.1016/ S0140-6736(20)31142-9.

15. Bahl P, Doolan C, de Silva C, Chughtai AA, Bourouiba L, MacIntyre CR. Airborne or Droplet Precautions for Health Workers Treating Coronavirus Disease 2019? The Journal of Infectious Diseases. 2020.

Références sans évaluation par les pairs

2. Service RF. You may be able to spread coronavirus just by breathing, new report finds. Science. 2020.

7. Lin J, Huang W, Wen M, Ma S, Hua J, Hu H, et al. Containing the Spread of Coronavirus Disease 2019 (COVID-19): Meteorological Factors and Control Strategies. medRxiv. 2020:2020.05.23.20111468.

8. Schroter R. Social distancing for covid-19: is 2 metres far enough? BMJ - British Medical Journal. 2020:m2010.

10. Zhou J, Qin L, Liu N. Ambient air pollutants, meteorological factors and their interactions affect confirmed cases of COVID-19 in 120 Chinese cities. medRxiv PREPRINT. 2020:2020.05.27.20111542.

12. Blocken, B., Malizia, F., van Druenen, T., & Marchal, T. (2020). Towards aerodynamically equivalent COVID-19 1.5 m social distancing for walking and running. PREPRINT.

13. Vasiliadis, A. V., & Boka, V. (2020). "Run distancing" in the era of COVID-19 pandemic. The Journal of Sports Medicine and Physical Fitness, 60(5), 806-807. doi:10.23736/S0022-4707.20.11064-8.

16. Dai H, Zhao B. Association of infected probability of COVID-19 with ventilation rates in confined spaces: a Wells-Riley equation based investigation. medRxiv. 2020.

17. Zhao L, Qi Y, Luzzatto-Fegiz P, Cui Y, Zhu Y. COVID-19: Effects of weather conditions on the propagation of respiratory droplets. medRxiv PREPRINT. 2020:2020.05.24.20111963.

ÉQUIPE DE PRODUCTION DU BULLETIN:

Iliana Guentcheva, courtière de connaissances, CReSP;
Patrícia Dias da Silva, agente de communication, CReSP;
Josianne Crête, agente de planification, de programmation et de recherche, DEUR;
Sylvie Fontaine, bibliothécaire, Université de Montréal;
Mariane Léonard, bibliothécaire, Université de Montréal; 
Camille Darriet, M.Sc. Université Concordia.

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