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Des accents de fascisme dans la rhétorique et le programme de Donald Trump

Des accents de fascisme dans la rhétorique et le programme de Donald Trump
Photo d'archives, AFP


Dans son message aux vétérans le jour du Souvenir, Donald Trump promettait d’éliminer la «vermine» que représentent ses opposants et ses critiques.  

Hier, Yasmine Abdelfadel rappelait que cette rhétorique toxique et déshumanisante fait écho aux discours d’Hitler et représente une menace pour la démocratie. Elle n’avait pas tort.

Entendons-nous, Donald Trump n’est pas Hitler. Puisque l’exagération tourne parfois à l’insignifiance, certains craignent d’être accusés d’alarmisme lorsqu’ils associent trumpisme et fascisme. 

Que des mots?

Ceux qui minimisent la menace du trumpisme rappellent que Trump dit n’importe quoi et qu’il ne faut pas prendre ses paroles au pied de la lettre. C’est une erreur.

D’abord, les mots de Trump sont gobés par une frange d’individus violents et prêts à passer aux actes. C’était le cas du type siphonné qui a presque tué le mari de Nancy Pelosi, un événement que Trump ne manque jamais de tourner cruellement à la dérision, en arrosant à chaque fois sa rivale d’épithètes dégradantes.

Mais il y a plus que les mots. Les plans de Trump pour un retour au pouvoir ressemblent à un mode d’emploi pour l’instauration d’un régime autoritaire qui ferait paraître son premier mandat comme un pique-nique.

Trump 2.0

Pas besoin de déterrer des secrets pour identifier les éléments du plan autoritaire de Trump. Il ne cache rien, il s’en vante.

Il a explicitement annoncé son intention d’anéantir l’indépendance du ministère de la Justice et d’y installer des adhérents à son culte dont la première tâche sera de punir ses opposants. Il promet aussi d’abolir la notion d’un service public indépendant en replaçant des dizaines de milliers de fonctionnaires permanents par des «loyalistes».

Quant aux membres de l’entourage du président qui l’ont contraint de ne pas dévier des règles constitutionnelles lors de son premier mandat, il les remplacera par des «yes-men» dont les interprétations de la Constitution s’accorderont aux siennes.

Trump n’a pas apprécié les manifestations massives au lendemain de son inauguration en 2017. Si ça se répète en janvier 2025, il a promis de déployer les forces armées contre les manifestants. Il ne se gênera pas non plus pour utiliser les militaires à toutes les sauces, quoi qu’en dise la Constitution, y compris pour arrêter et expulser des millions d’immigrants irréguliers, qu’il promet en outre d’entasser dans des «camps». 

Hyperbole?

Et ce n’est pas tout. Trump n’a pas fini d’annoncer des mesures qui viendront compléter le portrait de ce qui promet déjà d’être un virage autoritaire, que ce soit dans son programme de gouvernement ou dans ses discours déjantés. 

Si les Américains traitent l’élection de 2024 comme un scrutin «ordinaire» portant sur le prix d’un plein d’essence ou sur l’âge de Joe Biden, l’idéal démocratique sera le grand perdant.

Est-ce exagéré de faire référence au fascisme pour parler de la mouvance politique incarnée par Donald Trump, qui risque de mettre fin à l’expérience démocratique américaine?

Je me contenterai de citer le poète américain James Whitcomb Riley: «Quand je vois un oiseau marcher comme un canard, nager comme un canard et cancaner comme un canard, j’appelle cet oiseau un canard.»

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