Les Québécois pourront texter le 911 dès 2025

Le service de textos au 911 sera disponible au Québec d'ici 2025.

Le Québec arrive « enfin » en 2023 : le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, a officialisé lundi le déploiement, lors des trois prochaines années, d’un « 911 2.0 ». Les citoyens pourront ainsi bientôt texter et transmettre des images aux répartiteurs du service d’urgence.


Au total, 45,5 M$ sont prévus pour cette initiative pour les trois prochaines années, a indiqué M. Bonnardel lors d’une conférence de presse tenue à Sherbrooke. Les 36 centres primaires et secondaires pourront faire la demande pour entamer le processus de modernisation dès le 17 avril.

Cette somme avait déjà été annoncée dans le dernier budget provincial, mais les modalités de ces investissements sont désormais connues.

Concrètement, lorsque cette mesure sera bel et bien en vigueur, les gens devront toujours appeler au 911. Or, dès que ce sera fait, ils pourront, sans avoir besoin d’une tierce application, écrire, transmettre des images, des vidéos et plusieurs autres types de données au répartiteur. Ce dernier pourra donc continuer à entendre tout ce qui se passe dans la situation d’urgence, grâce à l’appel, tout en bénéficiant des avantages des textos et de la transmission d’images.

« On souhaite que cette modernisation se termine d’ici mars 2025. Les sommes allouées seront étalées sur trois ans, soit 50 % la première année et 25 % pour les deux suivantes. Finalement, on va demander une reddition de comptes tous les 31 mars », a précisé le ministre.

François Bonnardel a cité plusieurs avantages à cette nouvelle mesure. Évidemment, le fait de pouvoir texter permettra aux personnes en situation de violence conjugale, par exemple, d’alerter le 911 sans mettre la puce à l’oreille au conjoint violent. Quelqu’un qui assiste à un accident de la route pourra aussi imager plus facilement ce qu’il voit aux services d’urgence grâce à la transmission d’images.

Le ministre a convenu que cette avancée arrive plus tard que tôt. Néanmoins, il a souligné que des discussions en ce sens étaient en vigueur depuis longtemps entre le fédéral et le provincial.

« C’est une volonté du CRTC depuis quelques années déjà. [...] On ne pouvait pas prendre du retard, et cette initiative faisait partie des demandes que je faisais au ministre des Finances pour son budget », a expliqué M. Bonnardel.

François Bonnardel a précisé, lundi, les modalités des investissements de Québec pour moderniser le 911.

Une nouvelle bien reçue

Avec ce projet, le ministère de la Sécurité publique englobera non seulement les 27 centres d’urgence 911, qui relèvent habituellement de sa juridiction, mais aussi les neuf centres secondaires d’appel d’urgences, qui sont habituellement sous l’autorité du ministère de la Santé, dont le Centre de communication santé Estrie.

Le directeur général du Centre de communication santé Estrie, Pascal Roberge, se réjouit de cette approche, qui permettra une « interconnectivité » des différents centres, au bénéfice des usagers.

« L’investissement en soi est une excellente nouvelle. On passe à l’ère moderne. Avec ce qu’on connaît de la technologie, je pense que les montants annoncés sont suffisants », a-t-il noté.

Même son de cloche pour le président de la Fédération québécoise des municipalités (FQM), Jacques Demers. Il a rappelé que cette avancée du 911 était, depuis quelque temps, une demande de son regroupement.

« C’est notre responsabilité, le service 911, dans les municipalités. Nos policiers, nos pompiers, nos premiers répondants sont touchés directement par le 911. C’est pour cela qu’on demandait une bonification des services », a maintenu M. Demers.

Dans un communiqué, l’Union des municipalités du Québec (UMQ), qui avait la même demande que la FQM, a indiqué être aussi soulagée par la nouvelle.

« L’aide financière annoncée aujourd’hui tombe à point nommé et permettra de continuer de fournir des services d’urgence de qualité à la population sur l’ensemble du territoire québécois, tout en réduisant le fardeau financier des municipalités, de l’Agence 9-1-1 et des centres d’urgence. C’est une excellente nouvelle et nous remercions le ministre pour son ouverture et son écoute », a opiné le président de la Commission de la sécurité publique de l’UMQ et maire de Shawinigan, Michel Angers.

Carole Raîche a indiqué que des formations seront nécessaires pour que les répartiteurs soient prêts à travailler avec les nouvelles technologies.

Optimistes pour le déploiement

Pour Pascal Roberge, le déploiement de cette nouvelle approche dans des centres comme le sien risque de bien se passer... si l’on se donne le temps.

« Dans notre métier, il n’y a rien de simple. Je sais qu’on va passer à travers toute la formation nécessaire à cette nouvelle technologie, mais il va falloir prendre le temps de le faire pour s’assurer que ce soit bien implanté et sécuritaire pour les usagers », a-t-il jugé.

La présidente de l’Association des centres d’urgence du Québec, Carole Raîche, n’a pas non plus caché que beaucoup de formation sera nécessaire pour les répartiteurs d’urgence.

« C’est un nouvel outil. Évidemment, avec le texto, ce n’est pas la même chose qu’un appel : les gens peuvent avoir des acronymes, par exemple. C’est pour ça qu’il faudra beaucoup de formation. L’argent que le gouvernement nous donne est donc super important, car il nous permettra d’améliorer nos outils pour garder notre efficacité à travers ces nouvelles technologies », a affirmé Mme Raîche.

M. Roberge a précisé que son centre avait déjà commencé, avant l’annonce, certains tests pour se familiariser avec la nouvelle technologie. Le texto au 911 est par ailleurs déjà disponible pour les personnes sourdes, malentendantes ou ayant un trouble de la parole.