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Les tribunaux, dernier rempart de la démocratie américaine?

Les tribunaux, dernier rempart de la démocratie américaine?
Photo d'archives, AFP


Des juges ont remis le «Citoyen Trump» à sa place. Il n’a pas d’immunité, mais le temps joue en sa faveur dans son travail de sape contre la démocratie constitutionnelle. 

• À lire aussi: Pas d'immunité présidentielle pour Donald Trump

Ses principaux alliés sont la lenteur exaspérante du processus judiciaire et la tendance non moins exaspérante des médias de normaliser un candidat qui est tout sauf normal.

Citizen Trump

Dans une tentative de faire dérailler son procès pour avoir tenté de détourner la démocratie à la suite de l’élection de 2020, Donald Trump avait présenté l’argument saugrenu selon lequel un président est à l’abri de toute poursuite pénale.

La Cour d’appel a complètement déboulonné cet argument. Il est illogique qu’un président qui prête serment pour faire appliquer les lois puisse transgresser ces lois à volonté. Le «citoyen Trump» n’est pas au-dessus des lois.

Mais ce n’est pas n’importe quel citoyen. Grâce aux millions de dollars que ses donateurs naïfs lui fournissent pour payer ses avocats, Trump peut étirer les procédures et polluer l’esprit de ses partisans en se prétendant victime d’une chasse aux sorcières. 

La Cour suprême tient la clé

Trump contestera cette décision devant la Cour suprême, qui pourrait prendre son temps et permettre à Trump de repousser son procès suffisamment pour que son élection lui permette de l’annuler.

La Cour suprême pourrait aussi bloquer sa candidature en confirmant la décision de la Cour du Colorado qui a jugé Trump inéligible à la présidence en vertu du quatorzième amendement à la Constitution. Elle entend les plaidoyers aujourd’hui (jeudi).

Dans un monde où les faits et le gros bon sens compteraient encore, la participation de Trump aux événements entourant l’attaque du Capitole le 6 janvier 2021 le disqualifierait. 

Ce serait trop facile. La majorité conservatrice de la Cour suprême trouvera probablement une voie d’évitement. 

Si la tendance se maintient...

Entre-temps, la capture intégrale du Parti républicain par Donald Trump lui permet de bénéficier des normes bien établies qui forcent les médias à couvrir les deux partis de façon équilibrée et conditionnent les électeurs à percevoir leurs candidats respectifs comme des choix normaux et légitimes. 

Si Trump est ainsi «normalisé», s’il échappe aux conséquences de ses tribulations judiciaires et si la tendance actuelle reflétée dans les sondages se maintient, les États-Unis risquent fort de retomber dans le piège Trump.

Ce n’est pas inévitable. 

Il est possible qu’un procès incrimine Trump avant l’élection. Il se peut aussi que les électeurs finissent par percevoir que l’économie américaine va bien sous la gouverne de Biden et que celui-ci n’est pas la caricature qu’en font ses opposants. Il est aussi possible (on peut rêver) que les républicains se rendent compte qu’ils se sont fait enfirouaper par un maître chanteur qui leur a fait perdre les trois dernières élections, qui a transformé leur parti en cirque et qui détourne la part du lion de la caisse électorale à ses fins personnelles.

Tout ça pourrait arriver, mais la démocratie constitutionnelle aurait de meilleures chances de survivre si les juges de la Cour suprême, à l’instar de ceux du District de Columbia et du Colorado, lui donnaient un petit coup de main.

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