Le nombre de personnes qui œuvrent auprès des itinérants augmente plus vite en Ontario et en Colombie-Britannique qu’au Québec. Montréal, deuxième ville en importance au Canada, ne compte que 8,2 % des travailleurs de ce secteur, révèle Statistique Canada.

1330 travailleurs au Québec

Dans l’ensemble, le nombre d’intervenants en itinérance est en augmentation au pays. Le secteur compte 10 130 travailleurs de plus qu’en 2016, selon les données du recensement de 2021 diffusées mercredi. Mais si les hausses sont de 79 % en Ontario et de 64 % en Colombie-Britannique, elles ne sont que de 22 % au Québec. En 2021, le Québec comptait 1330 travailleurs dans ce secteur. En Colombie-Britannique ? 2270. En Ontario : 4000. Près de la moitié de tous ces travailleurs sont dans les six plus grandes villes canadiennes, mais la part de Montréal, deuxième ville en importance au pays, n’est que de 8,2 %. Toronto est en tête avec 15,6 %, suivie de Vancouver (12,3 %), Montréal (8,2 %), Edmonton (4,4 %), Ottawa–Gatineau (4,3 %) et Calgary (3,8 %).

Un salaire de 34 000 $

Ces travailleurs sont plus nombreux, mais ils sont aussi plus pauvres. Le revenu médian des personnes qui offrent des services aux sans-abri était de 34 000 $ en 2020, en baisse de 3,4 % par rapport à celui enregistré en 2015, sans correction pour tenir compte de l’inflation, note Statistique Canada. « Ces chiffres nous confirment ce que le communautaire répète sans cesse. Les conditions de vie des travailleuses du communautaire en itinérance sont directement liées au manque de financement permanent et suffisant des différents [ordres de gouvernement] », réagit Annie Savage, directrice du Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM).

Trois fois plus de femmes

Sans surprise, les femmes sont trois fois plus nombreuses que les hommes à travailleur auprès des personnes en situation d’itinérance. En 2021, « près de trois personnes sur quatre qui travaillaient dans le secteur du soutien à l’itinérance (73,8 %) étaient des femmes », précise Statistique Canada. Cependant, le nombre d’hommes est en augmentation. Depuis 2016, on compte 1175 travailleurs de plus, pour un total de 2655 hommes. La proportion des femmes est passée de 76,5 % à 73,8 % entre 2016 et 2021. Le nombre de travailleurs racisés est aussi à la hausse. En 2021, 28 % des travailleurs en itinérance appartenaient à un groupe racisé́.

Multitude de compétences

Ces employés sont nombreux à être titulaires d’un diplôme universitaire. Près de 4 salariés sur 10 ont un baccalauréat ou un diplôme de niveau supérieur. « Ces personnes représentaient le plus grand groupe de travailleurs au sein du secteur du soutien à l’itinérance selon le niveau de scolarité́ atteint », souligne Statistique Canada. « Ça prend une multitude de compétences. Les enjeux vécus par les personnes en itinérance sont multiples et complexes. On a un niveau d’expertise ou de connaissances ou d’expérience super important, mais en même temps, on n’est pas capables de rivaliser avec le réseau de la santé, par exemple, ou même la Ville de Montréal, en termes de salaires et de conditions de travail », souligne Annie Savage, du RAPSIM.