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La police de Gatineau condamnée pour profilage racial pour deux arrestations abusives sur un même citoyen

La victime invite les autres jeunes hommes noirs à se lever contre les autorités

Luck Kahila Nkamba
Luck Kahila Nkamba, un DJ qui a subi deux arrestations abusives de la part de la police de Gatineau, invite les jeunes hommes noirs à se lever pour protéger leurs droits. Photo fournie par Luck Kahila Nkamba


La police de Gatineau a été reconnue coupable d’avoir commis du profilage racial à deux reprises en seulement quelques mois à l’égard d’un de ses citoyens en procédant à des arrestations abusives.

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«Nous ne devons pas justifier notre existence et notre vie à Gatineau. Nous sommes citoyens à plein droit», résume en entrevue au Journal Luck Kahila Nkamba.

«Pour les autres jeunes hommes noirs de la région, ils pourront également savoir qu’ils ont des droits, qu’ils n’ont pas à se faire malmener la vie», ajoute-t-il.

Le 4 mai dernier, le Tribunal des droits de la personne a reconnu que des policiers de Gatineau lui avaient porté préjudice en raison de la couleur de sa peau, les condamnant ainsi à lui verser 22 500$ en dommages-intérêts.

La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse poursuivait alors la Ville de Gatineau et les agents impliqués, au nom de M. Nkamba.

La juge Sophie Lapierre a également recommandé à la Ville de Gatineau de «mettre en œuvre une politique visant spécifiquement à contrer le profilage racial» et d’élaborer «un processus formel d’évaluation des acquis des policiers en matière de lutte contre le profilage racial.»

Incidents marquants

Encore aujourd’hui, Luck Kahila Nkamba est habité par la honte ressentie lors de deux événements survenus en novembre 2017 et février 2018.

Le premier incident est survenu lorsque le plaignant était passager d’un taxi en revenant d’une boîte de nuit. La police a intercepté le véhicule puisqu’il s’était arrêté au milieu de la rue.

Lors de l’intervention, les agents demandent à M. Nkamba de s’identifier, ce qu’il refuse, puisqu’il affirme n’avoir commis aucune infraction.

Dans les instants qui ont suivi, le Gatinois est sorti du véhicule et a récupéré ses valises, sous le regard des policiers Simon Drolet et Gabriel Gagné, qui éclairaient le coffre avec une lampe de poche.

«M. Nkamba pose ses valises sur le trottoir et refuse de quitter les lieux avant que les policiers ne le fassent. S’ensuit un échange stérile à ce sujet, qui amène M. Nkamba à prendre des photographies des autopatrouilles avec son cellulaire. Ce faisant, M. Nkamba quitte le trottoir et marche sur la chaussée», peut-on lire dans le jugement de la magistrate.

Or, en traversant la chaussée, le plaignant a commis une infraction et le policier Gagné lui ordonne à nouveau de s’identifier. Il essuie un autre refus.

Luck Kahila Nkamba
Des véhicules de la police de Gatineau, il y a plusieurs années. Photo d'archives, Agence QMI

«Les policiers Gagné et Drolet procèdent à l’arrestation, au menottage puis à une fouille par palpation de M. Nkamba. Ils mettent la main sur ses pièces d’identité», apprend-on dans le jugement rendu au palais de justice de Gatineau.

Deux constats ont été remis au plaignant, dont un pour obstruction au travail des policiers.

«[L]a preuve ne suggère pas que les policiers Gagné et Drolet sont racistes ni agissent consciemment en fonction de la couleur de la peau de M. Nkamba. Mais leur conduite et leurs décisions peuvent obéir à des préjugés inconscients et la loi ne fait alors pas de différence: il y a tout de même profilage racial», écrit la juge Lapierre.

Traitement différent

Dans des circonstances pratiquement identiques, le Gatinois s’est aussi fait passer les menottes par les policiers Matthieu Lambert et Christopher Perron sous prétexte qu’il n’avait pas attaché sa ceinture de sécurité à bord d’un taxi.

«Le Tribunal croit que si M. Nkamba avait été une personne blanche, avec le même comportement calme et poli, les policiers ne l’auraient pas menotté», conclut la juge Lapierre.

Contactée par Le Journal, la police de Gatineau a dit ne pas être en mesure de commenter dimanche.

Elle a indiqué devoir «prendre connaissance du jugement et consulter le Service des affaires juridiques de la Ville, notamment.»

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