(Québec) Québec coupe dans la paperasse médicale pour que les médecins passent plus de temps auprès des patients. Le ministre de la Santé, Christian Dubé, sonne la fin d’un « formulaire d’une autre époque » et permet aux omnipraticiens de déterminer eux-mêmes le suivi des patients indemnisés par la CNESST.

Ce qu’il faut savoir

Le ministre de la Santé annonce ce mardi deux nouvelles mesures qui viennent alléger le fardeau administratif des médecins de famille.

La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec demande depuis plusieurs années que ses membres soient soumis à moins de tâches administratives.

Le gouvernement Legault évalue que les changements permettront d’ajouter 138 000 rendez-vous médicaux par année.

Le gouvernement Legault estime que ces deux mesures permettront aux médecins de famille d’offrir 138 000 rendez-vous médicaux de plus par année.

La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), qui réclame depuis plusieurs années un allègement du fardeau administratif des médecins, a d’ailleurs collaboré à leur élaboration.

L’annonce pourrait calmer la grogne du syndicat de médecins qui a mis en demeure le ministre de la Santé, la semaine dernière. Christian Dubé veut forcer les omnipraticiens à prendre en charge davantage de patients vulnérables et obtenir un meilleur accès à leur disponibilité ⁠1.

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Christian Dubé, ministre de la Santé

Premier changement : ce sont les médecins qui détermineront dorénavant la fréquence et la « pertinence » des suivis des patients indemnisés par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) plutôt que l’inverse.

« L’employeur [d’une personne indemnisée par la CNESST] demande les suivis à un rythme régulier même si, médicalement, il n’y a parfois rien à faire », illustre le sous-ministre adjoint à la Direction générale de la planification stratégique et de la performance du ministère de la Santé et des Services sociaux, Marc-Nicolas Kobrynsky.

CNESST : 120 000 rendez-vous récupérés

Selon Québec, la fréquence habituelle demandée par les assureurs privés et la CNESST est un suivi médical mensuel ou aux trois semaines pour que la personne puisse conserver son indemnisation.

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Marc-Nicolas Kobrynsky, sous-ministre adjoint

« On vient éliminer cette fréquence-là. On dit simplement que c’est au jugement du professionnel, et donc, dans ce cas-ci, le médecin », indique M. Kobrynsky.

« Il y a aussi une notion de valorisation de la profession », poursuit-il.

Cela veut dire que si un médecin indique au patient qu’il ne souhaite le revoir que dans huit semaines, ce dernier n’aura pas besoin de revenir trois semaines plus tard pour un suivi administratif, par exemple.

La mesure, qui sera annoncée ce mardi, ne vise actuellement que les patients indemnisés par la CNESST, qui est un organisme gouvernemental.

Les travaux du ministre Dubé ont été faits en collaboration avec son collègue du Travail, Jean Boulet.

Le gouvernement espère ainsi récupérer 120 000 rendez-vous médicaux de suivi « jugés non nécessaires » pour les rendre disponibles aux patients. Québec arrive à cette estimation en se basant sur le fait qu’il compte quelque 160 000 nouveaux cas de patients indemnisés par la CNESST par année.

Dans 75 % des cas, on estime être en mesure de retrancher au moins un rendez-vous de suivi administratif, explique M. Kobrynsky.

Formulaires : 18 000 rendez-vous récupérés

Deuxième changement : les médecins n’auront plus à remplir le formulaire de demande d’hébergement de soins de longue durée pour un patient. Ce formulaire nécessitant environ 50 minutes pour être rempli est essentiellement le même que celui complété au préalable par un travailleur social ou un physiothérapeute en soutien à domicile lorsqu’un patient doit être transféré dans une ressource d’hébergement, comme un CHSLD.

« Ce que le travailleur social fait, c’est déjà à 95 % [suffisant] », plaide M. Kobrynsky.

La ministre déléguée à la Santé et responsable des Aînés, Sonia Bélanger, a elle aussi passé à la trappe plusieurs formulaires pour réduire les tâches administratives des travailleurs en soutien à domicile ⁠2.

Le document du médecin était « un formulaire d’une autre époque avec une copie carbone », illustre le sous-ministre adjoint.

Un format court « d’une page et demie » sera maintenant disponible pour le médecin qui voudrait ajouter des notes au dossier d’un patient. Ce sera alors facultatif et non obligatoire.

Actuellement, le formulaire dûment complété par un médecin doit être inclus dans la demande d’hébergement d’un patient. Le retrait de cette obligation allège du même coup le fardeau du personnel de soutien à domicile qui, dans le cas où un usager n’aurait pas de médecin de famille, devait trouver un professionnel qui accepterait de remplir le formulaire.

Quelque 18 000 demandes d’hébergement de soins de longue durée sont effectuées chaque année. Québec évalue donc que sa mesure lui permettra d’ajouter autant de rendez-vous médicaux. Cela lui permettra aussi d’accélérer le traitement des demandes d’admission en CHSLD.

La réduction des tâches administratives du personnel clinique est un engagement du Plan santé du ministre Christian Dubé, déposé en mars 2022.

Rectificatif
La version originale de ce texte indiquait la fin d’un formulaire d’une cinquantaine de pages pour les demandes d’hébergement. Or, il s’agit plutôt d’un formulaire nécessitant environ 50 minutes à compléter pour les médecins. Un porte-parole du MSSS a mélangé ces deux informations. Nos excuses.

1. Lisez « Les médecins de famille mettent en demeure Christian Dubé » 2. Lisez « Moins de formulaires, plus de temps auprès des patients »