Laura, fière porte-parole de la Semaine québécoise de la déficience intellectuelle

Par Jean-Baptiste Levêque 4:00 PM - 15 mars 2023
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Laura pose fièrement avec ses nombreuses médailles de natation.

« Je suis fière de moi ». C’est en ces quelques mots que Laura, 24 ans, s’approprie le thème de la 35e Semaine québécoise de la déficience intellectuelle : la dignité. Et elle est d’autant plus fière d’être la porte-parole de l’événement dans Charlevoix, qui aura lieu du 19 au 25 mars.

Lorsqu’elle a rencontré Le Charlevoisien, Laura a préféré lire un texte pour se présenter. « J’ai commencé à parler à deux ans, j’ai marché à trois ans. Dans ma tête, c’est différent », a-t-elle dit d’entrée de jeu pour expliquer sa déficience intellectuelle.

Cet état particulier ne l’a pas empêché de vivre bien des choses extraordinaires, du haut de son (presque) quart de siècle. À commencer par son arrivée dans Charlevoix.

« Ma famille et moi vivions dans une belle région. Un jour, j’ai proposé de partir à l’aventure! On s’est retrouvé plusieurs fois dans Charlevoix pour des moments en famille dans le passé. Puis un jour on a décidé de venir s’établir ici », raconte-t-elle.

C’était il y a environ 18 mois, en pleines restrictions dues à la pandémie. « Au début, ce n’était pas facile de créer des contacts », avoue Laura. Elle dû attendre plusieurs mois avant d’obtenir des services sociaux.

Elle a finalement rencontré Lise Lapointe, éducatrice spécialisée au CIUSSS de la Capitale-Nationale, qui l’a prise en charge. « Au début on se voyait seulement sur Teams. Débuter les contacts dans les organismes n’a pas été évident », confirme l’éducatrice. La patience de Laura a finalement été récompensée.

Elle participe maintenant chaque semaine à plusieurs activités avec le Regroupement pour l’Intégration Sociale de Charlevoix. Elle suit des cours au Service de Formation en Alphabétisation de Charlevoix, pour l’aider à mieux s’organiser, à être plus autonome.

Le Centre des femmes de Charlevoix l’a également accueilli et lui a même fait essayer le métier de réceptionniste. « Plusieurs organismes voient les personnes ayant une déficience intellectuelle comme des travailleurs potentiels », affirme Lise Lapointe.

Laura, entourée de Lise Lapointe, éducatrice spécialisée, et Marie-Michèle Labbé, éducatrice à l’Association ALTI. Photo courtoisie

Mais avant de penser au marché du travail, Laura veut réaliser des projets personnels. « Elle voulait faire un projet, mais elle ne savait pas trop quoi. Ce qui est ressorti était le bénévolat et l’implication communautaire », explique son éducatrice.

« C’est Laura elle-même qui a pensé à être porte-parole. Ce n’était pas rien. Il fallait qu’elle compose un texte de présentation, passer par un comité de sélection, etc. »

Laura n’en est pas à sa première implication pour une cause. Elle a réalisé cinq fois le Défi têtes rasées de Leucan. Peu de gens peuvent en dire autant! Et c’était de sa propre initiative, confirme Lise Lapointe.

« Je voulais aider les enfants malades de l’hôpital Sainte-Justine, où moi-même j’ai déjà été », explique Laura. « Elle a beaucoup d’empathie envers les autres. Beaucoup d’écoute et de respect », indique Marie-Michèle Labbé, éducatrice à l’association ALTI, qui sert une clientèle vivant avec une différence neurologique.

Laura lors d’un Défi têtes rasées, avec l’humoriste Dominic Paquet. Photo courtoisie

Si Laura a plusieurs causes à cœur, elle a aussi une grande passion : la natation. Avant son arrivée dans Charlevoix, elle a nagé à de nombreuses compétitions et a récolté une panoplie de médailles. Elle a même participé aux Jeux du Québec en 2014 et 2016.

Elle caresse maintenant un rêve : participer à de grandes compétitions. Elle aimerait obtenir des conseils et se trouver un entraîneur. Elle souhaite notamment rencontrer Annie Bouchard, directrice du Centre Communautaire Pro-Santé et athlète paracycliste émérite.

Ainsi, avoir une déficience intellectuelle impose peut-être des limites, mais n’empêche pas d’avoir une volonté de fer. « Quand ils s’engagent dans une cause, ils vont jusqu’au bout », conclut Lise Lapointe.

Laura en action lors d’une compétition de natation. Photo courtoisie

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