Quid de l’itinérance dans la campagne électorale?

Les journalistes ont été accueillis par des manifestants arborant chacun, sur une pancarte, les enjeux du phénomène de l’itinérance.

Le Réseau Solidarité Itinérance Québec veut profiter de la campagne électorale en cours pour sensibiliser les candidats des divers partis et connaître les engagements de chacun pour réduire l’itinérance.


Jeudi matin, les candidats et les médias étaient invités place de l’Hôtel-de-Ville, à Trois-Rivières où une vingtaine d’intervenants de divers organismes du RSIQ étaient réunis. Plusieurs portaient des affiches pour mettre la table sur les sujets qui leur tenaient à cœur. Pour un, c’était le logement, pour l’autre la solidarité, un revenu décent, un droit de cité et la santé.

Après une très brève mise en contexte, le directeur général du RSIQ, Boromir Vallée Dore, a voulu laisser la parole aux candidats des divers partis. Seul le candidat de Québec Solidaire, Steven Roy Cullen, était présent à cette manifestation.

«C’est important que, pendant cette campagne électorale, on ne les oublie pas», a plaidé M. Vallée Dore en parlant des itinérants. Le thème de la démarche du Réseau est d’ailleurs Ne les oubliez pas.

Les candidats aux élections dans Trois-Rivières avaient été invités à l’activité de sensibilisation du Réseau Solidarité Itinérance du Québec, mais seul le candidat de Québec Solidaire, Steven Roy Cullen (à droite) s’est pointé. Le directeur général du RSIQ, Boromir Vallée Dore (à gauche), n’a pas caché sa déception face au désintérêt des partis politiques pour cet enjeu de société.

Or, en voyant qu’un seul candidat dans Trois-Rivières s’était pointé le nez à cette démarche de sensibilisation, le directeur du RSIQ a dit: «Il semble qu’on ait été oublié. Je trouve ça déplorable», d’autant plus que le Réseau «trouvait important que dans cette campagne, on établisse un dialogue avec les candidats et les candidates», dit-il.

Boromir Vallée Dore n’avait pas en main de données sur le taux d’itinérance au Québec ou en Mauricie, mais il a précisé qu’un nouveau portrait est sur le point d’être complété. Les dernières statistiques, dit-il, remontent à 2018. «Ce qu’on observe de nos membres, c’est qu’il y a une augmentation dans la demande et les besoins», précise-t-il.

Le phénomène, explique-t-il, «est difficile à circonscrire. Il y a une portion d’itinérance visible et une portion d’itinérance cachée. C’est pourquoi il faut des actions sur différents fronts, le revenu, le logement, l’accès aux soins de santé et un réseau de solidarité fort pour accueillir ces personnes-là», résume-t-il. «Il n’y a pas de recette miracle.»

«Il est de plus en plus difficile d’avoir un accès pour le logement. Les soins de santé, c’est difficile aussi pour les personnes en situation d’itinérance et il n’y a pas eu d’augmentation significative des chèques d’aide sociale malgré le fait que pour une grande proportion des personnes en situation d’itinérance, c’est leur principal revenu», souligne le directeur général en précisant qu’il manque 50 000 logements sociaux au Québec pour combler la demande.

Une vingtaine d’intervenants en itinérance étaient présents sur la place de l’Hôtel-de-Ville pour la manifestation.

«Ce qu’on identifie, dans notre analyse de la campagne actuellement, c’est que les enjeux des populations plus vulnérables n’ont pas été couverts par les partis politiques. On n’en entend pas parler», déplore le directeur général.

«Pour nous, c’est important de rappeler qu’en tant que société, ces personnes-là ont des droits au même titre que les autres citoyens. On espère qu’on va en parler davantage dans les semaines qui restent», dit-il.

«On a une politique nationale de lutte à l’itinérance au Québec, donc on se donne le rôle de rappeler aussi en tout temps aux différents ministères, aux différents partis politiques, que les éléments qui sont centraux dans cette politique-là sont d’agir de façon globale sur le droit des personnes, sur le revenu, la santé, l’éducation, le droit de cité et le logement», résume M. Vallée Dore.