Un homme infecté au Texas: faut-il craindre une épidémie de grippe aviaire? | 24 heures
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Un homme infecté au Texas: faut-il craindre une épidémie de grippe aviaire?

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Photo d'archives

Le cas d’un fermier du Texas qui aurait contracté la grippe aviaire d’une vache fait craindre une transmission du virus à plus grande échelle chez les humains. Faut-il vraiment s’en inquiéter? Un tel scénario pourrait-il se produire au Québec? Un expert répond à nos questions.

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Une épidémie de grippe aviaire nous guette-t-elle?

Le professeur à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal Jean-Pierre Vaillancourt doute que le virus soit passé de la vache à l’homme.

«Ce qui est plus probable, c’est que la personne a été contaminée de la même façon que la vache. Pour attraper le virus d’une vache, ça exigerait que le virus ait la capacité de passer entre mammifères et ça, ça n’a pas encore été décrit», explique-t-il.

Ce qui est sûr toutefois, c'est qu’il s’agit du deuxième cas d’infection chez l'humain à l’influenza aviaire en deux ans aux États-Unis. L’homme infecté s’en tire, pour l’instant, avec une conjonctivite, qu’il traite avec des médicaments antiviraux.

Cette nouvelle infection survient également à peine quelques années après qu’une importante épidémie de grippe aviaire a balayé le monde. Le Québec n’avait pas été épargné: 532 000 oiseaux d’élevage sont décédés des suites de la maladie en 2022, selon un bilan de 2023 de l’Agence canadienne d’inspection des aliments.

Ce qui préoccupe le plus le Dr Jean-Pierre Vaillancourt: la souche du virus responsable de la plus récente éclosion est jusqu’à 1000 fois plus pathogène que d’autres virus influenza.

«Le virus peut contaminer l’environnement à un point tel où il peut être facile de s’infecter», indique l'expert. 

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Y a-t-il lieu de s’inquiéter?

Si le virus venait à muter pour lui permettre de se transmettre plus facilement par voie aérienne, de se fixer aux cellules des mammifères et de passer dans le système sanguin, «c’est là qu’on va avoir de gros problèmes», avance celui qui est membre du Groupe de recherche en épidémiologie des zoonoses et santé publique (GREZOSP).

«Si ça arrive, on va s’ennuyer de la COVID», tonne-t-il, tout en rappelant que la grippe espagnole, qui a tué de 50 millions à 100 millions de personnes en quelques mois, était d’origine aviaire. 

Mais pour l’instant, «il n’y a pas de raison de paniquer», assure le Dr Vaillancourt, même s’il juge la situation «préoccupante». Selon lui, il y a «de fortes chances» que le virus ne développe pas les mutations nécessaires pour une transmission à grande échelle entre humains.

Des cas de grippe aviaire chez des porcs seraient d'ailleurs bien plus inquiétants, souligne le spécialiste. Le système respiratoire de ces animaux présente en effet des similarités avec celui des humains. «On est loin de ça actuellement», insiste-t-il. 

Les risques de contracter la grippe aviaire par l'alimentation sont également faibles. Le virus, hautement fragile, ne survit pas au processus de pasteurisation du lait et ne se retrouve pas dans l’œuf d’une poule, précise le professeur. Une volaille infectée ne se rend pas non plus sur le marché.

Photo AFP 

Qu’arrive-t-il si un humain attrape la grippe aviaire?

Dans les rares occasions où un humain a attrapé l’influenza aviaire, la transmission s’est faite à la suite d’un contact étroit avec un animal infecté ou dans un environnement fortement contaminé.

L’Agence canadienne d’inspection des aliments recommande aux personnes qui travaillent étroitement avec des animaux qui pourraient être infectés de porter des vêtements protecteurs, y compris un masque facial, des lunettes protectrices, des gants et des bottes.

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Les symptômes de l’influenza aviaire chez les humains s’apparentent à ceux de la grippe saisonnière, notamment de la fièvre, des maux de gorge, de la toux, des douleurs musculaires et de la fatigue.

Le taux de mortalité chez les humains est faible, note d’ailleurs le Dr Vaillancourt. 

«Même si l’ancêtre de la souche qui circule en ce moment a tué des gens à Hong Kong, si on calcule les morts depuis 20 ans, c’est moins que la mortalité liée à la cigarette en deux mois au Québec.»

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