Grand rassemblement 2023: le tourisme autochtone «a le vent dans les voiles»

Pylônes électrique à Ottawa en fin de journée . énergie LDA électricité , Photo: Le Droit, Patrick Woodbury

Le tourisme autochtone est un vecteur économique considérable pour les communautés autochtones du Québec, mais c’est aussi le partage de la culture des Premières Nations qui en fait sa richesse et un pont important dans les efforts de réconciliation.


C’est ce qui est ressorti de l’une des discussions abordées vendredi lors du troisième Grand cercle économique régional des Peuples autochtones, événement qui marquait la fin du Grand rassemblement 2023, à Gatineau.

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Contrairement aux différents panels de jeudi, qui se sont tenus à huis clos, il était possible vendredi d’assister aux discussions portant sur les enjeux et le développement économique des Premières Nations et des municipalités. Parmi les sujets au cœur de ce développement, les intervenants ont abordé la question de l’innovation des Premiers Peuples, d’environnement et de développement durable, de même que du tourisme autochtone.

Le tourisme autochtone est d’ailleurs une «véritable source de rapprochement entre les peuples», selon Dave Laveau le directeur général de Tourisme Autochtone Québec

Une demande qui n’a jamais été aussi forte

Bien que la pandémie ait quelque peu freiné son élan, l’industrie du tourisme autochtone avait connu ses meilleurs chiffres dans les deux années précédant la pandémie. Ce sont plus d’1,2 million de visiteurs et 247 entreprises au Québec situées dans 40 des 55 communautés autochtones québécoises dans 18 régions touristiques. «C’est vraiment un secteur qui s’est réparti partout, du Nunavik à la Baie-James, en passant par des milieux plus urbains comme Wendake. C’est un secteur qui a le vent dans les voiles, explique M. Laveau. Ça répond à une demande marquée.»

À titre d’exemple, soutient-il, près de 63% des Français, 50% des Allemands et pas moins de 89% des Québécois veulent vivre une expérience autochtone au cours de la prochaine année. «Évidemment, ça a des vertus économiques, mais quel bel outil de rapprochement pour mieux se connaître entre autochtones et allochtones.»

Pour M. Laveau, le tourisme ne doit pas être étranger à la collaboration. Le tourisme pave la voie au partage culturel, à la collaboration entre les nations, ce qui mène ensuite au développement économique, puisque tourisme et économie sont étroitement liés. Tout passe par les bonnes pratiques, souligne-t-il.

Pour un néophyte de la culture autochtone, l’initiation peut se faire tout en douceur. Il n’y a pas de petit geste, a-t-il ajouté. «Par exemple, il n’y a pas de fin de semaine de mai à fin septembre ou il n’y a pas de pow-wow au Québec et je pense que pour ceux qui n’ont pas encore vécu une expérience autochtone, voici un excellent point de départ.»

Développer le tourisme autochtone en Outaouais

La directrice générale de Tourisme Outaouais, Julie Kinnear, soutient que l’Outaouais se trouve de son côté dans une phase de développement de son offre de tourisme autochtone et des relations en ce sens. «On veut être dans l’accompagnement, dans la consultation, le développement durable fait partie de nos priorités de développement, et ça, c’est en concert avec les priorités des communautés autochtones qui sont sur notre territoire. Il faut les consulter. On a une offre, mais on veut pouvoir en développer plus.»

Mme souligne que les discussions ont été entamées afin de trouver des idées pour accroître l’offre. «On devrait choisir quelques projets, un à la fois, pour voir comment ça se développe pour que les gens aient envie de participer avec nous. Il y a déjà une offre existante, mais on veut la développer. On peut faire la promotion de ce qui existe, mais je pense qu’on peut aller plus loin. [...] Pour moi, c’est un véhicule d’éducation, d’apprentissage et de rapprochement. et quelle belle plateforme de faire découvrir ces réalités-là que par le tourisme» , soulignant qu’elle souhaite avant tout un développement respectueux

Un événement «transformateur»

«[Le Grand rassemblement] nous a permis de voir qu’à travers le Québec, chaque communauté et chaque nation est à un endroit différent dans son processus de réconciliation», a souligné la mairesse de Gatineau, France Bélisle, au terme de l’événement, qui s’est conclu vendredi après-midi.

Mme Bélisle affirme avoir pris des notes de ce qui se faisait ailleurs durant les trois jours qu’a duré le Grand rassemblement, question d’apprendre et de mettre en application des bonnes pratiques à la région. «Ici, dans la région de l’Outaouais, on n’est pas encore rendus-là. On fait certains partenariats économiques, touristiques, mais on pourrait aller encore plus loin. Comme mairesse de Gatineau, j’ai pu voir des maires et des mairesses au Québec vers qui je peux me tourner pour aller puiser un peu d’expérience et d’expertise que je peux peut-être adapter ici, même chose pour les gens des communautés. [...] Je sors d’ici nourrie, challengée, comme allochtone, et ça, il faut le dire. Je m’identifie maintenant officiellement comme une ambassadrice de la réconciliation sociale, communautaire, culturelle, économique et j’invite [tout le monde] à porter la réconciliation à travers tout ce qu’on peut faire.»

Mme Bélisle dit d’ailleurs vouloir s’assurer que les efforts déployés au cours des derniers jours perdurent et ne soient pas relayés au second plan au cours des prochains mois. Le Chef de la Nation Kitigan Zibi Anishinabeg, Dylan Whiteduck, participera par exemple dans quelques semaines à un événement de l’Union des municipalités du Québec, en compagnie de la mairesse. «On a à changer, au sein de nos organisations, les structures pour que le changement perdure.»

«Je pense qu’on est arrivés à un nouveau plateau, croit de son côté le Chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard. «Il y a moins de résistance de la part des municipalités, plus de curiosité par rapport à une réalité qui est méconnue. Je pense que ça augure bien. C’est le genre d’espace pour qu’on puisse se parler franchement, se dire les vraies choses. Dans certaines situations, les municipalités peuvent se trouver entre l’arbre et l’écorce, l’arbre étant les Premières Nations, l’écorce étant le gouvernement qui développe des politiques qui peuvent avoir une incidence sur nous. Et je pense que c’est là que c’est important de s’assurer qu’on puisse aller chercher cette zone de confort.»

Le prochain Grand cercle économique régional des Peuples autochtones se tiendra en septembre prochain, à Sept-Îles, en collaboration avec la communauté de Uashat Mak Mani-Utenam.