Les Américains s’apprêtent à tourner le dos à une année marquée par des turbulences, notamment à la Chambre des représentants. Mais 2024 s’amène avec un lot encore plus grand d’incertitudes pour les institutions démocratiques. Tour d’horizon des forces en puissance pour suivre cette année électorale.

À l’approche de l’élection présidentielle américaine, la question de l’état de la démocratie reprend de la vigueur aux États-Unis. Malgré tous ses litiges devant les tribunaux, Donald Trump se dirige vers la nomination du Parti républicain, selon les plus récents sondages.

Nous sommes à quelques semaines des deux premiers concours pour le choix du candidat républicain. Les caucus de l’Iowa et la primaire au New Hampshire auront lieu en janvier. En Iowa, un sondage donne une avance de 32 points à Trump sur le gouverneur de la Floride, Ron DeSantis.1 La question n’est donc pas de savoir si Trump va l’emporter sur DeSantis, mais bien par combien il l’emportera.

Ce sont les mêmes sondages qui indiquent que Trump pourrait aussi gagner son combat contre le président Joe Biden en novembre prochain.

De son côté, Biden a un faible taux de satisfaction. Celui-ci avoisine les 37 % et le président sortant tire de l’arrière contre Trump dans plusieurs États clés⁠2. Malgré une économie performante dans son ensemble, l’électorat américain reste pessimiste face aux effets d’enjeux économiques comme l’inflation.

Cela étant, les récents propos de l’ancien président laissent entendre qu’un deuxième mandat Trump sera moins soucieux de la Constitution américaine, de ses institutions et des valeurs démocratiques. Bref, le candidat Trump propose une approche autoritaire face à ses opposants et dans la mise en œuvre de ses politiques.

Trump et son discours dérangeant

Lors d’une récente entrevue avec Sean Hannity, animateur de Fox News sympathique à sa cause, Trump a répondu à cette question : est-ce que sa réélection en 2024 signifierait « le début d’une dictature » ? Le principal intéressé a répondu qu’il sera « un dictateur pour une journée », la première suivant sa prestation de serment. Certes, c’était du théâtre comme il sait en faire, mais cela donne des arguments à ceux qui craignent l’impact d’une deuxième administration Trump sur la démocratie américaine.

La républicaine et ex-haute dirigeante du caucus à la Chambre des représentants Liz Cheney a publié un livre intitulé Oath and Honor, dans lequel elle manifeste sa profonde inquiétude pour l’avenir de son parti et pour la démocratie si Trump retourne à la Maison-Blanche. Mme Cheney a été très impliquée dans l’enquête du Congrès concernant l’insurrection du 6 janvier 2021 et elle a conclu que Trump est bel et bien responsable de ces évènements.

Trump utilise aussi un vocabulaire plus acerbe depuis quelques mois. Il parle de la rétribution envers ses opposants et qualifie ses adversaires, et les démocrates en particulier, de « vermine ». Il dit que la hausse de l’immigration est en voie « d’empoisonner le sang de l’Amérique ». Ces propos dérangent et font peur.

Il faut aussi noter que d’anciens collaborateurs, comme son ex-chef de cabinet John Kelly, son ex-conseiller à la sécurité nationale John Bolton, son ex-procureur général William Barr et son ex-secrétaire à la Défense Mark Esper, s’inquiètent de le revoir à la présidence. Ils mettent tous ouvertement la population en garde.

Le Congrès dysfonctionnel

Au-delà des propos cinglants de Trump, il est clair que le Congrès américain est désormais dysfonctionnel. La polarisation entre les démocrates et les républicains s’accentue, et ce, malgré l’arrivée récente du nouveau président de la Chambre des représentants, Mike Johnson.

Des divisions continuent d’ailleurs d’émerger au sein du caucus républicain. La majorité républicaine sera d’ailleurs réduite à deux en début d’année dans cette Chambre.

Puis, la menace d’une fermeture du gouvernement plane toujours avec la prochaine échéance budgétaire prévue le 17 janvier.

L’appui financier aux guerres en Ukraine et à Gaza alimente aussi les divisions. Certes, les sénateurs républicains, plus traditionnels que leurs vis-à-vis de la Chambre des représentants, sont davantage ouverts aux compromis avec leurs collègues démocrates. Mais les républicains de la Chambre prennent plusieurs de leurs directives directement de l’ancien président et leur approche est beaucoup plus axée sur les enjeux internes aux États-Unis.

Les dernières accusations contre le fils du président Joe Biden, Hunter Biden, ne font rien pour aider au bon fonctionnement du Congrès. Déjà, les républicains ont lancé une démarche formelle d’enquête en destitution du président Biden en lien avec les accusations contre son fils.

Ainsi, dans moins d’un an, nos voisins du Sud vont choisir leur président. Ils choisiront aussi 435 membres à la Chambre des représentants et voteront pour 34 sièges au Sénat. Sans doute, comme ce fut le cas dans le passé, la question économique jouera-t-elle un rôle prépondérant dans le choix des électeurs.

De plus, la question de l’accès à l’avortement à la suite du renversement de Roe c. Wade par la Cour suprême, les problèmes liés à l’immigration, la hausse de la criminalité, la remise en question du programme d’assurance maladie Obamacare et la gestion des questions liées à la sécurité nationale seront aussi de la partie.

Malgré tous ces enjeux, on peut déjà prévoir que l’état de la démocratie sera un enjeu principal.

1. Consultez le sondage publié dans le Des Moines Register (en anglais) 2. Consultez le sondage de Bloomberg (en anglais) Qu’en pensez-vous ? Participez au dialogue