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Pour les femmes autochtones, des changements systémiques

femmes autochtones
Édith Cloutier, directrice du Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or. Photo d'archives


Jamais je n’avais lu un rapport de recherche aussi troublant. 

Des femmes, majoritairement âgées entre 17 et 33 ans, ont été stérilisées sans leur consentement, ici au Québec, aussi récemment qu’en 2019. C’est odieux.

On ne peut pas parler de cas isolés lorsque 22 femmes autochtones, provenant de différentes nations l’ayant vécu dans différentes régions, en témoignent. 

Surtout quand on comprend qu’il ne s’agit là que d’un échantillon !

Le rapport de Suzie Basile et Patricia Bouchard de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) fait aussi état d’autres formes de violence obstétricale ainsi que d’avortements imposés à des femmes des Premières Nations et inuites au Québec.

Racisme systémique

Comme les horreurs vécues dans les pensionnats autochtones et l’histoire dramatique de Joyce Echaquan, ces témoignages font mal. 

Ils s’ajoutent aussi aux conclusions de nombreuses analyses et rapports qui mettent en lumière différentes formes de discrimination et de racisme systémiques dans nos services publics.

En plus de ce dernier rapport, je vous invite à prendre connaissance du rapport Viens, publié en 2019 et plus récemment du rapport Kamel. Les données empiriques s’accumulent et deviennent de plus en plus difficiles à nier.

Évidemment, on souhaiterait qu’il en soit autrement. Le déni est un réflexe normal individuellement et collectivement. Personne n’aime être critiqué. 

Reconnaître en toute honnêteté nos propres biais cognitifs et nos propres erreurs est cependant une première étape à franchir lorsqu’on veut progresser tant comme humain que comme société. 

L’idée n’est pas de se culpabiliser, mais de se responsabiliser. S’il est impossible de changer le passé, on peut cependant transformer l’avenir. 

Dénoncer l’inacceptable et proposer des solutions contribuent à des « avancées systémiques » pour reprendre les propos d’Édith Cloutier, directrice du Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or.

Elle constate que de grands pas ont été franchis ces dernières années. La population est beaucoup plus préoccupée par les réalités des Premiers Peuples et demande des changements systémiques. 

Voilà pourquoi les gouvernements commencent enfin à prendre des engagements pour enfin passer à l’action.

Recommandations

Le rapport de Suzie Basile et Patricia Bouchard contient 31 recommandations porteuses de changement pour que les droits fondamentaux des femmes des Premières Nations et inuites soient respectés. 

L’une d’elles est la reconnaissance du racisme systémique. 

Les autrices interpellent aussi directement le Collège des médecins afin que cessent immédiatement les pratiques de stérilisations et d’avortements imposées ainsi que les pressions exercées sur les femmes autochtones pour qu’elles acceptent ces procédures. 

À juste titre, elles demandent la mise en place de sanctions et des retraits de permis de pratique si de tels actes sont posés. 

J’espère que le Collège des médecins sera proactif. Certains témoignages sont en effet à ce point troublants, qu’ils pourraient mener à des poursuites contre ses membres. 

Une action collective a d’ailleurs été déposée en Cour supérieure contre le Centre intégré de santé et de services sociaux de Lanaudière et contre deux médecins par des femmes attikameks de Manawan qui dénoncent des stérilisations subies sans consentement libre et éclairé. 

Espérons que les recommandations de ce rapport seront implantées et qu’il contribuera ainsi à des avancées systémiques sur le chemin de la réconciliation. 

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