Québec allège la paperasse des médecins: un pas dans la bonne direction

Dorénavant, le gouvernement permettra aux médecins de déterminer eux−mêmes à quel moment leurs patients indemnisés par la CNESST devront être revus pour un suivi qu’ils jugeront cliniquement pertinent.

Le gouvernement du Québec annonce mardi des mesures qui, assure−t−il, permettront d’accroître le temps que les médecins québécois dédient à leurs patients en réduisant leur charge administrative. La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) estime qu’il s’agit d’un pas dans la bonne direction, mais que beaucoup d’autres paperasses peuvent être éliminées.


Dorénavant, le gouvernement permettra aux médecins de déterminer eux−mêmes à quel moment leurs patients indemnisés par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) devront être revus pour un suivi qu’ils jugeront cliniquement pertinent.

Par exemple, un patient en arrêt de travail pour une fracture prend normalement huit semaines pour se rétablir. Il doit présentement revoir son médecin toutes les trois semaines pour faire remplir un formulaire lui permettant de conserver son indemnisation. Or son médecin pourra dorénavant décider de le revoir dans huit semaines.

De plus, Québec abolit le dédoublement du formulaire pour les demandes d’hébergement de soins de longue durée.

Ce formulaire est actuellement rempli d’abord par un professionnel et ensuite par un médecin pour validation. Dorénavant, le médecin n’aura plus à remplir en double ce formulaire, ce qui lui donnera plus de temps et permettra d’accélérer le traitement des demandes d’admission aux services du réseau, notamment en CHSLD.

Le communiqué des ministres de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, et du Travail, Jean Boulet, précise que ces nouvelles mesures ont été mises sur pied en collaboration avec la FMOQ, la CNESST et plusieurs autres partenaires, et selon leurs recommandations.

Le gouvernement du Québec prévoit que ces améliorations permettront d’ajouter plus de 138 000 rendez−vous médicaux par année pour les Québécois.

«Quand on sait qu’on estime que plus de 20 % de la charge de travail des médecins de famille au Québec est liée à des tâches administratives plutôt qu’en soins directs à la population, c’est un pas dans la bonne direction et nous le saluons», a déclaré dans un courriel Jean−Pierre Dion, porte−parole de la FMOQ.

«Une fois cela dit, il est clair qu’au−delà de ce premier pas, la Fédération souhaite qu’on aille plus loin», poursuit−il.

La FMOQ souhaite notamment que la directive dans les réseaux scolaires et de la petite enfance pour la demande de prescription de Tylenol cesse partout.

M. Dion soutient aussi qu’il serait bénéfique de simplifier les formulaires pour les crédits pour personnes handicapées et que le réseau de la santé accepte des formulaires standardisés qui sont déjà acceptés par tous les assureurs et autres employeurs.

En entrevue avec La Presse Canadienne la semaine passée concernant la mise en demeure envoyée au ministre Dubé, le président de la FMOQ, le Dr Marc−André Amyot, avait indiqué que les billets médicaux pour justifier une absence de moins de cinq jours au travail alourdissent inutilement la tâche des médecins de famille.

«À l’heure actuelle, il y a des entreprises qui exigent de leurs employés que (s’ils) s’absentent plus de deux jours au bureau, ils ont besoin d’un papier du médecin», avait expliqué Dr Amyot.

Un employé qui fait par exemple une gastroentérite, une influenza ou la COVID, doit se procurer un billet médical pour justifier son absence au travail. «D’exiger un papier médical, c’est tout à fait contreproductif, avait dénoncé Dr Amyot. Ce n’est pas utiliser le réseau de la santé de la bonne façon, ce n’est pas utiliser les médecins de famille à bon escient.»

Il a ajouté qu’en plus d’accaparer du temps au médecin, la personne malade risque de contaminer les autres patients présents au cabinet. «Non seulement ce n’est pas une utilisation optimale des ressources en pénurie, mais c’est délétère pour la population», a souligné Dr Amyot.

La FMOQ suggère qu’un règlement du gouvernement interdise les billets d’absence médicaux pour des maladies de courte durée, par exemple pour une période de cinq jours ouvrables. «Ça, ça serait un règlement qui nous aiderait et qui serait productif pour le système de la santé», a fait valoir le PDG de la fédération.

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