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Comment les médias américains pourraient encore faire gagner Donald Trump

Comment les médias américains pourraient encore faire gagner Donald Trump
Getty Images via AFP


En 2016, Donald Trump a exploité les failles des médias pour se faufiler vers la victoire. Il semble assez bien parti pour faire de même en 2024. 

L’ancien président du réseau CBS Les Moonves avait résumé la relation particulière entre Trump et les médias en commentant sa campagne en 2016: «Ce n’est peut-être pas bon pour l’Amérique, mais c’est bon en m... pour CBS.»

Trump a mis les médias dans sa poche en 2016 et il semble parti pour le refaire en 2024. 

Comme aurait dit Yogi Berra, c’est «déjà vu all over again».

Des déplorables à la vermine

En septembre 2016, Hillary Clinton avait affirmé lors d’un discours qu’une partie de l’électorat de Trump était constituée de «déplorables», faisant référence aux «racistes, sexistes, homophobes, xénophobes, etc.» que Trump avait gagnés à sa cause.

Clinton parlait d’une petite partie de l’électorat de Trump, mais les médias ont monté cette déclaration en épingle et donné l’impression que Clinton méprisait tous ceux qui avaient même songé à appuyer Trump. Cet épisode a coûté très cher à Clinton, condamnée par les têtes parlantes médiatiques pour avoir froissé l’électorat républicain.

Le 11 novembre dernier, Donald Trump tenait un discours carrément fasciste en qualifiant tous ses opposants de «vermine» à éliminer absolument. Au cas où ce ne serait pas assez clair, son porte-parole dit, à propos de ceux qui trouvent ce genre de langage abusif, que «leur misérable existence sera écrasée lorsque Trump reprendra le pouvoir». Plutôt accommodant, non?

Deux poids, deux mesures

Selon une étude de Media Matters, dans la semaine qui a suivi ces deux déclarations, les trois grands réseaux télévisés ont accordé 18 fois plus de temps d’antenne à la «gaffe» de Clinton qu’à la déclaration intentionnellement malicieuse de Trump. Quant aux cinq plus grands journaux, ils ont accordé 29 fois plus de place aux «déplorables» qu’à la «vermine».

Trump bénéficie de passe-droits dans la plupart des médias. Même CNN s’est fendue en quatre au printemps dernier pour diffuser un forum public mettant Trump en vedette devant un auditoire conquis. 

La semaine dernière, le réseau hispanophone Univision présentait une entrevue bonbon où l’animateur lobait une balle molle après l’autre et laissait Trump multiplier les mensonges. En plus, le réseau a refusé de diffuser les messages que la campagne de Biden avait payés pendant l’entrevue.

Au-delà des médias

Pendant que Trump se plaint constamment d’être maltraité par les médias, ceux-ci font tout pour lui assurer une couverture «équilibrée», en accordant presque autant d’attention aux travers et à l’âge de son opposant qu’à la montagne d’accusations criminelles contre Trump et aux démonstrations répétées de son incohérence cognitive.

Trump joue le même jeu devant la justice. Il sait que les tribunaux cherchent à éviter l’apparence de biais, alors il arrose constamment d’insultes les juges et les procureurs et inonde le système de demandes saugrenues pour retarder le processus et alimenter la perception qu’il est victime du système.

L’institution médiatique, comme toutes les institutions démocratiques, est fondée sur des normes d’équité qui peuvent devenir le talon d'Achille de la démocratie lorsqu’elles sont manipulées habilement par un démagogue.

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