Le Parti québécois peine à recruter des femmes

La députée de Gaspé, Méganne Perry Mélançon, est l’une des 17 femmes sur la ligne de départ aux prochaines élections pour le Parti québecois, qui est pour l’instant la formation politique avec le moins de candidats de sexe féminin,

À deux mois des élections au Québec, le recrutement des candidats bat son plein. Alors que les partis sont conscients de l’importance de présenter plus de femmes, le Parti québécois traîne de la patte en la matière.


Avec seulement 17 femmes sur 45 candidats (38 %) sur la ligne de départ, le Parti québécois (PQ) est pour l’instant la formation politique avec le moins de candidats de sexe féminin. C’est le seul parti hors de la zone paritaire (entre 40 % et 60 %).

Le PQ assure qu’il va remédier à la situation. «On sera dans la zone paritaire sans inquiétude avec nos 125 candidatures», affirme l’attachée de presse du parti Laura Chouinard-Thuly.

Selon le professeur au département de science politique de l’Université de Montréal André Blais, les femmes ne sont pas plus craintives que les hommes à l’idée de se lancer dans l’arène politique. «Les Québécoises n’ont pas une plus grande aversion à la compétition électorale que les hommes. Si on veut comprendre pourquoi il y a une sous-représentation des femmes dans certains partis, je pense qu’il faut regarder du côté du recrutement», soutient celui qui a piloté une étude sur l’intérêt des femmes à se lancer en politique.

En quatrième place vient le Parti conservateur du Québec (PCQ) avec 41 % de candidatures féminines. Le chef du parti Éric Duhaime a déjà dit qu’il considérait l’objectif de la parité hommes-femmes en politique comme de la «parure». «Je ne veux pas mettre d’objectif d’avoir des femmes pour des femmes. On ne veut pas de poteaux. C’est ridicule», avait affirmé Éric Duhaime en entrevue à La Presse Canadienne.

André Blais apporte une nuance quant à l’idée que les partis présenteraient des candidatures poteaux pour atteindre la parité. «Plusieurs études ont infirmé cette hypothèse, tout comme celle affirmant que les électeurs discrimineraient contre les femmes. Le taux de succès des femmes semble se comparer à celui des hommes. Il ne semble pas y avoir de biais électoral contre les femmes. Ce qui veut dire que les partis n’ont aucune raison de ne pas en présenter», explique-t-il.

Le Parti libéral se situe en troisième place avec 22 femmes sur 51 candidats (43 %). Québec solidaire quant à lui dépasse le 50 % de femmes avec 57 candidates féminines sur 108 candidats déclarés. La Coalition avenir Québec arrive en premier avec 54 % de femmes parmi leur équipe de candidats.

André Blais soutient qu’il est plus facile de recruter des candidats, qu’ils soient hommes ou femmes, lorsqu’on est le parti au pouvoir et qu’on a le vent dans les voiles. «Je ne pense pas que ce soit genré. Je pense que l’envie est probablement la même chez les hommes et chez les femmes», affirme celui qui est aussi titulaire de la Chaire de recherche en études électorales.

En zone paritaire

De manière générale, le recrutement des candidats se situe dans la zone paritaire. Sur les 385 candidats déclarés, 185 sont des femmes (48 %).

Lors de la dernière élection, 40 % des candidats étaient des femmes. En ce moment à l’Assemblée nationale, il y a 55 femmes sur 125 députés, ce qui représente 44 % des élus au Salon bleu.

«Je pense que c’est assez clair que la parité est perçue comme un objectif louable. Clairement, on tente de l’atteindre un peu plus qu’avant. C’est peut-être devenu une espèce de norme. Ce qui représente un changement important par rapport à ce qui se passait il y a 20 ou 25 ans», constate André Blais.

Peu de candidats au PQ

En plus d’avoir le plus bas pourcentage de femmes, le PQ est aussi le parti qui traîne le plus de la patte en termes de recrutement. La formation souverainiste compte seulement 45 candidats sur 125 à deux mois des élections.

Le PLQ tire lui aussi un peu de l’arrière avec seulement 51 candidats sur la ligne de départ. Le PCQ devance les deux vieux partis avec 69 candidats recrutés. Lors de la dernière élection, le parti en avait présenté 101. 

Il ne manque que 17 candidats à Québec solidaire pour avoir une équipe complète. La CAQ, quant à elle, est pratiquement à pleine capacité avec 112 candidatures déclarées.