Le phénomène des spectateurs toxiques semble prendre de l’ampleur. La présence de ces indisciplinés peut transformer une soirée idyllique en véritable cauchemar. Alors que nous sommes nombreux à retourner dans les salles de spectacle, notre chroniqueur Mario Girard aborde cet épineux sujet.

Un phénomène qui prend de l’ampleur

De nos jours, aller voir un spectacle, c’est un peu comme jouer à la loterie. On ne sait jamais sur quels voisins de fauteuil on va tomber. Si on est malchanceux, la soirée qu’on préparait depuis des semaines, et qui nous a coûté cher, peut devenir un moment très désagréable à cause de spectateurs éméchés, bavards ou rivés à leurs cellulaires.

Vous êtes nombreux à penser qu’on assiste à une montée de ce phénomène. Ce n’est pas une impression. David Laferrière, président du conseil d’administration de RIDEAU, un organisme qui réunit 350 salles de spectacle et festivals au Québec, confirme la chose. « Je n’ai jamais entendu autant d’histoires de mes collègues relativement à cela. On parle d’expulsions de spectateurs. Ça a clairement pris de l’ampleur. »

Celui qui dirige également le Théâtre Gilles-Vigneault à Saint-Jérôme affirme que le problème était déjà observable avant la pandémie, mais qu’il s’est aggravé depuis la réouverture des salles.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

David Laferrière, président du conseil d’administration de RIDEAU

La nouveauté, c’est le niveau d’agressivité qui s’est ajouté. On avait beaucoup de mal à dealer avec des gens qui parlaient, qui venaient au spectacle après avoir soupé en gang et pris quelques verres. Mais là, on a l’impression que les équipes de salle les dérangent ou même que l’artiste les dérange.

David Laferrière, président du conseil d’administration de RIDEAU

Jean-Sylvain Bourdelais, directeur du Centre des arts Juliette-Lassonde, à Saint-Hyacinthe, et président de Diffusion Inter-Centres, un réseau de 12 diffuseurs au Québec, partage ce point de vue. « On observe une irritabilité de la clientèle. C’est incroyable, le nombre de fois où on a dû intervenir auprès de spectateurs. Et ce qui est renversant, c’est que lorsque nous intervenons, ces gens sont surpris qu’on le fasse. »

Jonathan est gérant de salle dans un théâtre réputé de Montréal dont il désire taire le nom. Il vit régulièrement des choses difficiles avec certains spectateurs. « Quand on explique nos règles aux retardataires, ils font des crises dans le hall d’entrée. »

À quoi ces comportements sont-ils liés ? La réponse n’est pas facile à trouver. « Il y a de plus en plus de gens qui sont décomplexés par rapport à l’univers qui les entoure, pense David Laferrière. Parce qu’ils ont payé, ils disent basta à tout le reste. »

Le rôle de l’alcool

Michel Sabourin, copropriétaire du Club Soda, a remarqué une plus forte consommation d’alcool chez les spectateurs qui fréquentent sa salle. « Avant la pandémie, on vendait en moyenne une consommation par spectateur. Maintenant, c’est une et demie. Ceux qui ne buvaient pas continuent de ne pas boire, mais ceux qui buvaient boivent plus. »

David Laferrière, qui remarque lui aussi une plus forte consommation d’alcool, ne croit pas que cela a un effet sur le comportement des spectateurs. « Le problème se présente davantage avec les spectateurs qui viennent en petits groupes. C’est le cas en humour. En chanson, ce sont surtout des couples. »

Les spectateurs qui viennent à plusieurs voir un spectacle ont souvent tendance à être bavards et à échanger. Entre nous, on appelle ça le syndrome Netflix. Ces gens sont comme devant leur écran de télévision, seuls dans leur salon. Ils commentent à voix haute ce qu’ils voient.

Jean-Sylvain Bourdelais, directeur du Centre des arts Juliette-Lassonde et président de Diffusion Inter-Centres

On remarque également plus de mouvement durant les spectacles. Lors de la première reprise des salles durant la pandémie, les producteurs et les diffuseurs ont supprimé les entractes pour des raisons sanitaires. Cette habitude a été conservée. « Le hic, c’est qu’il y a plus de va-et-vient dans la salle, constate Martin Leclerc, important producteur québécois. Après une heure et quart, certaines personnes veulent aller aux toilettes. Et elles le font souvent au beau milieu d’une chanson. »

Prises de bec

Il n’est pas toujours facile d’intervenir auprès de spectateurs toxiques. Cela donne parfois lieu à de sérieuses prises de bec entre spectateurs.

C’est rendu que c’est la personne qui veut faire respecter l’ordre qui reçoit les insultes et qui se fait gâcher sa soirée.

Martin Leclerc, producteur

De son côté, David Laferrière croit qu’il y a aussi de l’intolérance de la part de certains spectateurs. « Il y a des gens qui ne sont plus capables de se faire déranger. Tu fais un petit bruit et tu te fais fusiller des yeux. Les gens ont la mèche plus courte. Tout le monde est tendu en ce moment. »

Dans un monde idéal, les équipes de salle devraient gérer ce genre de problème, mais ce n’est pas toujours le cas. « Avant, le personnel de salle restait dans la salle et surveillait, remarque Martin Leclerc. Depuis quelque temps, dès qu’on ferme les portes, les employés vont dans le hall et jasent entre eux. Il m’est arrivé souvent de sortir de la salle et d’aller vers le personnel pour lui demander d’intervenir auprès de spectateurs. On ne veut pas que ça soit comme dans une prison, mais il faut surveiller. »

La folie des cellulaires

L’omniprésence du cellulaire a considérablement changé notre comportement de spectateurs. Il est sans doute l’élément qui contribue le plus à l’écart qui s’est créé entre la salle et la scène. Et aussi celui qui suscite le plus de frustrations chez les spectateurs qui sont attentifs.

« C’est renversant de voir que, malgré les annonces qui sont faites au début des spectacles, il y a toujours des sonneries qui se font entendre ou des gens qui photographient et filment la performance, dit Martin Leclerc. Les spectateurs ne suivent pas les consignes. C’est un manque de respect pour l’artiste et pour les gens autour de soi. »

Michel Grenier, directeur de Bang Management, une agence qui représente Pierre-Yves Roy-Desmarais, Yannick de Martino, Mike Ward et plusieurs autres artistes, a assisté à cette transformation en 30 ans de carrière.

Il y a quelques années, on pouvait assister à un évènement et ne pas être joignable. Aujourd’hui, c’est impossible. La gardienne doit pouvoir nous joindre en tout temps. Et puis, il y a ce besoin de montrer ce que l’on vit. On dirait que nous sommes tous devenus des influenceurs.

Michel Grenier, directeur de Bang Management

Vers des règles plus claires

La montée de ce phénomène amène les producteurs et les diffuseurs à réfléchir à de nouvelles manières de communiquer des règles de savoir-vivre à l’ensemble des spectateurs. « C’est clair qu’on pense sérieusement à adapter nos messages, à identifier des notions de responsabilisation et de pédagogie pour la rentrée d’automne, dit David Laferrière. J’ose croire que c’est circonstanciel et qu’on ne s’en va pas vers quelque chose de plus agressant et agressif. »

Déjà, certains diffuseurs ont pris les devants. À la salle Les Zaricots, à Saint-Hyacinthe, on se fait un devoir de répéter avant chaque spectacle que « le silence est d’or et le bla-bla est dehors ! ».

Tous les gens de l’industrie à qui j’ai parlé sont d’accord pour qu’un mouvement de sensibilisation se mette en place. « C’est toujours plus facile d’intervenir quand les règles sont claires », pense Martin Leclerc.

Michel Grenier croit toutefois qu’on doit faire confiance aux spectateurs. « J’ai l’impression qu’on veut faire des camps de jour dans les salles de spectacle. Je pense que c’est à nous de nous adapter à la réalité d’aujourd’hui. Le spectateur doit écouter, mais l’artiste doit comprendre ce que vivent les spectateurs. Il faut apprendre à vivre avec ça. »

Lâchez vos cellulaires, SVP !

S’il devait y avoir un porte-parole pour une campagne de sensibilisation au problème des spectateurs toxiques, particulièrement ceux qui sont dépendants de leur cellulaire, ce serait sans aucun doute Louis-José Houde. L’humoriste, qui vient de se lancer dans une autre tournée marathon, n’en peut plus de voir ces gens scotchés à leur téléphone durant un spectacle.

Louis-José Houde a pris conscience de la gravité du phénomène durant la pandémie. Lorsqu’il a créé son spectacle Mille mauvais choix en formule cabaret au Lion d’Or et au Petit Champlain, il a vécu un choc. « Ça m’est apparu flagrant qu’il y avait un problème et que notre cerveau était devenu dépendant de nos machines. On a peut-être passé trop de temps devant les appareils. C’est inquiétant. »

Posés sur les tables, les cellulaires éclairent le visage des spectateurs. La chose est dérangeante pour l’artiste qui doit offrir son spectacle. Pour remédier à la situation, Louis-José Houde a fait imprimer des cartons qu’il laisse sur les tables.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Louis-José Houde

C’est fait de façon comique, mais je leur demande de ranger leur téléphone pendant une heure.

Louis-José Houde

Mais certains soirs, il doit s’adresser directement à certaines personnes. « Je suis déjà intervenu de manière virulente sous les applaudissements de la foule. » Ce qui étonne Louis-José Houde, ce sont les réponses qu’on lui offre. « Il y a un homme qui était assis à 3 pi de moi et qui pitonnait sur son cellulaire depuis 10 minutes. Il m’a dit qu’il était en train de payer son parcomètre. »

Son collègue Yannick de Martino n’hésite pas, lui non plus, à interpeller ceux qui sont rivés à leur cellulaire. « Il y a un manque de respect énorme pour l’artiste et les gens assis autour d’eux. »

La musique classique épargnée

Le phénomène des spectateurs toxiques est-il plus présent pour une certaine catégorie de spectateurs ou d’artistes ? On me dit que les secteurs de la danse et du cirque sont épargnés. Pour la musique et la chanson, il semble que plusieurs facteurs entrent en jeu. « Il arrive que les mauvaises réactions viennent d’un mauvais booking, explique Luc de Larochellière, qui ne connaît pas ce type de situation. Si on jumèle la mauvaise formule de spectacle à un évènement ou à un type de public, ça peut devenir un problème. Les producteurs, les bookeurs et les diffuseurs ont une job à faire. »

À l’Orchestre symphonique de Montréal et à l’Orchestre Métropolitain, à part quelques dérapages lors des évènements pop, on m’a confirmé que les spectateurs sont dans l’ensemble très respectueux des codes d’un concert. Cela ne veut pas dire que les chefs et les solistes sont totalement à l’abri de fâcheux évènements.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES LA PRESSE

Yannick Nézet-Seguin

Le 27 avril dernier, à Hambourg, Yannick Nézet-Seguin a dû interrompre deux fois le concert qu’il dirigeait avec le Philharmonique de Rotterdam. Une première fois à cause d’un téléphone portable (un couple a mis deux minutes pour éteindre la sonnerie) et une seconde à cause des forts ronflements d’une spectatrice. Bon joueur, le chef s’est assis parmi les musiciens et a attendu qu’on escorte la dame vers la sortie.

Effet sur l’artiste

Si certains artistes peuvent être déstabilisés par des spectateurs bavards ou des cellulaires qui sonnent, d’autres semblent être immunisés par ces éléments distrayants. Je vous ai parlé de l’échange musclé survenu entre des spectateurs au Théâtre Maisonneuve durant le spectacle Pour une histoire d’un soir. Joe Bocan, qui interprétait une chanson poignante, a continué de chanter comme si de rien n’était.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Joe Bocan

« Il faut savoir que l’artiste ne voit pas toujours la salle, explique le producteur Martin Leclerc. Il est aveuglé par les projecteurs. Il entend des sons, mais c’est tout. Mais c’est sûr qu’après le show, ils veulent savoir ce qui s’est passé. »

De fait, après cet accrochage, Joe Bocan, Marie-Denise Pelletier et Marie Carmen ont rencontré la spectatrice qui avait été aspergée d’alcool par deux spectateurs dissipés et imbibés. Des billets lui ont été offerts.

« Bien sûr que ça me fait décrocher, dit Louis-José Houde. Mais l’expérience fait en sorte que ça ne paraisse pas. Quand un spectateur me dérange, je me dis intérieurement que je vais me concentrer sur les centaines d’autres qui écoutent. »

C’est en allant voir les spectacles de quelques camarades que Yannick de Martino a réalisé l’effet que ce manque d’attention peut avoir sur les artistes et leur contenu. « Ça me fâche de voir que lorsque des moments intéressent moins les spectateurs, ceux-ci plongent leur nez dans leur cellulaire. Je me dis que ça ne permet pas à l’humoriste d’aller loin dans une proposition. C’est comme si on l’obligeait à ne faire que des segments de 30 secondes. »

La perte de l’abandon

Notre capacité à s’abandonner au moment présent s’effrite de plus en plus. On l’observe partout. Et cela désole au plus haut point Louis-José Houde.

C’est une grande tristesse dans ma vie. Je trouve ça épouvantable. Je suis un gars extrêmement gossant sur l’importance de vivre le moment présent. Je n’ai jamais un téléphone entre les mains quand je parle à quelqu’un. Il faudrait comprendre que ça fait du bien de se détacher des appareils.

Louis-José Houde

Yannick de Martino est particulièrement agacé par ceux qui le filment. « D’abord, le résultat est souvent de mauvaise qualité. Mais surtout, je me dis que la personne qui filme ne vit pas le moment. Elle le vit à travers les yeux de ceux qui vont voir sa vidéo. Tu as le souvenir de quelque chose dont tu n’as pas profité. J’ai de la misère à comprendre ça. »

Louis-José Houde aimerait que le public retrouve l’importance de cet engagement face au spectacle. « Je ne te demande pas de pelleter du purin, je te demande de venir voir un spectacle sur lequel j’ai travaillé pendant trois ans. Si tu penses que tu ne pourras pas t’abandonner durant le spectacle, ne viens pas. »

Place aux lecteurs

Comme dans son salon

Ma chronique « Chuuuuut ! » publiée il y a quelques semaines vous a beaucoup fait réagir. J’ai reçu des tonnes de témoignages sur les mauvaises expériences que vous avez vécues. En voici un florilège.

Les spectateurs chanteurs

Moi, ce qui m’agace, ce sont les gens qui chantent en même temps que les artistes sur scène. À la limite, pendant une chanson rassembleuse, je peux comprendre, mais les gens chantent souvent du début à la fin. Je ne vais pas voir un spectacle pour entendre madame Chose s’égosiller sur mes chansons préférées.

Daniel Bergeron

J’ai récemment offert à mes parents, âgés de plus de 80 ans, des billets pour le spectacle de Mario Pelchat, à l’Étoile de Brossard. Après un report, nous voilà donc tous les trois assis au théâtre, le sourire aux lèvres, quand une “impolie” s’est mise à chanter à tue-tête. Après quelques chansons, je lui ai tapé sur l’épaule pour lui dire de baisser le volume. Elle m’a crié : “Ostie j’ai payé mon billet et je fais ce que je veux.”

Julie Valois

Pendant un spectacle de Claude Dubois, un couple devant nous n’arrêtait pas de chanter haut et fort les chansons de l’artiste. Après deux chansons, je leur ai demandé leur nom. Je leur ai ensuite dit que j’avais payé un billet pour Claude Dubois et non pour Maurice et Lisette. La moitié de ma rangée a applaudi.

Mario Landry

Les spectateurs bavards

Je vais au cinéma au moins une fois par semaine. Récemment, le film était commencé depuis au moins 15 minutes lorsque quatre jeunes sont entrés en parlant et riant comme s’ils étaient dans un parc. Ils sont venus s’asseoir derrière nous en parlant encore. Je leur ai demandé doucement de baisser le ton. Ils m’ont répondu de parler en anglais. Les quatre jeunes ont ensuite donné des coups de pied dans nos sièges, je leur ai demandé d’arrêter. Ça a continué. Je suis allé voir le responsable du cinéma qui est venu les voir. Ils nous ont ensuite jeté dessus leurs sacs vides de popcorn et autres déchets.

Lucie Dumont

Il y a trois ou quatre ans, j’avais réussi à mettre la main sur deux billets pour aller voir Half Moon Run au Théâtre de la Ville à Longueuil. En première partie, il y avait un groupe dont je ne me souviens plus le nom. Quand ç’a été au tour de HMR de monter sur scène, tous les membres du premier band et leurs ami.e.s sont allés s’installer dans une section juste à côté de nous. Et ils ont parlé, parlé, parlé et encore parlé… Ils ont été avisés par la sécurité. La troisième fois, ils ont été évacués de la salle.

Nancy Côté

Nous avons assisté, avec mes enfants de 17 et 21 ans, à une représentation de la dernière pièce de Michel Tremblay au TNM. Tout au long de la pièce, des spectateurs derrière nous ont placoté. Ma fille a fini par se retourner vers eux en silence et leur jeter un regard mécontent. Sans succès, ils ont continué. À la fin du spectacle, une fois les lumières allumées, quelle ne fut pas notre surprise de voir qu’il s’agissait d’un couple de comédiens québécois très connu !

Caroline Marcoux

En 2018, j’étais dans une salle du cinéma Quartier Latin, à Montréal, pour voir le film de Denys Arcand La chute de l’empire américain. À ma gauche s’est installé un couple. À ma droite aussi. Dès les premières images du film, les deux couples se sont mis à bavarder à voix haute :

— Regarde, chéri, le film a été tourné à Montréal !

— On reconnaît le centre-ville !

— Il paraît que c’est un thriller !

— J’ai hâte de voir Louis Morissette, c’est un bon acteur quand il joue des rôles dramatiques !

Excédé, je me suis levé et suis allé m’asseoir dans les premières rangées près de l’écran. Un peu plus tard, un couple de retardataires s’est installé près de moi. Monsieur venait à peine de s’asseoir qu’il a tout bonnement sorti son téléphone, composé un numéro et commencé une conversation. Puis sa partenaire a lancé à voix haute : « Mon amour, je ne comprends pas le film. On a raté le début. J’aimerais mieux m’en aller.

Jean-Sébastien Marsan

Les spectateurs qui se croient tout permis

Ma femme et moi, en compagnie d’un couple d’amis, avons assisté à La Tulipe à un concert de Dumas soulignant le 20e anniversaire de la parution de son album Le cours des jours. Dès les premières notes de cet album plutôt ambiant, un couple dans la jeune trentaine (déjà passablement éméché) s’est immédiatement mis à discuter à voix haute. La placière est venue leur demander de se taire. J’ai fait de même. À la moitié du spectacle, ils sont partis en nous traitant de mononcles et de matantes qui ne savaient pas avoir de fun.

Mario Beaulieu

Lorsque la directrice du Théâtre de la Ville de Longueuil, Mme Bilodeau, a pris sa retraite, son équipe lui a fait une petite surprise et elle a profité de l’occasion pour faire des remerciements aux spectateurs qui contribuent par leur présence à garder vivant l’art de la scène. Un spectateur a alors crié : “La farmes-tu, ta crisse de yeule, c’est pas toé que j’chu v’nu ouaire.”

Gisèle Gagnon

Au théâtre, une jeune fille a traduit et commenté à son copain d’origine étrangère chaque phrase que Viola Léger prononçait dans La Sagouine. C’était catastrophique.

Charles Duranceau

Je suis allée voir le dernier film Downton Abbey avec ma meilleure amie. Deux femmes et leurs filles ont parlé sans arrêt en commentant les tenues des acteurs. Une des filles a ouvert la lumière de son portable pour dessiner des modèles de robe pendant une grande partie du film. Il y a eu beaucoup de plaintes de spectateurs. Un préposé timide est venu et n’a rien pu faire contre elles. Elles ont répondu qu’elles avaient payé leur place en clamant leur liberté.

Rose

Il y a plusieurs années, je suis allé voir Van Morrison à la Place des Arts. J’ai été sidéré par la qualité du son de son band. Le meilleur que j’avais entendu à ce jour. Pendant tout le spectacle, une folle a crié comme si on était dans un jamboree. Toxique !

Gilles Gauthier

J’ai eu le bonheur d’assister au dernier spectacle de Dizzy Gillespie à la Place des Arts. Mais un couple derrière moi a gâché ce plaisir. La jeune femme avait perdu sa veste et l’a cherchée pendant tout le spectacle. Elle s’est disputée avec son conjoint, a gigoté pour la retrouver, allant même jusqu’à fouiller sous les bancs de la rangée en avant (où j’étais assis) en parlant fort. Elle n’a pas écouté une minute de ce spectacle historique !

Pierre Dion

Les spectateurs qui dérapent

Nous sommes au Centre Vidéotron lors de la visite de Paul McCartney, il y a environ trois ans. J’ai payé les deux billets. Total : 400 $. Et je ne suis pas riche. Deux gars au début de la quarantaine étaient assis derrière nous. Ils parlaient très fort, suffisamment pour couvrir le son du spectacle. Ils se racontaient leur dernière fin de semaine avec chacun une bière à la main. Je me retournais souvent et je les regardais afin qu’ils comprennent qu’ils dérangeaient, mais rien à faire. J’ai donc décidé de leur demander de parler moins fort. Ils ne l’ont pas pris. “On la dérange, la p’tite madame ? Elle ne comprend pas les paroles ?” Mon conjoint a réalisé qu’ils devenaient vraiment agressifs, alors il s’est retourné pour leur dire gentiment : “Les gars, on va arrêter ça là.” Mais il a touché le bas du pantalon d’un des gars. Tout de suite l’autre lui a crié : “Veux-tu te battre ?” Alors je me suis retournée et j’ai dû m’excuser afin que la pression descende. Le reste du spectacle a été totalement gâché par leurs cris. Payer si cher pour se faire suer par de gros colons. Fini pour moi.

Diane Gilbert

J’ai emmené ma petite-fille de 7 ans voir un film pour enfants. À la fin du film, pour une raison que j’ignore, deux papas en sont venus aux coups. Tout cela en présence d’enfants. Trois ans plus tard, ma petite-fille m’en parle encore.

Michelle Caron