Vous ne rêvez pas: il y a de plus en plus de guerres dans le monde (et ça n’ira pas en s’améliorant) | 24 heures
/bref

Vous ne rêvez pas: il y a de plus en plus de guerres dans le monde (et ça n’ira pas en s’améliorant)

Image principale de l'article Voici pourquoi il y a de plus en plus de guerres
AFP

Depuis l’invasion russe de l’Ukraine et le début de la guerre entre Israël et le Hamas, vous avez l’impression que la violence est partout? Vous n’avez pas tort: il y a une hausse importante de conflits entre des États depuis une dizaine d’années. 

• À lire aussi: Voici les pays dans le monde où il y a le plus d’exécutions

• À lire aussi: 4 destinations prisées des Québécois où vapoter pourrait vous mener en prison

Le monde a assisté à une augmentation «spectaculaire» du nombre de conflits depuis la fin de 2010, l’année des soulèvements du printemps arabe, analyse le Uppsala Conflict Data Program (UCDP) de l'université du même nom, en Suède. 

Des violences armées de grande ampleur se déroulent actuellement en Ukraine et dans la bande de Gaza, mais également au Burkina Faso, en Somalie, au Soudan, au Yémen, en Birmanie, au Nigeria et en Syrie. 

La fumée s'élève au-dessus de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, lors d'un bombardement israélien.

AFP 

La fumée s'élève au-dessus de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, lors d'un bombardement israélien.

Le UCDP, qui collecte les données sur la violence organisée, a enregistré 55 conflits armés actifs entre États en 2022, dont huit qui ont atteint le niveau de guerre. Le programme et d’autres groupes d’études internationales définissent comme «guerres» les conflits qui entraînent la mort d’au moins un millier de personnes par année.  

En 2010, 30 conflits armés avaient été répertoriés. 

Le nombre de décès liés aux combats a également bondi de 97% entre 2021 et 2022 et de plus de 400% depuis le début des années 2000. 

Des corps sont alignés dans un cimetière improvisé de quartier résidentiel, près de la ville de Gaza.

AFP 

Des corps sont alignés dans un cimetière improvisé de quartier résidentiel, près de la ville de Gaza.

La guerre du Tigré qui a opposé le gouvernement fédéral de l’Éthiopie au Front de libération du peuple du Tigré (FLPT) de 2020 à 2022 et celle en Ukraine ont été les principales causes des 237 000 morts dues à la violence organisée en 2022, soit l'année la plus meurtrière depuis le génocide rwandais de 1994. 

Le monde serait-il de plus en plus violent? 

Tensions entre les grandes puissances 

«Il y a une recrudescence des conflits en opposition au déclin dans les années 1990 et 2000», confirme Théodore McLauchlin, professeur au Département de science politique de l’Université de Montréal et directeur du Centre d’études sur la paix et la sécurité internationale (CEPSI).  

Malgré les attentats du 11 septembre et les guerres américaines controversées en Irak et en Afghanistan, la première décennie du 21e siècle a été l'une des périodes les plus pacifiques de l'histoire. 

Comment expliquer ce regain, donc? 

«Chaque conflit a ses racines locales. Il ne faut pas écarter la complexité de la question quand on tente de cibler une explication globale», souligne d’emblée le professeur McLauchlin. 

«Mais l’augmentation des tensions entre les grandes puissances, notamment entre la Russie et les États-Unis, est la raison la plus souvent citée», précise-t-il.  

Selon l’expert, les dures relations entre les deux pays plus coopératives pendant les années Bush, alors que le président américain était occupé à combattre le terrorisme seraient même parmi les conséquences directes de certains conflits, notamment la guerre en Ukraine. 

Cette dissension se déploie également en Syrie, où le régime du président Bachar el-Assad est appuyé par la Russie et où les Forces démocratiques syriennes, une coalition dominée par les Kurdes, sont soutenues par les États-Unis. 

Les rivalités entre les grandes puissances mettent également à mal les mécanismes de résolution de conflits au Conseil de sécurité des Nations unies. 

La guerre contre le terrorisme 

Certains moyens mis en œuvre par les États-Unis pour lutter contre le terrorisme au début des années 2000 ont également contribué à l'accélération de la violence et à la création de l’État islamique, croit le professeur. 

Il cite notamment la dissolution de l’armée irakienne en 2003, ordonnée par les États-Unis, après l’invasion du pays alors dirigé par Saddam Hussein. 

Un manifestant tient une photo de l'ancien président irakien Saddam Hussein.

AFP 

Un manifestant tient une photo de l'ancien président irakien Saddam Hussein.

«Des dizaines de milliers d’hommes formés sur le plan militaire avec des armes à leur disposition se sont retrouvés sans emploi. On leur a donné leur bleu du jour au lendemain, explique-t-il. Non seulement l’État ne pouvait plus se défendre, mais une vaste quantité de soldats n’avaient plus rien à faire.» 

Plusieurs d’entre eux ont décidé de rejoindre des groupes rebelles extrémistes, comme Al-Qaïda et l’État islamique. 

Les changements climatiques 

Sans être une cause directe de l'augmentation des conflits armés dans le monde, les changements climatiques pourraient avoir joué un rôle, affirme Théodore McLauchlin.  

«Les changements climatiques ont tendance à appauvrir les personnes déjà désespérées et à attiser les conflits sociaux. Certains extrêmes météorologiques, comme les sécheresses et les inondations, peuvent ainsi mener à des rébellions armées pour le partage des ressources», illustre l’expert.  

AFP 

Une étude publiée en 2015 dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences démontre que la sécheresse qui a frappé le Croissant fertile entre 2006 et 2010 aurait contribué au déclenchement de la guerre civile en Syrie en 2011.  

L’augmentation subite du prix du blé, du riz et de la viande a alors forcé des centaines de milliers de personnes à quitter la campagne pour trouver refuge dans les villes. Au même moment, quelque 1,5 million de réfugiés irakiens rejoignaient la Syrie dans la foulée de l’intervention américaine. 

«Le gouvernement syrien aurait tenté de privilégier sa base politique» au détriment du chômage et du crime qu’a entraînés l’arrivée massive de déplacés dans les villes, suggère M. McLauchlin. 

À lire aussi

Vous pourriez aimer

En collaboration avec nos partenaires